
« La sécurité d’Israël n’est pas négociable » avait déclaré Sébastien Lecornu. Plusieurs visites en Israël. Rencontre avec Netanyahou.
SPECIAL. SEBASTIEN LECORNU PREMIER MINISTRE. La passation de pouvoir entre François Bayrou, qui a présenté sa démission ce mardi, et son successeur à Matignon, Sébastien Lecornu, est prévue mercredi à midi. L’ex-ministre des armées proposera un gouvernement seulement à l’issue des discussions avec les partis.
Venu de la droite comme son ami Gérald Darmanin, celui qui ne connaissait pas le chef de l’Etat en 2017 a gravi les échelons du gouvernement et détient le record de longévité. Peu connu des Français, prudent et discret, le nouveau premier ministre a su habilement manœuvrer, au point d’être devenu un élément clé du dispositif du président de la République.
ISRAËL-FRANCE.
SEBASTIEN LECORNU, ALORS MINISTRE DE LA DEFENSE : « Israël est notre allié. Israël a le droit de se défendre. Il faut le redire et ceux et celles qui le contestent ont tort. Israël est un État souverain qui a le droit à sa sécurité ».
« La France a une position «claire» qui est de ne pas vendre d’armes à Israël. «La position de la France est on ne peut plus claire. Il n’y a pas d’armes vendues à Israël. Et pour cause, Israël est un des principaux concurrents des industries françaises».
FRANCE/ISRAËL. L’ex-ministre de la Défense Yoav Galant avait rencontré dans son bureau à la Kirya son homologue français, Sébastien Lecornu, et lui avait déclaré que « même si le Hezbollah cessait le feu unilatéralement, Israël ne cesserait pas le feu tant qu’il n’aurait pas garanti le retour en toute sécurité des habitants du nord dans leurs foyers ».
Yoav Gallant avait ajouté qu’ »Israël préfère mettre fin au conflit avec le Hezbollah en parvenant à une solution politique. Cependant, nous nous préparons à créer une situation sûre pour le retour des résidents, également par des moyens militaires ».
ARCHIVES. LE PLUS. « Le ministre français des Armées est en Israël ce lundi, pour son second déplacement dans le pays depuis le début de la guerre déclenchée par les attaques du Hamas du 7 octobre. Sébastien Lecornu a débuté son déplacement par une rencontre avec son homologue israélien, Yoav Gallant. Au cours de cet entretien, ce dernier à fait savoir qu’Israël préférait de loin une solution politique avec le Hezbollah, mais qu’il se préparait également à une « option militaire » pour permettre aux habitants du nord de retourner chez eux et de vivre en paix.
« Une guerre dans le nord serait difficile pour Israël, mais véritablement dévastatrice pour le Hezbollah et le Liban », a souligné le ministre israélien.
Sébastien Lecornu a ensuite rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahou à Jérusalem. Dans un communiqué publié à l’issue de leur entrevue, le chef du gouvernement israélien a indiqué que la question libanaise avait occupé la majeure partie des discussions. Le Premier ministre a souligné que la nécessité d’éloigner les terroristes du Hezbollah de sa frontière nord était « un objectif national de l’État d’Israël, basé sur les principes de la résolution 1701 du Conseil de sécurité », insistant sur le fait que cet objectif pouvait être atteint par des « moyens diplomatiques ou autres ». Benjamin Netanyahou a également demandé à Sébastien Lecornu de transmettre ses remerciements au président Macron pour le transfert de médicaments aux otages, tout en notant qu’Israël attendait toujours des preuves qu’ils avaient bien été remis aux intéressés.
SELON LE POINT. « Fidèle à Emmanuel Macron depuis le début, Sébastien Lecornu a été de tous les combats (le Grand Débat), des campagnes laborieuses (celle de 2022) comme des coups de Trafalgar (la dissolution de 2024) .
Le Point : Rien ne paraît pouvoir stopper l’escalade au Moyen-Orient. Vous étiez ce mardi en Conseil de défense autour du président de la République, que peut faire la France dans ce contexte hautement inflammable ?
Sébastien Lecornu : Il faut d’abord savoir nommer les responsabilités derrière l’agenda d’insécurité et de déstabilisation dans la région : il est porté par Téhéran et ses proxys, qu’il s’agisse des frappes conduites par le Hezbollah à la frontière nord d’Israël depuis un an, des frappes des milices chiites en Irak contre la coalition internationale en charge de la lutte contre le terrorisme, ou des attaques contre le commerce maritime international par les Houthis en Mer Rouge.
La sécurité d’Israël n’est pas négociable et c’est pourquoi les moyens militaires français ont été mis en alerte le 1er octobre pour parer l’attaque iranienne. Il faut aussi appeler très clairement Israël à ses responsabilités en matière de respect du droit international et de protection des populations civiles. C’est pourquoi la France appelle au cessez-le-feu à Gaza et au Liban et continuera de mettre les moyens militaires dont elle dispose, notamment les 700 soldats français qui servent au Sud Liban sous mandat onusien, au service des efforts de désescalade et de respect des résolutions des Nations-Unies.
La voix de la France porte moins dans la région…
C’est faux. La voix de la France est respectée, notamment parce que nous sommes engagés militairement dans la région. Nos 700 soldats de la Finul patrouillent toujours sur la ligne bleue [la frontière libano-israélienne, NDLR] dans des conditions difficiles. Très peu de pays disposent d’accès directs ou même d’ envoyés spéciaux, comme Jean-Yves Le Drian , capables d’être entendus aussi bien à Tel-Aviv qu’à Beyrouth. La France a aussi un canal direct avec Téhéran. On dit que nos messages de désescalade ne sont pas écoutés, mais je crois pouvoir dire que les Américains ont eux aussi parfois du mal à se faire entendre de certains…
La période dans laquelle nous sommes correspond à un nouveau moment de rupture stratégique, inédit depuis la fin de la guerre froide. Les menaces anciennes de type terrorisme n’ont pas disparu, tandis que la compétition entre grandes puissances a repris, y compris sous « voûte nucléaire ». Les sauts technologiques, la militarisation de l’espace et du numérique, la guerre informationnelle et l’exploitation des fragilités économiques permettent à des compétiteurs de mettre en oeuvre des menaces dont l’effet peut être gravissime. L’un des risques aujourd’hui pour la France est d’être défaite sans avoir été envahie.
Militarisation de l’espace, du numérique, guerre informationnelle… permettent à des compétiteurs de mettre en oeuvre des menaces dont l’effet peut être gravissime.
Vous reconnaissez que la France est à la traîne dans certains domaines. Lesquels ?
Je suis hanté par notre échec collectif sur les drones, qui date d’il y a dix ou quinze ans. Au lieu d’essayer de rattraper éternellement notre retard, j’ai décidé de sauter une génération technologique. En 2030, la France doit être à la pointe sur les différentes gammes de drones. Cette question passionne beaucoup le chef de l’État, qui me met une saine pression sur le sujet. [Sourire.]
Concernant l’IA, vous avez oeuvré au lancement de l’agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense (Amiad), qui doit s’appuyer sur un mégacalculateur assez secret, le « plus grand d’Europe », selon vous. Vous pouvez nous en dire plus ?
J’ai créé une agence complètement internalisée, un petit arsenal avec les meilleures équipes et des programmes d’application disruptifs. Cette agence servira de locomotive pour le pays car on permettra à des entreprises civiles de venir se brancher sur ce supercalculateur, dont – vous me pardonnez – je ne divulguerai pas les caractéristiques à ce stade. Nous serons une des premières puissances au monde en matière d’IA militaire et, à coup sûr, la première d’Europe.
Vous entrez dans votre huitième année comme ministre. C’est un record de longévité sous Emmanuel Macron !
Ma relation avec Emmanuel Macron s’est construite au fil du temps. Je suis fondamentalement loyal. Cette loyauté permet de créer la confiance, non seulement vis-à-vis de lui, mais aussi vis-à-vis de mes interlocuteurs dans ce ministère. Ensuite, à la différence peut-être de certains de mes semblables de ma génération en politique, j’ai une sobriété naturelle par mon caractère, je ne m’expose pas facilement. Je pense que, quand on n’a rien à dire, c’est bien de se taire. Communiquer tout le temps et être faible dans les actes ne permet pas d’être endurant sur le long terme. Enfin, mon engagement politique a été transformé par ce ministère unique. Je voulais fondamentalement être ici. »
LE PLUS.
BIO EXPRESS. Fils d’une secrétaire médicale et d’un technicien de l’industrie aéronautique, Sébastien Lecornu a fait des études de droit à l’Université Paris 2 Panthéon Assas.
De 2008 à 2012, il est conseiller du Secrétaire d’État aux Affaires européennes puis du ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire.
En 2014, il est élu maire de Vernon puis, en 2015, président du Conseil départemental de l’Eure. Il sera réélu aux élections municipales en mars 2020, conseiller départemental en juin 2021 et désigné à nouveau président du Conseil départemental de l’Eure en juillet 2021.
Sébastien Lecornu a, par ailleurs, été élu sénateur en septembre 2020. Il a décidé de ne pas siéger à la Haute-Assemblée, en respect de la loi sur le non-cumul des mandats, afin de poursuivre l’exercice de ses fonctions ministérielles.
Sébastien Lecornu est nommé le 21 juin 2017 Secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire dans le gouvernement d’Édouard Philippe.
En 2018, il est nommé ministre délégué en charge des collectivités territoriales. Il co-anime alors le Grand Débat National, qui s’est tenu à l’initiative du Président de la République début 2019 en réponse la crise sociale de l’automne 2018.
En juillet 2020, il est nommé ministre des Outre-mer dans le gouvernement de Jean Castex. Dans ce cadre, il supervise la gestion de la crise sanitaire dans les 12 territoires ultramarins français, répartis dans les trois océans. Il a également accompagné la fin de l’Accord de Nouméa en organisant les deux dernières consultations pour l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté.
Depuis le 20 mai 2022, il est ministre des Armées.
Sébastien Lecornu est également colonel de réserve dans la gendarmerie nationale.
Source
Israelvalley Desk
De toute façon Lecornu est premier ministre et la politique étrangère est le domaine réservé du président donc son influence sera inexistante. Il a déjà assez à faire avec les chaos migratoire, sécuritaire, budgétaire et social en France.