Iran, Arabie saoudite, Syrie… Où en sont les pays arabo-musulmans ?

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Par Abnousse Shalmani
OPINION. IL N’Y A NI CONCORDE NI HOMOGÉNÉITÉ DANS LE MONDE ARABO-MUSULMAN, SAUF POUR DÉSIGNER L’ENNEMI COMMUN : ISRAËL. MAIS NE NOUS Y TROMPONS PAS : DERRIÈRE LES POSTURES, LES INTÉRÊTS GÉOPOLITIQUES DIVERGENT.

Le 11 novembre dernier étaient réunis à Riyad les pays membres de la Ligue arabe et ceux de l’Organisation de la coopération islamique. C’est inédit, ils n’aiment pas trop se mélanger, les chiites, les sunnites, les Frères musulmans et les monarchies ; il n’y a ni concorde ni homogénéité dans le monde arabo-musulman. Mais ils sont tous venus, ils étaient tous là, le roi Abdallah II de Jordanie, Mahmoud Abbas, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, l’incontournable émir du Qatar le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani.
Ils ont parlé d’une seule voix, pour une fois. Ils ont été d’accord pour se mettre d’accord sur l’ennemi commun : Israël. Ils ont demandé un cessez-le-feu à Gaza, condamné « l’agression israélienne » et « les crimes de guerre et les massacres barbares et inhumains perpétrés par le gouvernement d’occupation », et puis c’est tout. Ah non ! Ils ont aussi écouté le sultan Erdogan, Ebrahim Raïssi, surnommé le « boucher de Téhéran » depuis 1981, et Bachar el-Assad, le boucher de la Syrie, sans broncher.
Et pourtant il y avait de quoi broncher quand le président iranien Raïssi a demandé de rompre les relations économiques et politiques avec « l’entité sioniste », puis réclamé à tous de qualifier Tsahal, l’armée israélienne, d’organisation « terroriste » et d’armer les Palestiniens, histoire d’être certain que la région sera à feu et à sang pendant de longues décennies. Et il s’est aussi permis un peu pire, le boucher de Téhéran : « Nous baisons les mains du Hamas pour sa résistance à Israël. » Personne n’a bronché, et tout le monde a applaudi le pogrom du 7 octobre, alors que tous aimeraient se débarrasser du Hamas – sauf la mollahrchie d’Iran, qui tient encore debout grâce au sang versé par les terroristes qu’elle finance. Les Etats arabo-musulmans se sont tus et ont applaudi le boucher de Téhéran sans sembler se souvenir du massacre des Yéménites, près de 400 000 en dix ans, et par les rebelles houtistes armés par l’Iran et par l’Arabie saoudite, ni d’ailleurs du massacre des Syriens et par les brigades Al-Qods, la force armée iranienne à l’extérieur, et par les Russes de Poutine et par la faiblesse isolationniste de Barack Obama.
MBS DÉTIENT LA CLEF DU MOYEN-ORIENT
Tout le monde a très bien fait semblant d’oublier le siège et la destruction du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk au sud de Damas, qui comptait entre 120 000 et 200 000 Palestiniens. On n’est même pas capable de dénombrer le nombre de morts, mais ce fut une tragédie à la hauteur du Septembre noir (1970), massacre de Palestiniens perpétrés par le père d’Abdallah II, roi de Jordanie, qui n’a pas eu de mots assez durs pour dénoncer la guerre Israël-Hamas. Kamel Daoud a vu juste dans sa chronique du Point, Lettre à un Israélien inconnu : « Le Palestinien ne nous intéresse que mort, blessé, saignant ou enterré. Vivant, il importe peu. Son pays rêvé et espéré entretenait le sursis dans nos pays et sa guerre ne réveillait pas en nous l’envie de le libérer, mais celle de vous tuer. Vous nous dispensez de penser, bâtir, travailler et nous interroger sur nos actes et nos responsabilités. Le juif est la déresponsabilisation de l’arabe. »
Depuis, les applaudissements, on ne les a pas beaucoup entendus – sauf pour un cessez-le-feu. Si ce sont les Egyptiens et surtout les Qatariens qui négocient au grand jour, rien ne se fera sans l’Arabie saoudite. Peut-être que Paul Valéry a raison : « Paix ! Les seuls traités qui compteraient sont ceux qui se concluent entre les arrière-pensées. Tout ce qui est avouable est comme destitué de tout avenir. » Au jeu des arrière-pensées, MBS gagne à tous les coups. L’équation est simple : l’avenir de l’Arabie saoudite sera israélien. Autrement dit, pas de Vision 2030, le grand projet de MBS pour diversifier l’économie et sortir des énergies fossiles, sans les Etats-Unis et son nucléaire, sans Israël et sa technologie – comme sa proximité. L’Arabie saoudite tente d’obtenir un « processus » de reconnaissance d’un Etat Palestinien pour signer la normalisation avec Israël, tout en manigançant l’isolement de l’Iran avec le démantèlement des milices (Hezbollah, houtistes, Hamas) téléguidées par les mollahs. Sans paix, pas de prospérité. C’est dire si MBS, qu’on le veuille ou non, détient la clef de l’avenir du Moyen-Orient.
Source

L’’Express

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