A Vaulx-en-Velin, le personnage Kelkal intrigue toujours

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Khaled Kelkal a grandi dans cette ville de la banlieue est de Lyon. Vingt ans après les attentats de 1995, le terroriste islamiste y est perçu comme une énigme… Son souvenir a été ravivé par le récent démantèlement d’une filière djihadiste.
Faites remarquer à Hélène Geoffroy, 45 ans, la députée-maire de Vaulx-en-Velin, que, vingt ans après les faits, de larges pans de l’affaire Khaled Kelkal ont été oubliés, et l’édile vous répond, dans un sourire : « Tant mieux ! Je regrette qu’on soit encore en train de remettre l’affaire Kelkal sur le tapis, comme si Vaulx-en-Velin n’était que cela. »

En 1995, alors qu’une série d’attentats terrorisait la France, la première maire non communiste de la cité vaudaise n’était encore qu’une étudiante de l’Ecole polytechnique, loin des cités du Mas-du-Taureau ou de la Grappinière. Elle se rappelle le choc du 25 juillet : ce jour-là, en plein centre de Paris, une bombe explosait dans le RER B, à la station Saint-Michel, faisant 8 morts et 117 blessés. « Le RER B, c’était ma ligne, celle qui conduit à Palaiseau, où se trouve Polytechnique. Je me souviens de ma peur. On se disait qu’il allait falloir apprendre à vivre avec la police, l’armée, dans les rues et les transports », raconte Hélène Geoffroy.

de TGV, Paris-Lyon. Elle portait les empreintes de Kaheld Kelkal, 24 ans. L’avis de recherche diffusé quelques jours plus tard par la police allait faire de ce délinquant de Vaulx-en-Velin le premier terroriste islamiste made in France connu du public. « A l’époque, c’est l’incompréhension qui l’a emporté : comment la République a-t-elle pu produire des terroristes comme Kelkal ? Qu’est-ce qu’on a raté ? » Vingt ans plus tard, Hélène Geoffroy se retrouve en première ligne pour tenter de répondre à ces questions. « Il fallait d’abord sortir Vaulx-en-Velin du ghetto, poursuit l’édile. Depuis 1995, le centre-ville a été réaménagé, des tours ont été démolies, et vous devriez visiter le planétarium… »
Mais même au-dessus du « dôme-écran géant », qui vous propulse « aux confins de l’univers », continue de planer un fantôme encombrant : « Kelkal aurait peut-être été oublié, s’il n’y avait pas eu Mohammed Merah, les frères Kouachi et les autres. C’est comme une affaire qui se répète sans cesse », constate Boualem Azahoum, 47 ans, un vétéran de tous les combats citoyens de l’Est lyonnais.
Dans la foulée des émeutes urbaines de 1990 puis de l’affaire Kelkal, des collectifs citoyens comme Agora ou DiverCité avaient vu le jour. Ils sont aujourd’hui moribonds. « Il y a eu une forme de désillusion par rapport à la politique. Sur le terrain, ce sont les associations sociales qui ont pris le relais », explique sans nostalgie Boualem Azahoum.
Au 16, avenue Eugène-Henaff, juste à côté d’un supermarché halal, se trouvent les locaux de l’association AVEC (Association vaudaise pour l’entraide dans la cité). Chaque semaine, plus de 400 familles, de toutes origines et confessions, viennent y remplir leur caddie pour une dizaine d’euros. « En plus de l’épicerie sociale, nous avons aussi ouvert un espace de remise en forme et un salon de coiffure. L’estime de soi, ça compte autant que la nourriture », explique son président Mahmoud Kalkoul, 42 ans. Ancien président des Jeunes musulmans de France (JMF), il a bien connu Khaled Kelkal. « Pour les jeunes d’aujourd’hui, l’affaire Kelkal, c’est de la préhistoire. Et pour nous, vingt ans plus tard, la transformation si soudaine de Khaled en terroriste reste encore un mystère. »

Dietmar Loch, un sociologue allemand qui avait longuement interrogé Khaled Kelkal, trois ans avant sa dérive terroriste, tente, lui, un diagnostic, qui dépasse largement le cadre de Vaulx-en-Velin : « Nos sociétés européennes produisent des djihadistes par le chômage, les discriminations raciales et la ségrégation urbaine. Et aujourd’hui, Le 26 août, une bouteille de gaz au détonateur intact était trouvée le long de la ligne
dans un contexte transnational, l’offre idéologique de Daech et d’Al-Qaida a remplacé celle du GIA (Groupe islamique armé). »
Il y a un an, le 20 septembre 2014, cinq personnes, tous membres d’une même famille de Vaulx-en-Velin, étaient mises en examen et écrouées. Elles sont soupçonnées d’avoir mis en place une filière de djihadistes français vers la Syrie et auraient projeté d’enlever des personnalités juives (une hypothèse évoquée, le 11 mai 2015 dans Le Figaro, par François Molins, procureur de la République de Paris). A la grande mosquée de Lyon, le recteur Kamel Kabtane commente : « Malheureusement, il y a toujours une petite minorité très agissante et visible qui veut en découdre. Mais la très grande majorité des musulmans continuent de pratiquer un islam modéré, tolérant. » Devant l’entrée du lieu sacré, quatre militaires lourdement armés montent la garde. Ils agissent dans le cadre du plan Vigipirate, en vigueur pratiquement sans aucune interruption depuis son déclenchement, le 7 septembre 1995, en pleine affaire Kelkal.
• Jean-Philippe Leclaire
source :

http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2015/09/18/a-vaulx-en-velin-le-personnage-kelkal-intrigue-toujours_4762281_4497186.html

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3 Commentaires

  1. Romingo dit :

     » Nos sociétés européennes produisent des djihadistes par le chômage, les discriminations raciales et la ségrégation urbaine. » Il peut prestement tenter de féconder sa génitrice cette engeance du démon ?
    Waaa en tout cas « le Monde » est une poubelle sans nom…

  2. roni dit :

    trop facile la discrimination le pauvre il a ete eleve dans une cite sensible il etait au chomage etc..
    n importe quoi les plus grands terroristes sont des hommes instruits
    ex BEN LADEN, MAHMOUD ABBAS,…

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