LE RAMBO DE LFI:20 ans, 3 plaintes, 6 gardes à vue… Le palmarès édifiant de Ritchy Thibault, jeune prodige de l’extrême gauche insurrectionnelle

Le collaborateur parlementaire de la députée LFI Ersilia Soudais fait de nouveau parler de lui après des propos dimanche soir que les autorités qualifient d’appel à l’insurrection. Il est interdit d’accès à l’Assemblée nationale.
Parmi les orateurs du rassemblement contre «l’islamophobie» qui s’est tenu dimanche soir place de la République, en présence d’élus de tous les partis de gauche, un jeune homme d’une vingtaine d’années s’est particulièrement distingué par la virulence de ses propos – à tel point que le préfet de police a annoncé dans la foulée son intention de «saisir la justice» . Le jeune révolutionnaire s’appelle Ritchy Thibault, il est le collaborateur parlementaire de la députée (La France insoumise) de Seine-et-Marne Ersilia Soudais, et il n’en est pas à son coup d’essai.

🔴 @BrunoRetailleau a saisi dimanche soir la justice contre @ritchy_thibault , collaborateur de la députée LFI @ErsiliaSoudais , pour "diffamation et appel à l’insurrection" lors d'un rassemblement à Paris contre l'islamophobie pic.twitter.com/0WS0zGlhri

— Robert (@La_Pollice) April 27, 2025

«Qui sont les responsables de la mort d’Aboubakar, qui a du sang sur les mains ? C’est CNEWS ! c’est Monsieur Bolloré ! C’est Frontières !» a-t-il d’abord lancé au mégaphone sous les applaudissements de la foule, estimant que le meurtre d’un musulman dans une mosquée du Gard vendredi est de la responsabilité des médias qu’il cite. Avant de proférer ce que les autorités semblent considérer comme un appel à l’insurrection : «On ne peut pas compter sur les institutions ! La police, la justice véhiculent l’islamophobie et le racisme ! On ne peut compter que sur nous-mêmes. Il faut qu’on se défende par nos propres moyens ! Il faut constituer partout dans le pays des brigades d’autodéfense populaire !»

Aux côtés de Laurent Nuñez, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a signalé également ces propos au procureur de la République. C’est déjà la deuxième fois : début octobre, d’autres propos lui avaient valu également un signalement, lorsqu’il avait déclaré au cours d’un rassemblement de soutien à Gaza que «le seul chemin dans les rues de Paris, c’est l’intifada». Le mot arabe, qui se traduit par «soulèvement» en français, renvoie à la révolte des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza contre Israël, déclenchée en décembre 1987 et en septembre 2000. La première intifada est aussi appelée «guerre des pierres» et renvoie aux jets de pierre sur des soldats israéliens commis par de jeunes Palestiniens.
Ces outrances verbales lui ont valu en réalité d’avoir déjà à son actif une liste de procédures et de plaintes longue comme le bras. Depuis octobre, Ritchy Thibault est interdit d’accès à l’Assemblée nationale par les services de l’Assemblée – interdiction contre laquelle il a déposé un recours. La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet avait indiqué mi-avril que Ritchy Thibault s’était néanmoins introduit «frauduleusement» dans l’enceinte parlementaire malgré cette interdiction.
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Plus récemment, Bruno Retailleau a déposé plainte pour «injure publique» contre le collaborateur parlementaire, après qu’il a qualifié les policiers d’«enfants de Pétain». «La collaboration entre les enfants de Pétain de la police nationale et les torchons de Bolloré est logique. Rien d’étonnant dans le fait d’être fiché par un régime en cours de fascisation», avait écrit Ritchy Thibault à propos d’un article d’Europe 1 qui indiquait qu’il était inscrit dans au moins deux fichiers de police.
Jordan Bardella et même Emmanuel Macron avaient porté plainte contre lui en 2024, chacun pour des menaces : Ritchy Thibault avait promis d’«éradiquer» le premier, et évoqué devant le second, en plein Salon de l’Agriculture, le fait que la France était «le pays de la Révolution française, le pays qui fait tomber la tête des monarques».
Ritchy Thibault a été entendu par la police dans le cadre de l’enquête ouverte à la suite de la plainte du président du RN, et a passé une cinquantaine d’heures en garde à vue. De même qu’il est convoqué, cette fois pour une audition libre, ce mercredi 30 avril : il devra répondre de ses propos concernant la manifestation du 1er mai pour laquelle il invite les factions de gauche à «déborder le dispositif» de sécurité.
À 14 ans sur les ronds-points avec les gilets jaunes
Le jeune homme est dans un commissariat comme chez lui à présent : il a déjà été placé au moins 6 fois en garde à vue au cours des précédentes mobilisations dans la rue, notamment en marge du mouvement contre la réforme des retraites.
Si son militantisme est désormais en grande partie consacré à dénombrer, sur les plateaux et dans les colonnes de médias partisans, le nombre de «discriminations» qu’il dit subir, Ritchy Thibault a déjà eu l’occasion à plusieurs reprises de faire le récit de son parcours politique. Il dit ainsi s’être politisé au sein du mouvement des «gilets jaunes» : il avait 14 ans en 2018 lors de ses premières actions sur les ronds-points ; et se décrit encore comme «fils de voyageurs, fils d’une mère gitane et d’un père manouche», estimant que c’est parce que «pour la première fois un collaborateur politique a un profil sociologique qui ne convient pas à la classe dominante» que Yaël Braun-Pivet lui a interdit l’accès à l’Assemblée.
Ritchy Thibault a convaincu sa députée Ersilia Soudais de s’engager dans la lutte contre les discriminations faites à la communauté des gens du voyage, sujet qu’ils placent désormais tous les deux parmi les plus importants de leur engagement politique.
Le jeune collaborateur parlementaire est encore le porte-parole du collectif PEPS, «Pour une Écologie Populaire et Sociale», et auteur de deux livres aux éditions Massot dont le premier, Arrachons une vie meilleure ! Le manifeste du jeune activiste face aux périls qui guettent l’humanité, est un manifeste prônant la révolte «populaire et autogestionnaire» face à la conjonction des crises sociale et écologique
Sur ses réseaux sociaux, il relatait en 2022 la maturation de son engagement politique à la faveur d’un récit itinérant à la rencontre de différents profils de personnes engagées à gauche ou à l’extrême-gauche. Au fur et à mesure de ses pérégrinations à travers le pays, on y rencontrait ainsi «Clémentine qui est membre de la chorale féministe Nos Lèvres Révoltées» qui «unit sa voix contre le système patriarcal et cis-hétéronormatif» ; «Leslie, Philippe et Marc qui sont tous les trois membres du Syndicat Sud Santé Sociaux du CHU de Besançon» et qui s’insurgent entre autres choses de la suspension des soignants non-vaccinés ; ou encore «Mado et Moon, deux salariés du refuge solidaire de Briançon» qui accueille des réfugiés. Un vaste melting-pot où se croisent tous les combats de la gauche militante, syndicale, médiatique, politique ou associative.
Ritchy Thibault a commencé à Paris des études d’histoire, qu’il a interrompues pour «mettre le feu au capitalisme».
SOURCE
LE FIGARO