PYRENEES-ATLANTIQUES , VIVEN: une famille juive américaine vient remercier ses anciens sauveurs

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« Si nous sommes là aujourd’hui, c’est grâce au courage de votre famille. » Dans la petite mairie de Viven, Daniel Bergstein, un avocat américain qui vit entre Paris et New York, est entouré de ses deux frères, Michael et Joel, et d’une bonne partie de leur famille. L’homme s’adresse à Pierre Dartau, le maire de la commune; mais surtout, en cette circonstance, le représentant des nombreux membres de la famille Dartau et Pychicot-Coustau réunis en cette fin de matinée.
Lors des heures sombres de la Seconde Guerre mondiale, les familles des Américains et des Béarnais ont partagé pendant un peu plus d’un an la vie quotidienne du village. Fin 1943, Max Bergstein, le père de l’avocat, son grand-père Arnold, ainsi que sa grand-mère et sa tante fuient le régime nazi. Ils trouvent refuge dans la petite commune béarnaise. « Ce n’est qu’aujourd’hui que nous mesurons les risques qu’ils ont pris », s’émeut l’avocat.
Ils changent de nom

Dernier témoin de cette page d’histoire, Pierrette Pargade, 91 ans, raconte : « Le village était réputé pour son entente. Tout le monde y vivait comme dans une grande famille. Et personne ne posait trop de questions. » C’est son frère André Dartau, maire de la commune à l’époque, qui facilite l’installation des nouveaux arrivés. Les Bergstein deviennent des Casanova. L’édile a établi de fausses cartes d’identité, fourni des cartes d’alimentation, bataillé des heures avec la gendarmerie pour tenter de s’opposer à un recensement de la population ordonné par les autorités allemandes. Une partie des réfugiés a réussi à traverser les Pyrénées. Les autres, dont Max Bergstein, ont été interceptés. Son grand-père et sa tante ont été déportés à Auschwitz.
Dans les deux familles, la française et l’américaine, ces pages ne sont que très rarement évoquées. « J’ai toujours été très surpris par le silence autour de ces affaires. Je ne me souviens pas que mon père et ma grand-mère en aient parlé. Nous avions des bribes, sans plus. Sans doute parce qu’ils trouvaient naturel ce qu’ils ont fait », analyse Pierre Dartau.
La curiosité des petits-enfants
On n’est pas plus bavard chez les Bergstein. C’est l’insistance des petits-enfants qui cherchent à reconstituer l’histoire familiale qui conduit l’avocat, en 1997, à prendre contact avec les Dartau. Les liens se renouent avec des visites chaque année. « Nous nous sommes dit qu’il fallait laisser une trace de cette histoire. »
La mémoire a pris la forme d’une sculpture qui a été officiellement remise et dévoilée vendredi en fin de matinée dans la mairie de Viven. Joel Bergstein, chirurgien, a laissé parler son coeur : « Le plus grand cadeau qu’on peut offrir, c’est le cadeau de la vie, et c’est ce cadeau que vous avez offert à notre famille. »
► La sculpture d’une artiste israélienne
La sculpture remise hier à la famille Dartau représente une femme assise sur un banc. Un livre est ouvert. Sur une page, on peut y lire : « Grâce à vous, nous sommes là. Merci. La famille Bergstein. » Cette oeuvre est sortie de l’atelier d’une artiste, Ruth Bloch, qui vit en Israël. Daniel Bergstein est un admirateur de sa production et collectionne ses oeuvres.

« Je lui ai raconté l’histoire de notre famille et des Dartau. Elle a été très touchée, car sa propre famille a vécu des choses comparables. » Pour répondre à la commande de l’avocat, Ruth Bloch est venue en Béarn, voilà deux ans, pour mieux s’imprégner de son sujet.
La sculpture prendra place dans la mairie, accompagnée d’une notice. « Je trouve que l’on ne met pas assez en lumière les Français qui ont sauvé des juifs. Cette histoire est trop belle pour ne pas être racontée », témoigne Daniel Bergstein.
source :
http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2015/10/03/une-famille-juive-americaine-est-venue-dire-merci-a-viven,1279685.php

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3 Commentaires

  1. Nitzotz dit :

    Très touchant.
    Je me souviens, enfant, avoir visité en famille le couple de paysans auvergnats et leurs enfants, qui pendant deux ans avaient caché et hébergé ma mère et mon oncle.
    Là aussi, tout le village était au courant et n’avait pipé mot.
    Qu’ils en soient ici remerciés et que D.ieu les bénisse, ces Justes parmi les Nations, qui n’en tiraient aucune gloire et à qui je dois d’exister aujourd’hui.

  2. caio dit :

    Oui , il y a eu des gens biens et qui ne se sont jamais vantés de risquer leur vies , pour en sauver d’autres : bravo à ces gens de coeur ! Bravo ! Dieu est Juste et Droit !

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