« L’inépuisable résistance d’Israël »

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par Raphaël Jerusalmy
Le moment historique que marque l’intervention américaine s’accompagne d’une intensification des frappes israéliennes devant les possibles ripostes de l’Iran, du Yémen, des milices chiites pro-iraniennes, ainsi que d’un retour à la consigne de rester proche des abris. À la fois ravis et anxieux, les Israéliens ont encore passé une nuit blanche. La énième depuis le 7 octobre 2023. Ou plutôt, depuis 1948. Sans que leurs ennemis parviennent à les exténuer. Depuis les massacres du 7 octobre, l’Iran et ses proxies ont opté pour des stratégies d’attrition à l’égard d’Israël, persuadés qu’ils jouissaient du pouvoir d’épuiser ce petit pays de dix millions d’habitants. Ils l’ont harcelé pendant des mois sur plusieurs fronts, escomptant l’avoir à l’usure, « à force et à la longue ».
De fait, Israël n’a pas de profondeur géographique, ni économique, ni démographique. Autrement dit, pas d’endroit vers où battre en retraite, pas la capacité budgétaire et énergétique de mener un conflit prolongé, et enfin pas suffisamment de citoyens pour soutenir un effort de guerre sur le long terme. C’est la raison pour laquelle Israël fait tout pour repousser immédiatement la zone de combat au-delà de ses frontières. Il y est parvenu dès le 8 octobre 2023. En revanche, la bataille dure depuis lors et s’est étendue jusqu’au Yémen et à l’Iran.
Malgré cela, l’économie tient bon et les réservistes résistent au surmenage que leur imposent de longs mois d’engagement. L’ennemi a omis le fait qu’Israël fait front à l’adversité depuis sa création, soit depuis 1948. D’où sa capacité d’endurance, « à force et à la longue ». Menacé de destruction, ce petit pays n’a pas d’autre choix que de vaincre. Loin de s’essouffler, il est parti en campagne contre un monstre de plus, le monstre iranien.
Depuis des mois, les Israéliens sont éprouvés physiquement, mentalement, pécuniairement. Ils souffrent dans leur cœur pour leurs frères détenus par le Hamas. Ils souffrent de lire les noms des soldats tombés, sur leurs écrans, auxquels s’ajoutent désormais ceux des civils, y compris des enfants, périssant sous une pluie de missiles. Ils souffrent du refus du monde de reconnaître leur souffrance. Ils souffrent de voir leurs enfants déboussolés par ces longs mois d’anormalité. Mais ils ne désarment pas. Ils luttent pour les otages encore en vie, et même pour les corps de ceux qui ne le sont plus, tandis que le gouvernement français se montre impuissant à obtenir la libération de l’un de ses citoyens, Boualem Sansal. La France est-elle donc fatiguée à ce point ?
Ces dernières nuits, comme durant des milliers de nuits auparavant, des missiles, des drones et autres projectiles se sont abattus sur les Israéliens dans le but de les réveiller brusquement, de les fatiguer à la longue, de les tuer. Ce que l’ennemi n’a pas compris, c’est que les Israéliens n’ont pas fermé l’œil depuis le 7 octobre. Et qu’ils ne le fermeront à nouveau que lorsque justice sera faite. Ils ont désappris le sommeil, l’indolence. La somnolence et la torpeur, ils les laissent aux dirigeants européens. Oui, les Israéliens en ont marre de la guerre. Mais pas au point de la perdre. Un feu souterrain brûle au plus profond de leur âme, un flambeau passé de génération en génération à travers les épreuves de l’histoire, une flamme que nul ne pourra éteindre.
Raphaël Jerusalmy
Ancien officier du renseignement militaire israélien, Auteur d’ »Evacuation » chez Acte Sud, Raphaël Jerusalmy est chroniqueur et éditorialiste sur i24News.

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