Pourquoi la dictature iranienne est-elle traitée avec tant d’indulgence ?

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Certaines réactions à l’agression du célèbre auteur Salman Rushdie illustrent la complaisance de la gauche médiatique pour le régime des mollahs, dénonce notre chroniqueur Gilles-William Goldnadel.
Par Gilles-William Goldnadel
Depuis qu’il a publié ses Versets sataniques Salman Rushdie est l’objet d’une fatwa de l’ayatollah Khomeini. Les successeurs de celui-ci l’avaient mise sous le boisseau, mais le dernier en date, Khamenei, l’avait à nouveau considérée d’actualité. Notons d’ores et déjà que celui-ci, plutôt que d’être taxé d’extrémiste en vertu de sa réputation bien établie, a été étiqueté de « conservateur » par la presse française bien-pensante.

D’ailleurs, les nationalistes iraniens ne sont jamais « d’extrême droite » comme à Rio ou à Rome, ils sont tout au plus « ultra-conservateurs ». Et un correspondant de presse n’a jamais aperçu un « faucon » voler dans le ciel de Téhéran, contrairement aux oiseaux de proie qu’il peut observer dans les cieux de Washington ou Tel Aviv.
Donc, c’est Hadi Matar, un sympathisant du régime des mollahs, vivant aux États-Unis, qui a attenté gravement à la vie et à l’intégrité physique du courageux intellectuel indien, en conformité avec la fatwa revigorée. La presse « conservatrice » de Téhéran exulte.
Deux jours auparavant, un Gardien de la Révolution iranien était poursuivi par la justice américaine pour avoir fomenté un assassinat contre John Bolton, diplomate très opposé aux menées iraniennes. La semaine dernière, les Israéliens guerroyaient avec le Djihad islamique de Gaza dont le leader politique était à Téhéran.
A ce stade, encore une observation de vocabulaire : bien que le mouvement précité soit classé comme « terroriste » par tous les Etats démocratiques, le Monde s’évertue à le considérer de manière plus euphémique comme un « mouvement armé ».
Depuis des années, l’Etat iranien fait régner la terreur à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières. A l’intérieur, il pend ou enferme les journalistes, les homosexuels et les artistes. Ainsi, le grand cinéaste Jafar Panahi est-il en prison sans que ce monde artistique si courageux et généreux ne s’en émeuve grandement. Ainsi encore, la merveilleuse avocate Nasrin Satoudeh a-t-elle été emprisonnée pour avoir osé pénétrer sans voile dans un tribunal, sans que le monde féministe et progressiste occidental ne s’en offense vraiment.
A l’extérieur, et sans même évoquer la mainmise du Hezbollah sur le Liban sous sa férule, les islamistes iraniens ont commis deux attentats dévastateurs contre des institutions juives à Buenos Aires causant plus de cent morts. Un juge argentin trop courageux a été assassiné dans une froide indifférence du pouvoir en place et des journalistes internationaux.

Quant à l’attentat contre Rushdie, nos Insoumis, ordinairement bouillants, ont rivalisé dans les communiqués à l’eau tiède…
En France même, à Villepinte, le pouvoir à Téhéran a organisé un attentat à la bombe contre sa principale organisation d’opposants. Un des auteurs a été condamné par la justice belge. Qui s’offusque que l’Etat belge, avec l’assentiment passif de l’Europe si intransigeante paraît-il, s’apprête à l’échanger contre un des otages judiciaires que Téhéran s’applique à capturer, dont parmi eux plusieurs Français ?
J’en arrive à l’apathie politique et médiatique. On passera rapidement sur l’attitude de l’extrême gauche insoumise. Son islamo-gauchisme idéologique et électoraliste est suffisamment documenté. Lors du conflit entre Israël et le Djihad islamique, ses représentants vibrionnants (Autain, Guiraud, Panot et consorts) ont vilipendé Israël le samedi soir quand ils ont espéré que l’Etat juif était à l’origine de la mort de six enfants à Gaza mais sont restés mutiques le dimanche matin, lorsqu’il s’est avéré que c’était le Djihad pro-iranien qui avait envoyé par maladresse un missile sur la population de Gaza.
Quant à l’attentat contre Rushdie, nos Insoumis, ordinairement bouillants, ont rivalisé dans les communiqués à l’eau tiède dans lesquels le vocable « islamiste » était proscrit.
Mais plus généralement, le régime iranien fait l’objet d’une indulgence remarquable. J’invite, par exemple, mes lecteurs à consulter le compte Twitter de Benjamin Barth, correspondant du Monde au Proche-Orient. Ils y trouveront des centaines de gazouillis d’un antisionisme de la meilleure eau. Ils n’en trouveront pas un seul contre les mollahs de Téhéran.
Par comparaison, la presse bien-pensante se montre, à juste titre, sévère envers l’Arabie saoudite. La visite de son homme fort en Occident, responsable probable de l’assassinat d’un journaliste en Turquie, a fait l’objet de commentaires au vitriol. Mais le prince ben Salmane a également amélioré le sort des femmes dans son pays. Et il fait montre à l’égard d’Israël de moins d’agressivité.
C’est dans le creux de ces constatations qu’habite l’explication. Dans l’inconscient de l’idéologie médiatique, soumise encore à l’extrême gauche, un régime qui a juré la destruction de l’Etat juif occidentalisé ne peut pas être tout à fait détesté.
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[Goldnadel] Pourquoi la dictature iranienne est-elle traitée avec tant d’indulgence ?

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  1. Paul06 dit :

    Une réponse possible: la lâcheté des diplomates, journalistes, droitsdelhommismes… et leurs petits intérêts.

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