Sarah Halimi et Simone Veil : deux destins qui se rejoignent

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Sarah Halimi (Z’l), Simone Veil (Z’l) : deux destins moins étrangers l’un à l’autre qu’il ne le semble
Par Evelyne Gougenheim
Comment trouver des points de convergence entre ces deux destins de femmes et pourquoi ?
Peut-être parce que Simone Veil, qui a tant fait pour diminuer le malheur des femmes, n’aurait jamais pu être indifférente à la mort horrible de Sarah Halimi, torturée et défenestrée dans la nuit du 3 au 4 avril, Sarah Halimi dont le calvaire a débuté à 4h30 du matin, dans une petite rue proche du boulevard de Belleville, là où l’on voit plus d’hommes en robes longues que de femmes en mini-jupes.
Simone Veil a commencé sa vie en subissant l’antisémitisme nazi, cette folie meurtrière industrialisée qui, grâce à une propagande intense, quotidienne a formaté les esprits jusqu’à leur faire croire que les juifs n’étaient plus des hommes, mais de la vermine à écraser puis des « Stück » des « pièces, des bouts » juste bons à travailler comme des esclaves jusqu’à épuisement total et au-delà.
Sarah Halimi a terminé sa vie dans une terreur indicible, en subissant l’antisémitisme musulman, aux mains de ce voisin qui a brisé la fenêtre pour entrer chez elle dans le noir de la nuit et la torturer à mort.
Il ne suffisait pas de la tuer, il fallait l’avilir, la molester, la frapper avec une violence inouïe, barbare, sans limite comme si elle n’était plus, n’avait jamais été un être humain.
Est-ce cela qu’on lui avait répété la veille dans la mosquée de la rue J-Pierre Timbaud, qu’il fréquentait ?
Comme si cette judéité si identifiable si détestée – «sale juive » lui jetait-il régulièrement – avait déclenché ce déferlement de haine.
Et voici un premier point commun : la confrontation avec la violence barbare, sans aucune limite, déchaînée par l’identité juive et qui, avec une virulence extrême dénie toute humanité à cette identité juive pour mieux la briser et l’anéantir.
Simone Veil et Sarah Halimi ont chacune, à leur façon, vécu pour défendre des valeurs de solidarité, de fraternité, d’éducation, de transmission, de compassion, de tendresse, d’abnégation. L’une, sur les plus hautes marches de la vie publique, l’autre dans une crèche où chaque enfant était la promesse d’un monde meilleur.
Peut-on comparer ? Est-ce comparable ? Oui et plus que oui, car lorsque l’on s’implique avec tant de motivation, avec tant de volonté et d’espoir, nécessairement, à un moment, on se trouve au même endroit, là où la vie est plus précieuse que tout.
Simone Veil et Sarah Halimi ont partagé une judéité qui s’est incarnée de façon ô combien différente.
L’une juive orthodoxe, craignant D., Simone Veil avec la conscience puissante de la nécessité de la Mémoire et de la Mémoire juive, de la sauvegarde des valeurs.
Ces deux femmes ont traversé la vie de façon si différente. Mais si leurs regards s’étaient croisés, ils se seraient reconnus, soldats d’un monde où la judéité est d’abord profondément humaine, puis plus qu’humaine.
Enfin, Simone Veil et Sarah Halimi ont chacune vu leur destin changer par les forces de l’ordre. Arrestation dans une rue de Nice, puis Drancy, Auschwitz, Bergen-Belsen, la mort partout. Simone Veil survit et témoignera. Sarah Halimi dans son petit appartement de la rue Vaucouleurs hurle, les voisins appellent les secours, les secours arrivent : il est 4h25 trois policiers sont sur place, suivis par quatre autres à 4h38, puis encore quatre autres à 4h48 puis une « colonne d’assaut », pour finir à 28.
Et rien, personne n’est intervenu. Personne n’a cru devoir ou pouvoir répondre aux hurlements déchirants d’une femme qu’un barbare torturait, puis défenestré en présence de plus de tant de policiers.
Et il ne faudrait pas poser de questions, il ne faudrait pas porter plainte pour non-assistance à personne en danger ? Personne n’est intervenu et l’on se demande comment cela est possible, comme on se demandait comment cela avait été possible.
Evelyne Gougenheim
Source :
http://jforum.fr/sarah-halimi-et-simone-veil-deux-destins-qui-se-rejoignent.html

happywheels

4 Commentaires

  1. LOISONS dit :

    Est-ce qu’il n’y aurait pas la possibilité de faire signer une pétition pour contraindre le ministre de l’intérieur ou le président à demander la requalification de ce crime?

  2. daniel. Danielle dit :

    Cet article me fend le coeur ……

  3. Oui,! Il est possible sinon nécessaire de mettre en lien ces deux figures juives aujourd’hui ne serait-ce que par la difference de considération et de traitement médiatique dont elles ont fait l’objet l’une et l’autre. Évoquer l’une puis l’autre pour réaliser et dénoncer toute une hypocrisie ambiante. Parler du calvaire des juifs de la Shoa en se parer de beaux discours du type « plus jamais ça » est moins dérangeant que de parler du calvaire de Sarah Halimi car se serait évoquer un certain antisémitisme musulman…et cela n’est pas au goût du jour. Plutôt dérangeant. ..

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