À Auschwitz, l’étrange visite d’Elon Musk

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Lundi, le propriétaire de X a visité le camp d’Auschwitz, avant de participer à un colloque sur l’antisémitisme. Une démarche déroutante.
Par Samuel Dufay
Un étrange sentiment de confusion. C’est peut-être la trace que laissera la participation d’Elon Musk, ce lundi 22 janvier, au colloque organisé par l’Association juive européenne (EJA) à l’occasion des commémorations annuelles de la Shoah, après avoir visité le camp d’Auschwitz et s’y être laissé prendre en photo. Dans la salle de conférences d’un hôtel sans âme de Cracovie, le propriétaire de X (ex-Twitter) a répondu de façon parfois étonnante aux questions du journaliste américain Ben Shapiro.

Ses explications étaient pourtant attendues, la régulation des réseaux sociaux constituant un enjeu crucial dans la lutte contre l’antisémitisme. N’a-t-il pas lui-même approuvé, en novembre, un message selon lequel les Juifs encouragent la « haine contre les Blancs » (une réaction qu’il regrettera ensuite) ? Le réseau social n’est-il pas critiqué pour le laxisme de sa politique de modération, qui autorise, depuis le 7 octobre et les massacres du Hamas en Israël, un déferlement abject ? Depuis son rachat en octobre 2022 par le natif d’Afrique du Sud, X a perdu deux tiers de sa valeur, estimait début janvier le gestionnaire de fonds Fidelity.

Modeste et conciliant, l’entrepreneur se présente comme un « Juif par association et par aspiration », en raison notamment de ses amitiés sémites. Évoque les quelques jours qu’il lui faudra sans doute pour digérer l’ampleur de la tragédie entrevue, le matin même, lors de sa visite du camp d’Auschwitz. Revient, sans insistance excessive, sur ses errements passés : « C’est moi qui tweete en personne, je n’ai pas d’équipe pour le faire à ma place. Je recommanderais aux dirigeants du monde entier de faire de même. Et si vous faites une erreur de temps en temps, ne vous inquiétez pas, c’est humain. »
Mais le milliardaire aux joues roses persiste à défendre la pertinence de son réseau à l’heure des passions identitaires. « En Allemagne, les nazis ont censuré de façon terrible en Allemagne toute forme de philosémitisme. Quiconque tentait de défendre les Juifs en était victime. La liberté d’expression et la poursuite inlassable de la vérité sont la meilleure manière de vaincre Hitler. » Au risque de l’anachronisme.
Avant l’entretien, les organisateurs diffusent un clip composé de tweets hypothétiques de Juifs alertant sur leur martyre lors de la Seconde Guerre mondiale. La Shoah aurait-elle pu avoir lieu à l’heure des réseaux sociaux ? Que faut-il préférer, de l’opacité entourant l’exécution de la Solution finale ou du déversement de vidéos documentant les atrocités du Hamas ? Une question insondable…
« J’ai vu les vidéos, beaucoup de vidéos du 7 octobre, témoigne pour sa part Musk. Ce qui me choquait le plus, c’est le plaisir pris à tuer des hommes, des femmes et des enfants. » Le 27 novembre, après la controverse suscitée par ses propos, il avait visité l’un des kibboutz israéliens ciblés par le Hamas.
Un brouillage des époques qui coexiste avec l’impression d’un choc des mondes. D’un côté, à 70 kilomètres de Cracovie, l’effroi du génocide organisé à l’échelle industrielle, dont Elon Musk a découvert les traces. De l’autre, le vertige suscité par le profil du fondateur de Neuralink et de Tesla : liberté d’expression débridée, fantasmes de conquête planétaire… Décidément déroutant, l’entrepreneur mêle la fulgurance à la platitude, développe une réflexion, apparemment incongrue, sur le mérite. Sans dissiper les craintes générées par la permissivité de X.
« La venue d’Elon Musk à Auschwitz-Birkenau et son intervention à l’occasion de ce symposium sont importantes, car X est d’une importance considérable. Elon Musk peut être déroutant et surprenant, mais j’ai trouvé son propos de bonne tenue et sensible dans l’ensemble. À l’évidence, il reste du travail à faire sur la responsabilité de son réseau social et ce qui s’y passe », commente l’ancien Premier ministre Manuel Valls, l’un des orateurs du jour. Qu’a inspiré à ce partisan d’une liberté d’expression sans entraves sa confrontation, le matin même, avec l’indicible ? Les photographies et les vidéos de l’événement le montrent, tendu, aux côtés de ses guides à l’entrée du camp enneigé. Le mystère demeure.
source
Le Point

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4 Commentaires

  1. SHMUEL LEMARTELEUR dit :

    Bonjour, à propos de Manuel VALLS : il a quand même autorisé plusieurs manifestations antisémites au pouvoir !
    Quant à Elon MUSK, je ne crois pas qu’il y a 1 rapport entre le réseau social X et l’homme : l’homme est pragmatique, il est venu voir ce à quoi une simple insulte antisémite ou 1 livre illisible (Mein Kampf) – 2 millions de Juifs assassinés à Auschwitz, 4.000 camps de concentration et satellites, 6 millions de Juifs assassinés au moins parce que le chiffre des massacres en URSS restera inconnu.

  2. SHMUEL LEMARTELEUR dit :

    Bonjour CEH Marais n’existe plus et j’ai oublié le verbe  » mène  » entre  » quoi  » et  » une « . Je reste bien sûr au service de la LDJ pour des références historiques par exemple. Joyeux Tou BiChevat !

  3. David dit :

    Il y a deux D. sur terre .
    En haut le Nôtre .
    Ici bas….l’argent .

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