Un nonagénaire danois accusé de crimes de guerre par le centre Simon-Wiesenthal

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Helmuth Leif Rasmussen aurait été gardien dans le camp de concentration de Bobrouïsk, dans l’actuel Bélarus

Le directeur du centre Simon-Wiesenthal d’Israël a porté plainte mardi à la police danoise contre un homme de 90 ans qu’il accuse d’avoir travaillé comme gardien dans un camp de concentration nazi au Bélarus pendant la Seconde guerre mondiale.
« Le ministère de la Justice ayant malheureusement décidé de ne pas s’occuper de cette affaire (…) je suis venu à Copenhague afin de déposer moi-même la plainte », a déclaré à la presse Efraim Zuroff.

Selon un livre publié au Danemark en 2014, qui cite un rapport de police de 1945, Helmuth Leif Rasmussen aurait été gardien dans le camp de concentration de Bobrouïsk, dans l’actuel Bélarus.
M. Rasmussen, qui vit maintenant dans la région de Copenhague sous un autre nom, a admis avoir fait partie d’une unité volontaire créée par le Parti nazi danois, mais affirmé au quotidien Berlingske s’être rendu à Bobrouïsk pour suivre un entraînement militaire alors qu’il n’avait que 17 ans. « Nous étions là que pour être formés au métier de soldat et n’avions rien à voir avec le reste », a-t-il affirmé.
Les crimes de guerre allégués auraient été perpétrés entre 1942 et 1943.
Selon M. Zuroff, il y a « certainement suffisamment de preuves pour justifier une enquête ». Les personnes comme Rasmussen « sont les dernières sur terre pour lesquelles on devrait éprouver de la compassion, parce qu’elles n’en avaient absolument aucune pour leurs victimes, dont certaines étaient plus âgées qu’elles ne le sont aujourd’hui », a-t-il ajouté.
Environ 6.000 nazis danois se sont engagés volontairement durant l’occupation allemande entre avril 1940 et mai 1945. Près de 1.000 Danois ont servi à Bobrouïsk, où au moins 1.400 Juifs ont été tués, selon un livre publié en octobre dernier par des historiens danois.
La semaine dernière, l’ancien comptable d’Auschwitz Oskar Gröning, 94 ans, a été condamné en Allemagne à quatre ans de prison pour « complicité » dans le meurtre de 300.000 Juifs hongrois ayant péri dans les chambres à gaz entre mai et juillet 1944.
source :
http://www.i24news.tv/fr/actu/international/europe/79207-150721-un-nonagenaire-danois-accuse-de-crimes-de-guerre-par-le-centre-simon-wiesenthal

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3 Commentaires

  1. CATHY dit :

    Il doit être puni – qu’il ait 20 ans – 30 ans – 90 ans – il doit purger une peine pour ce qu’il a commis – je persiste et signe…L’Eternel fera le reste…

  2. michadri dit :

    Quelque soit son age,il doit payer.En tant que volontaire,qu’il assume son passé et aucune pitié pour cet individu.

  3. Cette attention aux « actes d’initiative » des bourreaux caractérise la démarche d’Elissa Maïlander et de Patrick Bruneteaux, qui signent ensemble un article sur les violences concentrationnaires du système nazi, étudiées à travers le prisme d’une trajectoire individuelle, celle de l’officier SS Otto Moll. Se démarquant d’une lecture courante de la violence nazie comme mise en œuvre d’un génocide industriel dans lequel les individus n’auraient été que des rouages sans latitude d’action, ils voient dans le système des camps une « structure d’opportunité pour les producteurs de violence extrême ». Ceux-ci, loin de s’en tenir à la simple administration de la machine de mort, en tirent une jouissance sadique ; c’est du côté d’une « positivité de l’acte de cruauté » qu’il convient de replacer ces pratiques, ainsi que dans la relation triangulaire liant bourreaux, victimes et spectateurs. À côté de la cruauté institutionnelle se manifeste donc une cruauté individuelle. « Associée au fonctionnement du camp, au milieu de l’activité de l’extermination, la barbarie de Moll s’effectue selon la logique d’un aménagement personnel. »

    Ce sont d’autres individus, d’autres acteurs de l’histoire que nous donne à découvrir Annette Becker dans sa réflexion sur les « passeurs de l’indescriptible », Franz Werfel, Raphaël Lemkin, Vivian Fry, Jan Karski. Ils furent aussi des individus qui firent l’histoire de la Seconde Guerre mondiale dans ce qu’elle eut de plus terrible. Informés de ce qui se passait dans l’Europe dominée par les nazis, ils n’eurent de cesse d’alerter le monde libre pour qu’il réagisse – mais ils se heurtèrent à l’incompréhension et à l’incrédulité de la plupart de leurs interlocuteurs qui ne pouvaient ou ne voulaient pas savoir. Le crime était trop grand pour être pensable, les contemporains manquaient d’outils sensibles et conceptuels pour l’appréhender dans toute son ampleur. De sorte que ces messagers eurent le sentiment d’échouer dans la mission qu’ils s’étaient assignée. Outre la « cécité fonctionnnelle » évoquée par Raul Hillberg, Annette Becker explique cette impuissance par les séquelles de la Première Guerre mondiale. Le thème des
    « atrocités allemandes » avait servi à la propagande alliée pour justifier la guerre contre l’Allemagne ; ne cherchait-on pas à lui faire rejouer ce rôle vingt ans plus tard ? Pour Annette Becker, « l’une des racines de l’impossibilité de comprendre l’extermination des juifs en temps réel est aussi un blocage épistémologique né dans et de la Première Guerre mondiale ». Le caractère matriciel de ce conflit est frappant également pour la pensée d’un Raphaël Lemkin, qui élabore dans l’entre-deux-guerres les normes juridiques permettant de qualifier et de poursuivre les « actes de barbarie » puis les « génocides », un terme qui s’imposera lors du procès de Nuremberg jugeant les criminels nazis.

    Avant ce procès, qui devait fixer durablement la jurisprudence internationale en matière de crime contre l’humanité, Nadège Ragaru rappelle que c’est en Bulgarie qu’eut lieu le premier cas de jugement des crimes antijuifs. À travers l’analyse des documents produits par le tribunal populaire mis en place par le régime communiste entre décembre 1944 et avril 1945, elle montre l’instrumentalisation politique de la référence à la « barbarie » nazie. Le tribunal eut en effet pour principal souci de légitimer le nouveau pouvoir et de dédouaner le pays de toute participation active à la mise en œuvre de l’extermination des juifs ; comment mieux y parvenir qu’en faisant de l’antisémitisme un article d’importation, exclusivement lié au fascisme et à une minorité sociale dont le renversement apparaissait dès lors comme doublement justifié ? L’euphémisation de l’antisémitisme national et la topique de l’ « innocence bulgare » devaient pour longtemps empêcher tout examen sérieux des responsabilités propres du peuple et des élites bulgares en cette matière. Même instrumentalisation et même déni en Pologne, qu’examine pour clore ce dossier Audrey Kichelewski. Sauf qu’ici il n’est pas question de procès ni de tribunal mais de nouvelles violences antijuives au lendemain de la guerre, à l’encontre des rescapés qui revenaient des pays où ils s’étaient réfugiés pour échapper au nazisme. L’auteur dresse le constat accablant de ces violences et tente d’en comprendre les ressorts. Des éléments anciens – un antisémitisme et un antijudaïsme traditionnels, souvent d’essence religieuse – se combinent avec des facteurs conjoncturels – l’effet de la propagande nazie, l’acclimatation de la violence au quotidien, ce qu’on pourrait, là encore, appeler la « brutalisation » de la société polonaise pendant cinq années d’une guerre sans merci, le climat très particulier qui règne dans l’immédiat après-guerre – pour expliquer ces résurgences de violence contre ceux qui avaient déjà tant souffert durant les années précédentes. L’usage du terme de « barbarie », que relève Audrey Kichelewski, pour qualifier exclusivement les crimes nazis procède également de cette instrumentalisation politique par un régime en quête de consolidation et de légitimation. Il ne plaide pas en faveur de son emploi par les historiens, qui peuvent à bon droit, comme le fait d’abord Nicolas Beaupré dans son article, rejeter cette notion comme a-critique, manipulée par les acteurs au gré de leurs engagements. Mais on peut aussi considérer, comme le fait ensuite cet auteur – et ceux qui le suivent au fil des pages de ce dossier – que la « barbarie », en tant que notion investie de sens par les acteurs pour rendre compte des pratiques de violence extrême, peut ouvrir sur une réflexion utile sur ces pratiques qui n’ont pas disparu de notre champ d’expérience et de représentation contemporain, loin s’en faut.

    Extrait de : Sylvain Kahn et Laurent Martin, « L’Europe en barbarie », Histoire@Politique, n° 26, mai-août 2015, http://www.histoire-politique.fr

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