La commission d’enquête sur les liens entre LFI et l’islamisme tourne au fiasco

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Pourquoi le RN et l’UDR semblent bouder une présidence qui pourrait revenir au député LFI Aymeric Caron
Laurent Wauquiez en avait fait un argument de campagne lorsqu’il briguait la présidence du parti Les Républicains : créer une commission d’enquête sur les liens entre La France insoumise et l’islamisme. Annonce fracassante qui avait longuement fait parler d’elle en apportant au député de la Haute-Loire l’effet désiré : braquer les projecteurs sur sa campagne. Cette annonce, comme celle d’envoyer les OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon, n’aura pas suffi ; c’est Bruno Retailleau que les adhérents élisent à la tête du parti. Premier échec.
Le 3 juin, nouveau camouflet. La création de la commission d’enquête est retoquée par la commission des lois. Deuxième échec. « Jour après jour se forme un faisceau d’indices dessinant des liens de complaisance et de soutien entre des élus de la République, essentiellement issus de La France insoumise, et des réseaux islamistes voire terroristes », pouvait-on lire dans l’exposé des motifs de la proposition de résolution. Cette dernière est jugée irrecevable car les députés de la commission votent à égalité pour et contre (23/23) la création de la commission d’enquête. Il est notamment reproché au texte de marquer une « obsession d’un parti unique » et de cibler ainsi uniquement La France insoumise.
Une commission anti-LFI
Le 18 juin, la Droite républicaine arrive en commission des lois avec un nouveau texte, épuré des références à LFI et élargi à l’ensemble des partis politiques. Cette fois, la commission est acceptée, avec 29 voix pour et 27 voix contre. Il ne restait donc plus qu’à lui constituer un bureau et lui trouver un président et un rapporteur afin qu’elle se mette au travail. Ce sera le député LR du Val-de-Marne, Vincent Jeanbrun, qui sera rapporteur. Selon le règlement, la présidence revient donc à un groupe d’opposition.
Le journal Marianne rapporte que les députés UDR Matthieu Bloch et RN Laurent Jacobelli auraient été approchés, mais sans succès. Lors de la réunion du 2 juillet, c’est donc la députée PS Sophie Plantel qui est élue… avant de démissionner quelques heures plus tard. Dans un communiqué, elle dénonce la commission du bureau qui ne comporte aucun député issu des quatre groupes de gauche. Certainement que l’élue de Lozère, qui ne cache pourtant pas ses différends avec LFI, a dû sentir la difficulté de l’exercice. Aujourd’hui, la commission se retrouve dans une impasse avant même d’avoir commencé ses travaux. Qui, pour la présider ? Seul Aymeric Caron, député LFI de Paris, se présentant, sa candidature avait toutes les chances d’être retenue. Un comble. Ce mardi 8 juillet, la réunion qui devait avoir lieu pour en décider a été reportée à la rentrée parlementaire de septembre. Selon Mediapart, l’entourage de Laurent Wauquiez avance comme raison la « disparition brutale » du députe LR d’Eure-et-Loir, Olivier Marleix, dont le suicide, hier, a frappé de stupeur l’ensemble de la classe politique. LR s’accorde surtout un sursis afin de trouver un président qui n’appartienne pas à La France insoumise.
Le RN refuse de « tomber dans le piège »
Du côté RN et UDR, il semble bien que personne n’ait guère envie de faire de fleur aux Républicains. « LR s’est décrédibilisé aux dernières législatives et cherche désormais à se racheter une vertu », explique à BV un député du camp national, « ils préfèrent l’union de la gauche à l’union de la droite ». Des propos en référence aux désistements des candidats NFP qui, dans nombre de circonscriptions, ont permis l’élection d’un candidat LR face au RN. « Ils cherchent à faire oublier leurs alliances contre-nature avec la gauche », dénonce un autre cadre. Sur Sud Radio, le député Vincent Jeanbrun a dénoncé le comportement des partis de Marine Le Pen et d’Éric Ciotti. « Vous avez des formations politiques, je pense à l’UDR et au RN, qui toute la journée vous expliquent qu’ils sont des patriotes et qu’ils luttent contre ce type d’idéologie, et qui là, aujourd’hui, pour uniquement des questions politiciennes – en gros, embêter les LR, que les LR ne prennent pas la lumière sur ce genre de combat -, vont ne pas prendre part au vote et laisser potentiellement Caron [être élu]. » « Que les LR prennent la présidence et nous serons rapporteur », explique à BV Hervé de Lépinau, député RN du Vaucluse. (Le rapporteur rédige le rapport final qui tire les conclusions de la commission d’enquête.) L’élu mariniste se félicite de ne pas être tombé dans « le piège ». « Forcément, ils ne veulent pas que nous regardions du côté de l’islamo-droitisme et de l’islamo-centrisme, ça leur fait peur. »
Auprès de BV, Charles Alloncle, député UDR de l’Hérault, garde la tête froide : « C’est grâce à nos voix que cette commission a été votée. » Il regrette l’absence des députés LR lors de l’examen du texte que présentait l’UDR pour interdire le mariage des clandestins et souligne que la formation de Laurent Wauquiez a voté contre la proposition de loi RN visant à durcir les conditions d’expulsions des délinquants étrangers. « Alors, nous n’avons pas de leçons à recevoir. »
Quelle impression cela donnera-t-il aux électeurs de droite ? Jugeront-ils les uns et les autres incapables de s’entendre au point de laisser à LFI les commandes d’une telle commission ? Ou entendront-ils ceux qui dénoncent les contradictions des Républicains ?

Source
Bvoltaire

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