Avec « Peu m’importe si l’histoire nous considère comme des barbares », Radu Jude affronte les négationnistes au Panorama du cinéma roumain

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A l’occasion du Panorama du cinéma roumain, le Reflet Médicis nous présente un film sur le massacre de Juifs perpétré par l’armée roumaine durant la Seconde Guerre mondiale. Un film polémique sur le négationnisme, primé au festival du film de Karlovy Vary, dont la projection fut suivie d’un échange avec le monteur Catalin Cristutiu.
Par Julia Wahl

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Un film sur la Shoah : combien en existe-t-il de nos jours ? C’est par une perspective bien particulière que Radu Jude décide d’aborder cette question : le rôle des autorités roumaines dans le massacre d’Odessa en 1941, qui tua jusqu’à 25 000 Juifs. Un sujet pour le moins polémique puisque, depuis le régime de Ceausescu, la propagande nationaliste dépeint officiellement les Roumains comme un peuple ontologiquement pacifiste, tolérant, victime du nazisme plus que collaborationniste.
Pourtant, de 1940 à 1944, la Roumanie connaît un régime autoritaire et raciste dirigé par le général Antonescu, qui fait cause commune avec l’Allemagne d’Hitler contre la Russie et les Juifs. Il organise lui-même des massacres antisémites à Odessa, en Bucovine et en Bessarabie. Cet épisode de l’Histoire roumaine est aujourd’hui encore remisé aux oubliettes, Antonescu faisant figure de héros national. C’est à ce déni que le film de Radu Jude s’intéresse.
Pour rendre contemporaine cette question, le réalisateur nous propose une mise en abyme efficace : une jeune metteure en scène, Mariana Marin, entreprend de monter un spectacle sur les massacres. Mais elle se heurte rapidement aux réticences des autorités locales et de certains figurants et, in fine, à l’incompréhension des spectateurs.
La première partie du film, peut-être un peu bavarde, sollicite la raison du spectateur grâce à la figure de Mariana Marin, qui tente de convaincre ses interlocuteurs du rôle d’Antonescu dans les massacres de Juifs. Pour ce faire, elle a recours à de nombreuses sources, comme Raul Hilberg ou Elie Wiesel, qui font de ses argumentations de véritables cours d’histoire, s’adressant à la fois à ses interlocuteurs fictifs et aux spectateurs. Ces passages sont filmés en longs plans-séquences pour permettre au public de suivre l’ensemble des échanges. Pour lutter contre le risque d’ennui, le réalisateur y associe des traits d’humour, reposant à la fois sur la parole et les accessoires, qui rendent cette première partie très légère.

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C’est paradoxalement la seconde partie, pourtant filmée en plans beaucoup plus courts, qui porte la gravité du propos. Le spectacle est en effet filmé du début à la fin, avec plusieurs caméras pour alterner les points de vue. Mais les bruits de bottes et le discours d’Antonescu ne prêtent plus à rire. Surtout, la réaction du public du spectacle crée un malaise : les propos antisémites sont acclamés, les massacres légitimés. En essayant de lutter contre le négationnisme de ses contemporains, la metteure en scène semble les conforter dans leur antisémitisme.
Cette conclusion pour le moins pessimiste n’est évidemment pas sans rapport avec l’objet du film lui-même. L’art peut-il changer les mentalités ? Le film a-t-il atteint sa cible ? L’échange avec le monteur Catalin Cristutiu, qui a suivi la projection, ne nous invite nullement à tempérer nos craintes : les négationnistes, nous dit-il, ont refusé de voir le film, seuls les personnes déjà convaincues sont allées le voir. Un constat inquiétant, mais hélas peu surprenant.
SOURCE :
https://toutelaculture.com/cinema/avec-peu-mimporte-si-lhistoire-nous-considere-comme-des-barbares-radu-jude-affronte-les-negationnistes-au-panorama-du-cinema-roumain/

Les massacres d’Odessa de 1941 désignent un ensemble de massacre des populations juives commis dans la région d’Odessa à partir du 22 octobre 19411 durant la seconde Guerre mondiale.

Ces massacres sont parmi les plus importants de la Seconde guerre mondiale après ceux des camps d’extermination, plus de quarante quatre mille civils trouveront la mort entre le 22 octobre et le 1er novembre 1941. Ils sont suivis par l’extermination dans les camps du Yédisan d’environ 115 000 Juifs et 15 000 Roms déportés de toute la Roumanie.
Ils sont commis sur ordre de maréchal Antonescu, dictateur de la Roumanie fasciste, allié de l’Allemagne nazie entre 1941 et 1944, avec la complicité de Mihai Antonescu vice-président du Conseil du Royaume de Roumanie, du gouverneur de Transnistrie et d’Odessa Grigore Alexianu (1941-1943) et du général Nicolae Macici commandant du IIe corps de l’Armée roumaine occupant alors cette région de l’URSS. Après la guerre, ces responsables ont été déclarés « criminels de guerre » et exécutés en 1946, à l’exception de Macici, gracié par le roi Michel Ier. Ils impliquent sept mille Allemands de la mer Noire de la milice locale d’auto défense des nationaux
Le 22 octobre 1941, six jours après l’entrée des troupes roumaines à Odessa, des partisans soviétiques font exploser le quartier général roumain de la ville. L’explosion tue le général Ion Glogojanu, commandant d’Odessa, 16 officiers, 46 sous-officiers et soldats roumains ainsi que 4 officiers de marine allemands. Les soldats roumains ont échoué dans la capture des véritables auteurs de l’attentat, cachés dans les catacombes de la ville (aujourd’hui, les catacombes utilisées par les partisans constituent une attraction touristique). Le soir même, le général Antonescu ordonne des représailles implacables contre la population civile, en particulier contre les Juifs, prétendant, conformément à sa propagande, que tous les Juifs sont communistes6.
Aussitôt, le nouveau commandant d’Odessa, le général Trestioreanu annonce qu’il va prendre des mesures pour pendre les Juifs et les communistes sur les places publiques. Durant la nuit, 5 000 Juifs sont exécutés, pendus en groupes de 3 à 5 victimes à chaque lampadaire le long des boulevards d’Odessa.
Le 23 octobre, 19 000 Juifs sont exécutés et leurs cadavres arrosés d’essence et brûlés.
Le maréchal Antonescu donne ensuite l’ordre d’exécuter 200 « communistes » (lire « Juifs ») pour chaque officier victime de la bombe et 100 pour chaque soldat. À ce titre, tous les « communistes » et un membre de chaque famille juive doivent être emprisonnés comme otages.
Antonescu demande que les otages qui ne sont pas encore morts connaissent les mêmes souffrances que les roumains morts dans l’explosion. Le 24 octobre au soir, les Juifs emprisonnés sont transportés en dehors de la ville et fusillés devant des fossés anti-chars par groupes de quarante ou cinquante. L’opération se révélant trop lente, les 5 000 juifs restants sont enfermés dans trois entrepôts et mitraillés. Puis les entrepôts sont incendiés le 25 octobre, jour de l’enterrement des Roumains victimes de l’attentat du 22 octobre. Quarante mille Juifs sont ainsi tués ce jour-là.
Le 1er novembre, la ville ne compte plus que 33 885 Juifs, essentiellement des femmes et des enfants qui vivent terrorisés dans le ghetto. Les Juifs d’Odessa et de sa région sont ensuite déportés vers la Transnistrie, à Bogdanovka, Domanevka et Akhmetchetka. Ils sont logés dans des conditions déplorables, entassés dans des ruines, des étables ou des porcheries. Ils souffrent de nombreuses maladies avant d’être massacrés à partir du mois de décembre. Ceux qui n’ont pas encore été déportés le sont par train à partir de janvier 1942. Le 10 avril 1942, il ne reste plus à Odessa que 703 Juifs.
Selon les rapports officiels, les militaires roumains, aidés par les autorités locales, ont abattu entre le 18 octobre 1941 et le 17 mars 1942, jusqu’à 25 000 juifs et en ont déporté plus de 35 000, dont une bonne partie ont trouvé ensuite la mort. Le rapport fait également état de 50 000 juifs tués à Bogdanovka, et de plusieurs milliers d’autres à Golta et dans la région avoisinante. La Jewish Virtual Library retient le nombre de 34 000 victimes entre le 22 et le 25 octobre, et le musée américain sur l’Holocauste soutient que « les forces roumaines et allemandes ont tué presque 100 000 juifs à Odessa pendant l’occupation de la cité ». D’autres sources estiment le nombre de personnes tuées en Transnistrie à 115 000 juifs et 15 000 Tziganes15.
Odessa fut enfin libérée par l’Armée rouge en avril 1944. Ce fut l’une des quatre premières villes à recevoir le titre de Ville Héroïque en 1945.
Pendant cette période, Ion Antonescu reste paradoxalement en relation avec son ami d’enfance Wilhelm Filderman, président de la Fédération des communautés juives de Roumanie. Le 19 octobre 1941, il se justifie ainsi auprès de lui : « À Odessa, les Juifs avaient poussé les troupes soviétiques à une résistance inutilement prolongée, simplement pour nous infliger plus de pertes ».
Après la Seconde Guerre mondiale, le maréchal Ion Antonescu, Mihai Antonescu, vice-président du Conseil du Royaume de Roumanie, le professeur Grigore Alexianu, gouverneur de Transnistrie et d’Odessa (1941-1943) ainsi que le général Nicolae Macici furent traduits devant le « Tribunal du peuple » de Bucarest qui les condamna à mort le 17 mai 1946 pour crimes « contre la paix, contre le peuple roumain, les peuples de la Russie soviétique, les juifs, les gitans et autre crimes de guerre », pour avoir provoqué la mort de 500 000 militaires et civils dans la guerre et pour la déportation ou l’exécution de près de 300 000 juifs roumains ou ukrainiens et 15 000 gitans. Ils ont été fusillés en juin 1946 (sauf Macici, gracié par le roi Mihai Ier)

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5 Commentaires

  1. Paul06 dit :

    Un Livre à lire, un seul: Cartea Neagra de Matias Carp Ed Denoël.
    Pour savoir que les roumains n’avaient rien à envier aux nazis dans leur haine des Juifs.

  2. Jacko lévi dit :

    on peut aussi y ajouter leurs proches cousins les Moldaves avec les massacres de Kichinau !!!!

    la punition divine ne les a pas oubliés ceux lànon plus

    ils quittent tous cette Moldavie ou la misère la plus effroyable de toute l’ europe règne!!

    et le plus cocasse c’est que ces Moldaves sont souvent employés dans des Franprix tenus par des juifs a Paris… 😆

    bon! roumains, moldaves,polonais,croates,monténégrins,hongrois, bulgares et autres ukrainiens et balkaniques c’est la même racaille antijuive

    je ne vois que la Serbie d’ honorable dans ces cloaques a pogroms

    les Albanais, je ne sais pas

    • AmiedeSion dit :

      Petit rectificatif: les Bulgares (leur église autocéphale orthodoxe en tête) ont sauvé, à l’instar des Danois, leur communauté juive durant la Shoah. M. Netanyahu l’a rappelé récemment à l’occasion de la visite du premier ministre bulgare, en Israël !

  3. https://youtu.be/-EKvA1zTXYw Jassy, ville de naissance de mes grands parents paternels- merci pour votre message Jacko Levi- tant de choses que je n’ai pas demandé à mes grands parents- ils ont fui la Roumanie dès 1910 – déja des progroms, les juifs battus par les moujiks et enrolés de force dans l’armée russe – ils y ont laissés la famille certains sont partis aux Etats Unis d’autres en Israel en passant par l’Italie, beaucoup plus tard- comment ont- ils échappés aux massacres? – et les autres? que sont ils devenus?

  4. In Memoriam dit :

    Jacko : tu as oublié les truands qui
    se sont mis spontanément au service des Bony et Laffont, truands eux mêmes et devenus des seides au service de la Milice et des nazis!

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