Hommage au combattant juif Marcel Langer

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A l’initiative de l’Association nationale des anciens combattants de la résistance, une commémoration a lieu, ce matin, devant la tombe du résistant Marcel Langer au cimetière Terre-Cabade.
Marcel Langer, héros de la Résistance, guillotiné dans la prison Saint-Michel à Toulouse le 23 juillet 1943, est enterré «la tête entre les jambes» au cimetière Terre-Cabade. C’est là, devant sa tombe, que se réuniront ce matin (11 heures) de nombreuses personnalités pour rendre hommage à ce personnage hors du commun. Cette commémoration «de l’assassinat du Résistant» est placée sous l’égide de l’Association nationale des anciens combattants de la résistance (ANACR). À Toulouse, la trace de Marcel Langer est particulièrement présente dans la mémoire collective et sur des plaques commémorant les faits d’armes du résistant sont visibles dans la station de métro qui porte son nom, sur la façade de la prison Saint-Michel. Il y a bien une école Marcel Langer à St-Jean, une rue mais à Pins-Justaret et une avenue à Seysses.
Marcel Langer ? En résumé, la vie fulgurante (il décède à l’âge de 40 ans) d’un juif polonais, qui à l’époque de son enfance était la Galicie autrichienne, qui a commencé par fuir les persécutions antisémites avec sa famille pour s’installer en Palestine.
«Un exemple»
Surtout un homme gonflé à bloc qui va s’illustrer d’abord en combattant les Anglais en Palestine, puis dans les Brigades internationales alors qu’éclate la guerre d’Espagne (1936) pour enfin terminer le combat au côté des Francs-tireurs et partisans — Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI), mouvement résistant armé qu’il dirigera pendant l’Occupation avant que le groupe ne se rebaptise Marcel-Langer. «Marcel Langer est le représentant exemplaire de ces combattants qui ont consacré une vie à la défense des libertés menacées par le fascisme», avait écrit l’historienne Rolande Trempé (qui a enseigné à l’université du Mirail). «Son sang, que la guillotine française avait répandu, fut le levain qui fit germer dans la région de Toulouse des générations de résistants. Gloire à ces hommes audacieux qui surent créer l’espoir à une époque où le pays se trouvait dans une situation dramatique, ayant non seulement perdu la guerre et se trouvant occupé, mais ayant perdu son moral et doutant de lui-même, ils surent l’aider à relever la tête», avait dit de lui le résistant toulousain Serge Ravanel, ancien commandant des FFI de la région de Toulouse et compagnon de la Libération.
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Un assassinat ?
Assassinat ou exécution ? Les termes sont importants dans le cas du résistant Marcel Langer qui a été guillotiné comme un condamné à mort de droit commun et non fusillé comme l’étaient les résistants ou les opposants politiques au régime de Vichy. Son procès apparaît aujourd’hui comme une véritable mascarade. Lors de son procès par les services de Vichy, le procureur Lespinasse avait demandé la peine de mort à l’issue d’un réquisitoire scandaleux de sévérité contre l’origine et les engagements de l’inculpé. «Vous êtes juif, étranger et communiste, trois raisons pour moi de réclamer votre tête», aurait même déclaré le magistrat. «Vive la France ! À bas les Boches ! Vive le Parti communiste !», a crié le détenu en sortant de sa cellule, alors que les autres entonnaient la Marseillaise.

Aujourd’hui pensionnaire d’une maison de retraite de Saint-Orens de Gameville, Freddy Szpilfogiel est la dernière personne encore vivante a avoir vu Marcel Langer au matin de son exécution. Freddy était membre de l’organisation juive de combat (OJC). En juillet 1943 il est arrêté en possession de fausses cartes d’identité qu’il avait mission de distribuer aux combattants étrangers du sud ouest. Le matin du 23 juillet, il est en instance de jugement dans une cellule située au 1er étage de la prison Saint Michel lorsque des bruits de pas réveillent le quartier l’heure du laitier. «Il passait dans le couloir. Il était accompagné du rabbin Hosanski», surnommé le Rabbin à la mitraillette par les maquisards. Lorsqu’il a crié «Vive la France, à bas les boches, vive le parti communiste», «Nous avons tous entonné l’Internationale». Fidèle à ses convictions communistes «Langer a dit au Rabbin qu’il n’avait pas besoin de ses prières. Puis il lui a remis une lettre.» Dans ce court texte écrit en Yiddish, sa langue natale, Marcel Langer exprimait ses dernières volontés concernant sa fille Rosa et Cecilia Molina, qu’il avait épousé lorsqu’il combattait en Espagne au sein des brigades internationales puis dans la 35e division de mitrailleurs. «Par la suite, ce courrier a été remis par le rabbin à l’Union des Juifs pour la résistance et l’entraide (UJRE) qui avait son siège 27 rue Bayard. Mais finalement, la lettre s’est perdue», se souvient un ancien membre de l’UJRE qui préfère conserver l’anonymat.
Marcel Langer aurait pu échapper à cette exécution. Interpellé en gare Saint-Agne alors qu’il venait de prendre livraison d’une valise pleine d’explosif en provenance d’Ariège, il n’était pas exactement l’adepte du marché noire que le commissaire Dallas et son stagiaire Robert Barran, qui deviendra plus tard capitaine du stade toulousain, traquaient à la sortie du train. Le pâle trafiquant était en fait un gros poisson de la Résistance, arrêté par erreur. Lorsqu’ils se rendent compte de la méprise les deux policiers tentent d’organiser l’évasion fictive de leur prisonnier. Le plan était simple. Le commissaire devait être retrouvé attaché dans son bureau par le prisonnier qui évidemment avait eu le temps de prendre la fuite. «Mais la hiérarchie policière n’a pas suivi», raconte un témoin de l’époque. Marcel Langer a donc été guillotiné comme un vulgaire droit commun dans la cour de la prison Saint Michel. Ceux qui ont assisté à son exhumation de la fosse commune du cimetière de Terre Cabade en 1945, se souviennent encore de la vision de son corps mutilé dont la tête avait été déposée sur les jambes.

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http://www.ladepeche.fr/article/2014/07/27/1925063-hommage-au-resistant-marcel-langer.html

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