Charlie Hebdo: jugés pour avoir diffusé les noms des frères Kouachi

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Deux policières, un ex-agent de la DGSE et un journaliste indépendant étaient jugés, ce mercredi, pour avoir diffusé l’identité des frères Kouachi pendant leur traque, qui a duré deux jours, en janvier 2015.
L’identité des frères Kouachi, auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, aurait dû rester secrète jusqu’au bout, pour ne pas compromettre les chances des enquêteurs français de les neutraliser. Pourtant, des fuites ont eu lieu très rapidement après la fusillade, livrant au public les noms des deux frères terroristes.
Ce mercredi, la 17e chambre correctionnelle de Paris a vu s’avancer quatre prévenus. Tous sont soupçonnés, chacun à leur manière, de s’être rendus responsables de cette diffusion, qui a fait disparaître « tout espoir de surprise », selon le procureur, dans la traque qui a pris fin le 9 janvier, dans une imprimerie de Dammartin-en-Goëlle. Le tribunal s’est attaché à établir les responsabilités de chacun.

Parmi les prévenus, Pierre Martinet, ancien de la DGSE (renseignements extérieurs) qui s’est reconverti dans la sécurité privée, avait diffusé sur sa page Facebook un avis de recherche des deux tueurs et d’un supposé complice (rapidement mis hors de cause).
Le reporter indépendant Jean-Paul Ney, qui comparaissait à ses côtés, a, notamment partagé sur Twitter un cliché de la carte d’identité de Saïd Kouachi sous ces mots: « On vous tient enfants de putain ».
Tous les deux étaient poursuivi pour recel de violation du secret professionnel. Le parquet a requis 3000 euros d’amende avec sursis à leur encontre, quand il a demandé deux mois de prison avec sursis contre les deux fonctionnaires de police accusées d’avoir transmis des copies de documents d’identification des frères Kouachi. Elles comparaissaient pour violation du secret professionnel et du secret de l’enquête.

Cette carte d’identité de Saïd Kouachi avait été retrouvée dans la voiture utilisée par les deux hommes pour leur commando meurtrier. Le cliché de ce document, pris par des téléphones de policiers, a très vite circulé. Jean-Paul Ney, qui a mis la main sur cette photo et en a diffusé d’autres, justifie sa démarche de diffusion par « un impératif prépondérant de sécurité publique ».
« Je n’ai fait que vérifier, j’ai trois feux verts » de la part de sources, « je publie », a-t-il lancé face aux juges. Le prévenu se targue d’avoir accumulé « 20 ans de travail intense, sur le terrain ». Il évoque aussi la protection policière dont il fait l’objet, car il aurait été menacé par des djihadistes.
Une diffusion « irresponsable »
« A un moment où on a deux terroristes en fuite qui ont déjà tué dix personnes et n’hésiteront pas à tuer quelqu’un d’autre », constate la procureure, il « sort complètement de son rôle ». Elle cite des policiers qui ont jugé cette diffusion « irresponsable » et nuisible à l’enquête. Pierre Martinet, qui avait diffusé ce cliché sur Facebook, a assuré qu’il l’avait obtenu de Jean-Paul Ney.
Les juges ont également entendu deux policières, de Marseille et de Brest, accusées d’avoir transmis les documents litigieux à Pierre Martinet. Ni l’une ni l’autre n’appartenait au moment des faits aux services chargés de l’enquête sur l’attentat contre Charlie Hebdo (DGSI, Sdat et Section antiterroriste de la Brigade criminelle), mais elles ont pu se procurer ces documents secrets. L’une reconnaît des échanges de MMS avec Pierre Martinet, mais déclare: « pour moi, je ne les ai pas envoyés ».

L’autre estime qu’elle n’a fait que chercher à vérifier l’authenticité de ce qu’elle avait reçu sur son téléphone portable, pensant que c’était de l’intox. « Je trouvais ça rapide qu’on ait déjà les noms en fait », a-t-elle expliqué à la barre du tribunal, « je me suis dit, c’est encore une connerie qu’on reçoit ». Quelques heures plus tard, un avis de recherche officiel était diffusé. Les personnes qui comparaissaient ce mercredi ne sont pas celles à l’origine de la fuite initiale. L’enquête confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », n’a pas retrouvé l’auteur de cette fuite. A l’issue des plaidoiries de la défense, qui demandent la relaxe, le tribunal devrait mettre son jugement en délibéré.
Source :

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/charlie-hebdo-au-tribunal-pour-avoir-diffuse-les-noms-des-freres-kouachi_1809949.html

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