Attentats de Paris: ces détails sur la cavale d’Abdeslam qui éclairent l’enquête

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D’où provenait cette photo de Salah Abdeslam grimé avec une perruque? Pourquoi a-t-on cru qu’il s’était caché dans une armoire? Près de huit mois après les attentats de Paris, plusieurs interrogations, en apparence anodines, ont désormais une réponse.
Une intense chasse à l’homme menée dans toute l’Europe. Des enquêteurs sous pression et à l’affût du moindre indice, épuisés au point de dormir « sur des matelas de fortune, dans leurs bureaux », selon les termes d’un policier belge. Des milliers de rumeurs ou fausses pistes à examiner et démonter. Les 127 jours de cavale de Salah Abdeslam, logisticien présumé des attentats du 13 novembre, ont mis les nerfs de la France et de la Belgique à rude épreuve.
Près de quatre mois après l’arrestation du djihadiste à Molenbeek, huit mois après les massacres de Paris, plusieurs zones d’ombre apparues au cours de cette traque sans précédent ont été levées. En interrogeant des sources proches de l’enquête, française et belge, et l’entourage de Salah Abdeslam, L’Express a pu passer au crible les questions qui ont semblé, dans le rythme effréné de l’époque, secondaires. Leurs réponses se révèlent en réalité instructives.

D’où vient la photo de Salah Abdeslam grimé grossièrement?
Le 19 novembre, aux premiers jours de la traque, le Daily Mail publie une photographie en noir et blanc d’un homme coiffé avec une coupe au bol et portant de grosses lunettes. Le tabloïd britannique présente le cliché comme celui issu d’un avis de recherche de Salah Abdeslam émis par la police française, suggérant que le logisticien présumé s’est grimé pour voyager incognito. « Est-ce le djihadiste fugitif de Paris déguisé? », titre le journal.
A l’époque, les autorités françaises ne font aucun commentaire. Et pour cause: il s’agit bien d’un cliché de Salah Abdeslam mais antérieur à sa cavale. « Il est issu d’un lot d’une dizaine de photos retrouvées chez un faussaire, qui confectionnait de fausses pièces d’identité », explique une source policière belge, confirmant une information du Monde.
Contrairement à d’autres membres des commandos de Paris et Bruxelles, le logisticien présumé n’a toutefois pas utilisé de documents contrefaits pour louer des appartements ou des voitures. « Sa photo a été retrouvée dans un format de micropellicule, ce qui explique sa mauvaise qualité. Il y en avait également d’Ahmed Dahmani [ami de Salah Abdeslam, arrêté en Turquie, NDLR] », poursuit notre source.
La commande du djihadiste n’est-elle pas arrivée à temps? Toujours est-il que c’est en démantelant cette filière que les enquêteurs ont pu découvrir sa planque de Forest: elle avait été louée par l’un des frères El Balkraoui, kamikaze de Bruxelles, sous un nom d’emprunt.
Comment est née la légende de l’armoire?
Le 16 décembre, après un mois d’une chasse à l’homme haletante, la RTBF indique que Salah Abdeslam s’est caché à Molenbeek et a pris la poudre d’escampette le 16 novembre à l’aube, au nez et à la barbe des enquêteurs, en se cachant dans une armoire. La chaîne explique que les policiers n’ont pas pu l’interpeller en raison de la loi belge sur les perquisitions, qui ne peuvent avoir lieu qu’à partir d’une certaine heure.
Dès janvier, L’Express apportait un démenti à cette information. En réalité, la rumeur est venue d’un informateur local qui a émis l’hypothèse selon laquelle le fugitif aurait pu profiter d’un déménagement de son ami Ayoub Bazarouj pour changer de planque. En Belgique, les procédures sont très strictes concernant les potentielles informations venant de l’extérieur: tout est retranscrit et consigné. Le document a fuité puis a été interprété hâtivement.
Les enquêteurs ont depuis acquis la conviction que Salah Abdeslam ne se trouvait pas, durant cette période, à Molenbeek mais à Schaerbeek. Il n’aurait quitté sa planque qu’en décembre pour celle de Forest, et à bord d’un taxi et non dans meuble, selon ses premières déclarations.
Comment le fugitif s’est-il nourri durant les quatre mois?
La question peut paraître en apparence triviale mais elle illustre la facilité avec les djihadistes ont pu vivre « en colocation » sans attirer les suspicions. Salah Abdeslam est soupçonné d’avoir séjourné la plus grande partie de sa cavale dans l’appartement de Forest avec d’autres complices, dont Mohamed Belkaïd, « caution religieuse » du groupe. Le logement n’ayant pas été placé sous surveillance, les enquêteurs en sont réduits à des hypothèses sur la manière dont ils ont vécu pendant des mois.
Durant ses quatre mois de cavale, Salah Abdeslam a séjourné dans au moins trois planques de Belgique, à Schaerbeek, à Forest et à Molenbeek.
REUTERS/VTM
D’où provenait cette photo de Salah Abdeslam grimé avec une perruque? Pourquoi a-t-on cru qu’il s’était caché dans une armoire? Près de huit mois après les attentats de Paris, plusieurs interrogations, en apparence anodines, ont désormais une réponse.
Une intense chasse à l’homme menée dans toute l’Europe. Des enquêteurs sous pression et à l’affût du moindre indice, épuisés au point de dormir « sur des matelas de fortune, dans leurs bureaux », selon les termes d’un policier belge. Des milliers de rumeurs ou fausses pistes à examiner et démonter. Les 127 jours de cavale de Salah Abdeslam, logisticien présumé des attentats du 13 novembre, ont mis les nerfs de la France et de la Belgique à rude épreuve.
Près de quatre mois après l’arrestation du djihadiste à Molenbeek, huit mois après les massacres de Paris, plusieurs zones d’ombre apparues au cours de cette traque sans précédent ont été levées. En interrogeant des sources proches de l’enquête, française et belge, et l’entourage de Salah Abdeslam, L’Express a pu passer au crible les questions qui ont semblé, dans le rythme effréné de l’époque, secondaires. Leurs réponses se révèlent en réalité instructives.
D’où vient la photo de Salah Abdeslam grimé grossièrement?
Le 19 novembre, aux premiers jours de la traque, le Daily Mail publie une photographie en noir et blanc d’un homme coiffé avec une coupe au bol et portant de grosses lunettes. Le tabloïd britannique présente le cliché comme celui issu d’un avis de recherche de Salah Abdeslam émis par la police française, suggérant que le logisticien présumé s’est grimé pour voyager incognito. « Est-ce le djihadiste fugitif de Paris déguisé? », titre le journal.
A l’époque, les autorités françaises ne font aucun commentaire. Et pour cause: il s’agit bien d’un cliché de Salah Abdeslam mais antérieur à sa cavale. « Il est issu d’un lot d’une dizaine de photos retrouvées chez un faussaire, qui confectionnait de fausses pièces d’identité », explique une source policière belge, confirmant une information du Monde.
Contrairement à d’autres membres des commandos de Paris et Bruxelles, le logisticien présumé n’a toutefois pas utilisé de documents contrefaits pour louer des appartements ou des voitures. « Sa photo a été retrouvée dans un format de micropellicule, ce qui explique sa mauvaise qualité. Il y en avait également d’Ahmed Dahmani [ami de Salah Abdeslam, arrêté en Turquie, NDLR] », poursuit notre source.
La commande du djihadiste n’est-elle pas arrivée à temps? Toujours est-il que c’est en démantelant cette filière que les enquêteurs ont pu découvrir sa planque de Forest: elle avait été louée par l’un des frères El Balkraoui, kamikaze de Bruxelles, sous un nom d’emprunt.
Comment est née la légende de l’armoire?
Le 16 décembre, après un mois d’une chasse à l’homme haletante, la RTBF indique que Salah Abdeslam s’est caché à Molenbeek et a pris la poudre d’escampette le 16 novembre à l’aube, au nez et à la barbe des enquêteurs, en se cachant dans une armoire. La chaîne explique que les policiers n’ont pas pu l’interpeller en raison de la loi belge sur les perquisitions, qui ne peuvent avoir lieu qu’à partir d’une certaine heure.
Dès janvier, L’Express apportait un démenti à cette information. En réalité, la rumeur est venue d’un informateur local qui a émis l’hypothèse selon laquelle le fugitif aurait pu profiter d’un déménagement de son ami Ayoub Bazarouj pour changer de planque. En Belgique, les procédures sont très strictes concernant les potentielles informations venant de l’extérieur: tout est retranscrit et consigné. Le document a fuité puis a été interprété hâtivement.
Les enquêteurs ont depuis acquis la conviction que Salah Abdeslam ne se trouvait pas, durant cette période, à Molenbeek mais à Schaerbeek. Il n’aurait quitté sa planque qu’en décembre pour celle de Forest, et à bord d’un taxi et non dans meuble, selon ses premières déclarations.

Comment le fugitif s’est-il nourri durant les quatre mois?
La question peut paraître en apparence triviale mais elle illustre la facilité avec les djihadistes ont pu vivre « en colocation » sans attirer les suspicions. Salah Abdeslam est soupçonné d’avoir séjourné la plus grande partie de sa cavale dans l’appartement de Forest avec d’autres complices, dont Mohamed Belkaïd, « caution religieuse » du groupe. Le logement n’ayant pas été placé sous surveillance, les enquêteurs en sont réduits à des hypothèses sur la manière dont ils ont vécu pendant des mois.
« Il semble que le modèle était similaire à Verviers [cellule terroriste démantelée dans laquelle gravitait Abdelhamid Abaaoud, NDLR]. Pendant que les autres se terraient, l’un allait régulièrement faire les courses dans le quartier proche et ramenait des vivres », avance notre source policière belge. « En observant deux ou trois jours la dernière planque de Molenbeek, il est apparu que Salah Abdeslam disposait de relais assez importants, des proches et ceux qui l’hébergeaient, chargés de lui trouver de quoi se nourrir », ajoute une autre source proche de l’enquête. Des vivres ont ainsi été retrouvées dans la cave où il vivait au moment de son arrestation.
Contrairement à ce que l’on a longtemps cru, le logement de Forest a disposé, pendant au moins une période de la cavale du fugitif, de l’électricité. Les voisins du dessous, des « Asiatiques discrets », affirment n’avoir jamais rien remarqué d’étrange. Une partie du quartier était en travaux, ce qui a pu facilité la vie en clandestinité du groupe.
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Pourquoi les funérailles de Brahim Abdeslam ont-elles été filmées?
La veille de l’interpellation de Salah Abdeslam, son frère aîné Brahim, kamikaze des commandos des terrasses, est enterré dans la banlieue de Bruxelles. Un pur hasard du calendrier. La cérémonie se déroule en présence d’Abid Aberkan, cousin et dernier logeur du fugitif, ce qui donne lieu à un certain nombre de spéculations. Sur les photos prises par les journalistes, les médias belges notent ainsi que l’un des participants filme la procession avec un téléphone. La RTBF émet les hypothèses selon lesquelles les images doivent être montrées à Salah Abdeslam, alors encore en fuite, ou être transmises à l’organisation Etat islamique (EI).

Interrogée, la famille Abdeslam apporte une toute autre explication. « Dans la religion musulmane, il est déconseillé voire interdit aux femmes de participer aux enterrements. La mère de Salah et de Brahim voulait que la cérémonie soit filmée pour dire un dernier au revoir à son fils. Elle n’a pas vu sa dépouille à l’institut médico-légal », explique-t-on.
Les clichés montrent en effet que l’assistance était exclusivement masculine. La famille dément également qu’Abid Aberkan ait discrètement indiqué qu’il logeait Salah Abdeslam au cours des funérailles. Elle confirme, en revanche, que plusieurs participants ont été arrêtés et brièvement entendus par les policiers à la sortie.
Source :
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/attentats-de-paris-ces-details-sur-la-cavale-d-abdeslam-qui-eclairent-l-enquete_1809412.html