Le terroriste des Champs-Elysées, Karim Cheurfi, était radicalisé depuis quinze ans

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Bien avant la création du groupe terroriste Daech, dont il s’est revendiqué, Karim Cheurfi avait commencé sa radicalisation en prison. Sans être considéré comme une menace sérieuse à l’époque.
Près de sept moisaprès l’attentat qui a coûté la vie au policier Xavier Jugelé sur les Champs-Elysées, l’enquête permet de révéler que le terroriste Karim Cheurfi s’est radicalisé en prison, il y a quinze ans, au contact d’un homme impliqué dans un projet d’attentat contre la cathédrale de Strasbourg (Bas-Rhin). Il est ensuite passé sous les radars. Malgré des alertes concrètes et une dérive confirmée depuis par l’audition de plusieurs de ses proches.

Le 20 avril, à 20h47, au 102, avenue des Champs- Elysées, Cheurfi se gare à côté d’un fourgon de police. Armé d’un fusil d’assaut Zastava, il s’approche du conducteur et ouvre le feu à deux reprises à travers le pare-brise, touchant mortellement Xavier Jugelé, 37 ans,

au cou et à la tête. Il blesse un second fonctionnaire avant d’être abattu. Dans sa main, il serre une lettre annonçant son allégeance à Daech. L’attentat sera revendiqué peu après par le groupe terroriste.

«Il disait déjà en 2009 qu’il aimerait mourir en martyr»

Décrit comme dépressif, solitaire, immature et violent, Cheurfi est animé par une haine viscérale des policiers, qu’il va cultiver en prison. Plus précisément entre 2002 et 2003, à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), où il est incarcéré pour avoir tenté déjà, à deux reprises, de tuer des fonctionnaires. «Il a commencé à me parler de faire la salat (la «prière»). Puis on lui apportait des livres religieux dont il nous donnait les références et qu’on allait chercher dans des librairies spécialisées», a confié son père aux enquêteurs. Une transformation passée inaperçue au sein de la maison d’arrêt qui ne le classe pas parmi les détenus prosélytes. Il y fréquente pourtant Slimane Khalfaoui, l’un des coauteurs du projet d’attentat à l’explosif visant la cathédrale de Strasbourg et le marché de Noël, en décembre 2000.

Les années passant, sa pratique religieuse devient plus rigoureuse, presque obsessionnelle. Son père raconte qu’il ne sort plus de chez lui et passe ses journées à jouer à des jeux vidéo. «Durant les deux derniers mois, il avait une vision de la vie négative, il disait qu’il valait mieux mourir en martyr que de vivre comme, selon ses termes, les mécréants, ajoute son père. Il disait déjà en 2009 qu’il aimerait mourir en martyr. Quand il a été arrêté un mois avant l’attentat, il m’a dit : « Ils me lâchent pas, ils vont bientôt voir ». Il me l’a dit deux fois. Il répétait qu’il ne voulait pas retourner en prison.»

En décembre 2016, deux événements conduisent les services de renseignement à s’intéresser enfin à Cheurfi. Le 24 décembre, il est 23 heures dans les quartiers Nord de Marseille (Bouches-du-Rhône) lorsqu’il aborde deux inconnus. Il leur demande d’aller chercher sa voiture au bout de la rue car une bande de voyous lui en voudrait. Il donne sa clé de voiture au premier pour qu’il lui ramène son Audi A4 et il confie un secret au deuxième homme : «Je vais tuer des flics, pas des hommes, pas des femmes, ni des enfants.» Son interlocuteur lui fait remarquer que ce n’est pas autorisé par l’islam et Cheurfi de répondre : «Tu as vu ce qu’ils font en Syrie ?» avant de s’enfuir.

Des couteaux et des masques achetés sur Internet

Second épisode à Montfermeil (Seine-Saint-Denis), trois jours plus tard. Le 27 décembre, à 13h30, il attire l’attention des fidèles de la mosquée en ne faisant pas entièrement la prière. Il leur demande où il peut trouver Slimane Khalfaoui, connu de tous ici pour être parti faire le djihad en Syrie. Il demande aussi de l’aide pour trouver des armes. Alertés, les enquêteurs de la police judiciaire de Meaux découvrent qu’il a acheté deux couteaux de chasse, une caméra GoPro, deux masques de «Scream» et de hockey sur un site Internet.
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Cheurfi est interpellé le 23 février dernier à Meaux (Seine-et-Marne), alors qu’il se rend au service d’insertion et de probation. Lors de sa garde à vue, il soutient qu’il était à Marseille pour «pêcher au filet dans le port». Il dormait dans sa voiture avant d’être agressé pas une bande de voyous. Il nie avoir confié ses intentions de meurtre de policiers à l’homme qui l’a aidé à récupérer sa voiture. De même pour la mosquée, il assure qu’il voulait voir Slimane Khalfaoui pour le saluer et assure que son seul projet est de travailler et de fonder une famille.

En l’absence de signe apparent de radicalisation, notamment après l’exploitation de ses ordinateurs, le parquet de Meaux ordonne sa remise en liberté, avant de transmettre le dossier au parquet antiterroriste de Paris qui ouvre une enquête pour entreprise terroriste individuelle. Il charge, le 9 mars, la Direction générale de la sécurité intérieure de poursuivre les investigations. «C’est un traitement classique et habituel, précise-t-on au parquet de Paris, dans ce type d’affaire.» Quarante jours plus tard, Cheurfi abat Xavier Jugelé sur les Champs- Elysées.

«Je ne veux pas gâcher ma vie et finir en prison»

Quinze jours avant l’attaque, Cheurfi était dans le bureau d’un juge d’application des peines de Meaux. Une convocation datée du 7 avril pour le rappeler à ses obligations, après plusieurs entorses à son contrôle judiciaire. En juillet 2016, il était parti, sans prévenir à Bordeaux, pour «les vacances et faire les vendanges».

Entre janvier et février 2017, nouvelle entorse, il va en Algérie se marier religieusement avec une cousine. Devant le juge, il se dit heureux de ce nouveau départ, cherche du travail et suit des soins psychiatriques. Un discours démenti depuis par les faits et par les auditions de son entourage. La dissimulation est une habitude pour Cheurfi. Lorsque le juge fait allusion à sa garde à vue de février pour «menace de crime sur les policiers», le futur tueur des Champs-Elysées rétorque : «Je n’ai rien fait. Je ne veux pas gâcher ma vie et finir en prison.»
Source :
http://www.leparisien.fr/faits-divers/le-terroriste-des-champs-elysees-karim-cheurfi-etait-radicalise-depuis-quinze-ans-18-10-2017-7338804.php

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