7 octobre: Amnesty International ouvre enfin les yeux
C’est une première : l’ONG incrimine directement le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens pour des « crimes de guerre et crimes contre l’humanité » perpétrés le 7 Octobre.
Par Thomas Graindorge
Mieux vaut tard que jamais… Dans un rapport publié ce jeudi 11 décembre, Amnesty International accuse pour la première fois le Hamas (et d’autres groupes armés palestiniens) d’être « responsables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité », commis lors des attaques du 7 octobre 2023. L’organisation explique s’être entretenue avec 70 personnes, dont des survivants du massacre, « des membres de familles de victimes, des spécialistes médicolégaux, des membres du personnel médical, des avocats, des journalistes et d’autres enquêteurs ».
350 photos et vidéos ont été étudiées par Amnesty, qui évoque également « le refus des autorités israéliennes de coopérer avec [l’]organisation pour partager certaines informations ». Le rapport de 170 pages conclut notamment que « la branche armée du Hamas, la brigade al-Qassam, et d’autres groupes armés palestiniens se sont rendus responsables de meurtres, d’extermination, d’emprisonnement, de disparitions forcées, d’enlèvements, de torture et de viols ou toute autre forme de violences sexuelles… Ces graves violations sont constitutives de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ». Un changement de ton drastique, en comparaison, notamment, de sa présentation des faits pour le moins biaisée, quelques mois après les massacres en 2024.
Ces groupes « ont continué de commettre des violations et des crimes relevant du droit international », après le 7 Octobre, notamment des crimes contre l’humanité, en « détenant et maltraitant des otages ainsi qu’en retenant des corps enlevés », ajoute Amnesty. « La détention d’otages s’inscrivait dans un plan explicitement formulé par la direction du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens. »
Une dépouille toujours retenue à Gaza
« Des centaines d’autres personnes, en vêtements civils, se sont également jointes aux attaques dans ce qui semble apparaître comme une action largement non coordonnée », est-il encore précisé. « Mais contrairement aux affirmations du Hamas, le caractère systématique, coordonné et généralisé des attaques ne laisse aucune place au doute : ces attaques étaient commanditées et ciblaient délibérément les populations civiles. Elles ont causé la destruction de centaines d’habitations. Des dizaines de milliers de personnes qui habitaient dans les zones attaquées, ainsi qu’aux alentours, ont été déplacées. »
Le rapport conclut que le Hamas, notamment sa branche armée, les Brigades Ezzedine al-Qassam, était « principalement responsable » des crimes commis, avec une responsabilité moindre du djihad islamique palestinien, des Brigades des martyrs d’al-Aqsa et de « civils palestiniens non affiliés ». Une seule victime a pu confirmer avoir subi des violences sexuelles de la part de combattants militaires, mais, faute d’autres témoignages, Amnesty explique ne pas pouvoir décrire l’étendue ou le caractère systémique de ces violences sur les populations civiles.
Au festival de Nova, qui rassemblait plus de 3 000 personnes, 378 personnes ont été tuées de sang-froid, dont une majorité de civils. « Plus de deux ans après les attaques, les victimes attendent toujours que justice soit rendue. Ni le Hamas ni les dirigeants militaires n’ont reconnu publiquement les crimes commis, leur ampleur et leur gravité. Nous appelons les autorités palestiniennes à dénoncer publiquement ces crimes, engager des enquêtes pour identifier les responsables et coopérer avec les mécanismes internationaux. »
L’ONG internationale avait déjà conclu que le Hamas et d’autres groupes avaient commis des crimes de guerre lors de l’attaque du 7 Octobre en Israël. Amnesty International accuse par ailleurs Israël de commettre un génocide à Gaza et a estimé fin novembre que celui-ci « se poursuit sans relâche malgré le cessez-le-feu » fragile en vigueur depuis le 10 octobre. Israël rejette les accusations de génocide, qualifiées de « mensongères » et « antisémites ». Aujourd’hui, une dépouille est encore retenue à Gaza, le Hamas affirmant avoir des difficultés à la retrouver, sous les décombres.
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