Réponse à Gérard Miller

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François Heibronn a voulu réagir à une tribune sur Mélenchon et l’antisémitisme publiée jeudi sur le site de «Libération».

J’avais le sentiment d’avoir dit ce que j’avais à dire concernant Monsieur Mélenchon et ses complaisances à l’endroit des discours de haine dans une tribune publiée par la Règle du jeu.
Et je n’avais, à vrai dire, pas l’intention d’y revenir.
D’autant que la France doit à nouveau affronter, en cette fin de campagne, sur son sol, l’horreur du terrorisme islamiste qui frappe une nouvelle fois la police et que cela éclipse bien des débats.
Le problème c’est qu’en réaction à ma tribune, Monsieur Gérard Miller s’est senti obligé de défendre Jean-Luc Mélenchon en déformant mes propos et qu’il me contraint, ce faisant, à quelques remarques supplémentaires.
J’avais souhaité, dans cette tribune, rappeler, à la veille d’une élection déterminante pour l’avenir de notre République, les complaisances répétées du candidat de La France insoumise vis-à-vis de certains actes antisémites commis en France sous couvert de manifestations en faveur de la cause palestinienne.
Monsieur Miller évoque pour cette défense un subtil distinguo entre les manifestations pro palestiniennes de l’été 2014 à Paris et les attaques anti-juives de Sarcelles. Monsieur Mélenchon n’aurait soutenu que les premières, qui auraient été pacifiques. La vérité, qu’ignore peut-être de bonne foi Monsieur Miller, est qu’en cet été brûlant la violence antisémite était partout et sous toutes ses formes à Paris comme à Sarcelles.

Un rapide rappel des faits, rien que les faits.
Le 13 juillet 2014, lors de la première manifestation de soutien à Gaza près de la Bastille (à Paris donc), des banderoles associant l’étoile de David et la croix gammée étaient brandies. Des caricatures antisémites défilaient. Des appels au djihad étaient proférés. Des maquettes de faux missiles s’élevaient aux dessus des manifestants qui, eux, agitaient les drapeaux du Hamas, du Hezbollah et même de Daech, quasi inconnu du grand public à l’époque. Les cris de «mort à Israël», puis de «mort aux Juifs» se multipliaient. Puis ce fut la ruée. Près de 150 manifestants armés de bâtons, de pieds de chaises, de parpaings, se précipitèrent vers la synagogue de la rue des Tournelles. Ils ne purent passer. Ils se retournèrent alors contre la synagogue de la rue de la Roquette où ils affrontèrent des jeunes Juifs assurant la sécurité de la synagogue, aidés par des fidèles venus à leur secours, heureusement en nombre ce jour-là, puisqu’un rassemblement particulier s’y tenait, programmé depuis plusieurs jours.
Sans l’intervention de la police, une synagogue emplie de fidèles aurait été saccagée ce jour-là à Paris et des Juifs violentés parce que Juifs.

Le Premier ministre d’alors, Manuel Valls déclara peu après : «Ce qui s’est passé dimanche dernier dans les rues de Paris sont des faits d’une extrême gravité, rue des Tournelles, rue de la Roquette, on a entendu mort aux Juifs. Une fois de plus, une fois de trop, on s’en est pris à des synagogues, non seulement avec des mots, mais avec des gestes.»
Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, devant la gravité de ces attaques, décida d’interdire les manifestations «en faveur de Gaza» qui risquaient, en réalité, de tourner à l’émeute antisémite et à la violence.
Le 19 juillet, toujours à Paris, dans le quartier de Barbès, des jeunes que Mélenchon (soutenu, aujourd’hui, par Gérard Miller) qualifie de «dignes» et «incarnant mieux que personne les valeurs fondatrices de la République» se rassemblent malgré l’interdiction de la manifestation et les appels au calme. Ils sont 3 000 selon la police et les reporters de l’Express. On brûle des drapeaux israéliens. On brandit le portrait de Cheikh Yassine, organisateur de nombreuses attaques terroristes meurtrières en Israël et fondateur du Hamas, dont la charte appelle à la haine et au meurtre des Juifs.
Certains manifestants essaient de nouveau de s’attaquer à une synagogue. Ils sont repoussés par les forces de l’ordre qu’ils attaquent aux cris d’«Allah Akbar». Dix-sept policiers et gendarmes sont blessés, oui dix-sept ! La maire de Paris déplore le saccage systématique des équipements municipaux.
Ces assaillants sont-ils les représentants de cette «jeunesse digne qui incarne mieux que personne les valeurs de la République» (Monsieur Mélenchon, soutenu par Monsieur Miller) ou d’une jeunesse fanatisée, violente, antisémite et antirépublicaine ?
Monsieur Miller continue sa défense de Monsieur Mélenchon, en citant pour le dédouaner cette phrase : «En fidélité à ces combats du passé, en fidélité aux meurtres de masse qui ont été commis dans le passé, nous nous sommes portés aux avant-postes du soutien à cette malheureuse population de Gaza.» Et Miller de préciser, que la référence de Mélenchon est «la Shoah» et donc qu’ainsi, ce ne peut être «une diatribe anti-juive».
Eh bien, Monsieur Miller, c’est là où nous différons totalement. Comparer les actes de guerre d’Israël à Gaza pour défendre un million de civils israéliens qui ont vécu, sept ans durant, sous le feu incessant des missiles du Hamas, comparer cette guerre de légitime défense à des «meurtres de masse» et y associer dans votre texte «la Shoah», la voilà l’infamie.
Et si telle est bien la pensée de Monsieur Mélenchon, s’il se croit vraiment autorisé à faire cette analogie scélérate entre une guerre (menée, autant que faire se peut, avec retenue) et le plus grand génocide de l’histoire de l’humanité, ce sont ses propos, et le soutien que vous leur apportez, qui sont infâmes.
Enfin, pour conclure cette trop longue réponse.

Pourquoi Monsieur Mélenchon, en parlant d’Israël, en parlant de l’Etat des Juifs, clame-t-il : «Nous ne croyons pas à un peuple supérieur aux autres» ? Pourquoi, utilise-t-il pour ce pays-là, et pour ce peuple-là, ce qualificatif-là ? Les mots ne sont pas innocents, et vous, psychanalyste, le savez mieux que personne.
Enfin, dans votre réponse, vous omettez de mentionner deux éléments de ma tribune. Le fait que je rappelle que Monsieur Mélenchon a accusé Pierre Moscovici de ne plus penser «en Français» mais de penser «dans la langue de la finance internationale». Et puis il y eu ce meeting où fut hué le nom de Bernard-Henri Lévy. Pourquoi utiliser ces termes, ces techniques ?
Enfin, qualifier les Français juifs de «communauté agressive». En tenant ces propos, que vous reprenez, Monsieur Mélenchon pensait-il aux victimes juives de près de 10 000 actes de violences antisémites commis depuis plus de 15 ans en France ? Pensait-il aux neuf Français juifs, dont trois jeunes enfants, assassinés car juifs ? Tenir de tels propos est un appel supplémentaire à l’hostilité, voire à la violence, contre ses concitoyens juifs.
Pour conclure, j’aimerais rappeler ce qu’écrivait le lumineux Péguy en 1910 dans Notre jeunesse à propos des critiques faites aux Juifs :
«Vous les accablez sans cesse de reproches contradictoires. Au fond ce que vous voudriez, c’est qu’ils n’existent pas. Mais cela, c’est une autre question.»
A la vérité, je ne sais pas si Jean-Luc Mélenchon est antisémite. Je ne l’ai d’ailleurs jamais dit ni écrit. Je souhaite seulement, comme beaucoup de Français, juifs et non-juifs, Républicains avant tout, qu’il cesse d’adresser «des reproches contradictoires» à ses compatriotes juifs et qu’il cesse d’absoudre les nervis avec qui il partage certaines manifestations. Je souhaite qu’il n’instrumentalise pas ses combats politiques pour faire des Français juifs des cibles faciles. Je souhaite qu’il se montre ainsi digne des valeurs de la République.
François Heilbronn professeur associé à Sciences Po
Source :
http://www.liberation.fr/debats/2017/04/21/reponse-a-gerard-miller_1564342

Né le 3 juillet 1948 à Neuilly-sur-Seine, de parents polonais juifs, Gérard Miller est fils cadet d’un médecin radiologue, le Dr Jean Miller. Il affirme avoir, enfant, pratiqué le magnétisme et l’hypnose1. Il adhère à l’âge de 16 ans aux jeunesses communistes (organisation de jeunesse du Parti communiste français), puis à la Gauche prolétarienne (maoïste). Ancien élève de l’ENS de Saint-Cloud (sciences humaines), il travaille comme ouvrier agricole (porcher vacher) en Sarthe pendant deux ans puis revient à Paris, et commence une analyse à laquelle son frère, gendre de Jacques Lacan2, le forme théoriquement1.
Il quitte le militantisme en 1972 et avoue en 2013 ne pas se souvenir de la première fois où il a voté3.
Il devient maître de conférences en science politique à l’université Paris-VIII puis professeur et directeur4 au département de psychanalyse de cette même université. Il est titulaire d’un doctorat en philosophie et d’un doctorat d’État en science politique5.
En janvier 2014, contacté par le journal Le Monde, il s’explique sur la présence de son nom sur les fichiers de la banque HSBC Private Bank de Genève (fichier dit Falciani) comme titulaire d’un compte non déclaré au fisc français, à son insu, dit-il. Son père aurait ouvert après-guerre un compte à l’étranger, le lui aurait légué à sa mort6,7,8,9. Cette situation est selon lui régularisée
Ancien maoïste et ancien dirigeant de la Gauche prolétarienne, il est aujourd’hui « compagnon de route » (sans y adhérer) du Parti socialiste et du Parti communiste.
En 2011, il soutient publiquement Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, à l’élection présidentielle
Lors de la campagne présidentielle de 2017, il soutient le candidat de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon.
En mars 2017, il cosigne l’appel des psychanalystes contre Marine Le Pen publié dans Médiapart qui décrit le Front national comme un avatar du « courant contre-révolutionnaire » qui fut au pouvoir « sous l’Occupation nazie ». Celui-ci menacerait « l’état de droit », « la liberté d’opinion et celle de la presse »

Rappelons que lors de l’attaque de la synagogue de la Roquette ceux ne sont pas des fidèles de la synagogue qui se sont affrontés aux antijuifs islamistes mais les militants de la Ligue de Défense Juive et la police française.

happywheels

12 Commentaires

  1. VINCENT dit :

    Ce type et son organisation est une merde,mélanchon est raciste envers nous les juifs et puis ce genre de lascar
    ne veut que le pouvoir !

  2. Luc dit :

    Ils étaient français les enfants juifs tués en 2012 par merah?

  3. Johnny dit :

    Ils étaient français les enfants tués en 2012 par Merah?

  4. lisamakal dit :

    Miller est un traite à la nation juive.

  5. bon sens dit :

    n’importe qui peut etre psychanaliste c’est pour celà que le monde va mal

    Je suis admirative de ce qu’a fait la LDJ le jour de l’attaque de la synagogue de la Roquette

  6. bon sens dit :

    beaucoup de psychanalistes de psychologues ont travaillé avec Lacan antisémite qui avait quitté Freud

  7. bon sens dit :

    ou si ils ont pas travaillé avec Lacan ont suivi les cours des élèves de celui ci

    des bargeots
    il faut le savoir ! c pour ça que le monde va mal !

  8. bon sens dit :

    oups c’est Jung qui s’est séparé de freud
    beaucoup de psychologues et psychanisltes sont formés par les élèves de Jung et Lacan

  9. Johnny dit :

    Le monde va mal parce que les psys sont lacaniens plutot que freudiens? Faut quand meme etre sacrément « bargeot(sic) » pour proférer de telles inepties. Ta chasse aux antisémites te fait perdre toute lucidité dans tes jugements.
    Sinon, personne ne m a répondu : Les enfants assassinés par Merah étaient ils français ou bien l auteur de l article profère-t-il un mensonge?

  10. Nitzotz dit :

    Il faut lire la tribune de Gérard Miller, en réponse à l’article initial de M Heibronn… absolument bourrée de déformations ! Difficile à croire, pour un psy comme Miller, à qui je conseillerais un profond et nécessaire travail d’introspection pour retrouver un semblant d’honnêteté intellectuelle.
    Merci à M. Heibronn pour ses deux très bons articles, et à la LDJ pour les relayer.

  11. ixiane dit :

    OUF , il n’a pas réussi à percer, quel soulagement !
    MACRON sait écouter les gens, il change parfois d’avis, c’est normal pour quelqu’un qui réfléchit , et je l’ai entendu dire qu’un Etat  » Palestinien » ne sera jamais proclamé unilatéralement , ce serait le CHAOS au Proche Orient !!

  12. gerard miller et la haine de soit il devrait gravement se faire psycanaliser pauvre merdes lui et son potz merluchiotte ,ils sont a vomir

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