Emmanuel Bourdieu filme une confrontation musclée entre Céline l’antisémite et son bienfaiteur juif…

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« Louis-Ferdinand Céline – Deux clowns pour une catastrophe » : Voyage au bout de la folie

Après avoir fui la France en 1944, Louis-Ferdinand Céline trouve refuge au Danemark. Emprisonné pendant 17 mois, il est libéré grâce à une pétition américaine signée notamment par Henry Miller. Assigné à résidence à Korsør, sur une petite île, il vit modestement avec son épouse Lucette et son chat Bébert. En 1948, son bienfaiteur, l’instigateur de cette pétition, vient lui rendre visite. Professeur d’université américaine, admirateur fervent du romancier,

Milton Hindus a l’intention de raconter dans un livre cette rencontre étonnante entre un juif américain et un antisémite français. Publié en 1950, « Le géant infirme » servira plus tard au procès de Céline, l’auteur estimant qu’il fut seulement « moralement responsable » de collaboration et d’antisémitisme, mais pas juridiquement…
Depuis l’échec cuisant d’ »Intrusions », polar psychologique complètement raté en 2007, Emmanuel Bourdieu n’avait pas retrouvé le chemin du grand écran. Entretemps, en 2011, le fils du sociologue Pierre Bourdieu a signé le téléfilm « Drumont, histoire d’un antisémite français », avec son vieux complice Denis Podalydès dans le rôle d’Edouard Drumont, journaliste antidreyfusard et fondateur de la Ligue nationale antisémitique de France. Avec « Céline », il poursuit donc cette exploration de l’antisémitisme français à travers l’une de ses figures les plus sulfureuses. Auteur de pamphlets scandaleux, Louis Ferdinand Destouches est pourtant, aussi, un génie de la littérature, qu’il a marquée de son empreinte avec « Voyage au bout de la nuit » en 1932 et « Mort à crédit » en 1936. C’est ce double mouvement de fascination et de répulsion qui anime tant Hindus que Bourdieu. Et qui permet au film de ne pas verser dans une diabolisation facile de l’auteur de « Bagatelles pour un massacre ». Construit comme une pièce de théâtre, « Céline » met en scène le dialogue entre trois personnages : l’auteur, sombrant de plus en plus dans la paranoïa et la folie, le visiteur curieux et de plus en plus mal à l’aise face à l’objet de son désir, et Lucette, la femme qui tente d’arrondir les angles.

Dans ce huis clos situé dans cette petite chaumière danoise, le jeu de Denis Lavant est tout simplement fascinant. Excentrique, évidemment, outrancier, cela va de soi. Et pourtant, génial dans cette façon de s’approprier le personnage, de rendre à la fois son génie, ses fulgurances mais aussi sa médiocrité et sa haine maladive pour les juifs, qui ressort à la surface presque malgré lui. Face à ce Lavant éblouissant, Géraldine Pailhas est au contraire dans la retenue pour camper une femme aimante et discrète. Mais avec suffisamment d’ambiguïté dans le regard pour créer le trouble et le mystère…
Source :
http://www.lalibre.be/culture/cinema/louis-ferdinand-celine-deux-clowns-pour-une-catastrophe-voyage-au-bout-de-la-folie-5728655935702a22d6feb8d4

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