«Boualem Sansal ne bénéficie pas du même empressement» : Emmanuel Macron accusé d’indignation sélective après son intervention en faveur de Rima Hassan

Le chef de l’État n’a pas tardé à réagir après l’interception du navire humanitaire en direction de Gaza, à bord duquel se trouvaient six Français, dont Rima Hassan. Or, de nombreux internautes ont pointé du doigt son manque d’engagement public en faveur de Boualem Sansal, emprisonné depuis la mi-novembre en Algérie.
Deux poids deux mesures ? C’est ce qu’ont dénoncé de nombreux utilisateurs de la plateforme X à l’égard d’Emmanuel Macron. Quelques heures à peine après le déroutement par l’armée israélienne du Madleen, un navire humanitaire qui avait pour objectif de « briser le blocus de Gaza », ce lundi 9 juin, le président a exigé le retour des six ressortissants français qui se trouvaient à bord du voilier, dont l’eurodéputée LFI Rima Hassan, « dans les plus brefs délais ».
Une célérité qui a fait tiquer plus d’un internaute. « Boualem Sansal n’a pas le droit au même empressement », a ainsi comparé une utilisatrice du réseau social X. « On aurait apprécié que cela soit dit aussi clairement et ouvertement pour Boualem Sansal, prisonnier politique en Algérie pour délit d’opinion. Mais visiblement, seuls les influenceurs et influenceuses Insta Gaza de la « Croisière s’amuse » y ont droit », a abondé une autre.
Pour rappel, l’écrivain franco-algérien, critique du régime d’Abdelmadjid Tebboune, est détenu depuis la mi-novembre en Algérie. Il a été condamné à cinq ans de prison pour des déclarations au média Frontières, dans lesquelles il estimait que l’Algérie avait hérité, sous la colonisation française, de territoires appartenant jusque-là au Maroc. Âgé de 80 ans et malade, son procès en appel se tiendra le 24 juin prochain. Lors d’un rassemblement de ses soutiens, fin mai, le romancier et philosophe Pascal Bruckner n’avait pas hésité à pointer du doigt l’inaction du président : « Emmanuel Macron aurait pu taper du poing sur la table et exiger le retour inconditionnel de Boualem Sansal en France. Il n’a rien fait ».
C’est également ce qu’a déploré l’essayiste Ferghane Azihari ce 9 juin tout en constatant, dans le même temps, la vivacité du chef de l’État à condamner l’interception du bateau humanitaire par Israël. « Des mois que Boualem Sansal, atteint d’un cancer, est enfermé par la dictature algérienne qui viole tous les droits à la défense dans ce qui s’apparente à une parodie de justice et la diplomatie française passe son temps à ménager des autocrates qui pourchassent leurs opposants sur le sol français », a-t-il asséné.
« Ici, quelques instagrameurs en mal de sensations sont interceptés avec des sandwichs à l’arrivée, et ça se la joue cow-boy en invoquant « la protection consulaire » quand tout le monde sait que ces gens ne risquent rien », poursuit le chroniqueur. Avant de tacler « cette diplomatie du spectacle qui consiste à jouer les matamores là où l’enjeu est nul tout en s’écrasant face aux véritables despotes, ce qui est proprement insupportable ».
Plus tôt ce lundi, le ministère israélien des Affaires étrangères avait annoncé que le Madleen, navire affrété par l’organisation propalestinienne Freedom Flotilla Coalition, avait été dérouté et allait accoster en Israël, d’où ses passagers devront « retourner dans leurs pays ». Parti d’Italie le 1er juin, le navire se dirigeait vers la bande de Gaza malgré l’ordre donné par l’État hébreu à son armée de l’en empêcher.
Source Le JDD