Révélation choc : à 71 ans, il découvre être né dans un Lebensborn, les mystérieuses maternités nazis

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Par Guilherme Ringuenet
En 2014, Jean-Pierre Roulet découvre par hasard qu’il n’est pas celui qu’il croyait être. Une simple recherche généalogique va bouleverser sa vie et révéler son passé d’enfant né dans l’une de ces mystérieuses maternités créées par les nazis, un Lebensborn.
Ces établissements – « fontaines de vie » en allemand ancien – cachaient un projet terrifiant : fabriquer une race aryenne pure pour le IIIe Reich. Entre 1935 et 1945, plus de 20 000 bébés sont nés dans ces maternités SS, dispersées à travers l’Europe occupée. Des enfants sélectionnés selon des critères raciaux stricts : blonds, grands, aux yeux bleus. Jean-Pierre Roulet, ancien sous-officier dans l’Armée de l’air et père de trois enfants, a vécu des décennies sans connaître la vérité sur ses origines, avant que le passé ne le rattrape en 2014. Le documentaire Secrets de famille, l’héritage invisible (2019) retrace son histoire. Il raconte…

« Ce fut un coup de massue. En 2014, je découvre que je suis un fils du Lebensborn de Picardie. Ma mère ne m’a jamais caché qu’elle m’avait adopté. Seulement, elle m’avait dit que j’avais été trouvé dans les ruines d’un bombardement dans la Meuse. Après son décès, le questionnement sur mes origines est devenu plus insistant. J’en parle à ma femme qui m’encourage à enquêter. En même temps, sans que je me l’explique, j’éprouve une crainte à connaître la vérité. En 2014, je me lance. Je m’adresse d’abord au Cercle généalogique de l’Aunis, en Charente-Maritime, où je vis. Puis direction Bar-le-Duc. C’est la ville qui figure sur mon acte de naissance. L’administration m’oriente vers le conseil départemental. Là, je suis reçu par un agent, mais aussi par une assistance médicale et psychologique. Un traducteur est également là ».
Un enfant sorti d’une pouponnière SS
« Je ne comprends pas bien la raison d’un tel comité d’accueil. Une angoisse monte en moi. À ma grande stupéfaction, j’apprends que je suis passé par le Lebensborn de Lamorlaye. D’un seul coup, d’orphelin de guerre, je deviens un enfant sorti d’une pouponnière du Troisième Reich. Une telle nouvelle ne laisse pas indemne. Alors que je cherchais à clarifier mes origines, me voilà plongé dans un épais brouillard. Je n’avais jamais entendu parler des Lebensborn. Heureusement, à la mairie de la préfecture de la Meuse, une employée qui a appris mon histoire m’offre le livre du journaliste Boris Thiolay La Fabrique des enfants parfaits (éd. Flammarion) sur ces maternités SS. Commence alors pour moi une nouvelle enquête… »
Un père allemand et une mère française
« En 2017, j’apprends mon nom de famille de naissance. Quelque temps après, grâce à l’aide de documentaristes qui travaillent sur Lamorlaye, ma première existence se précise. Mon père était un officier de la Schutzpolizei (gendarmerie montée) en poste en France. Ma mère, une infirmière française qui a travaillé dans un hôpital d’Argenteuil. C’est dans cette ville de la banlieue parisienne qu’ils se sont rencontrés et que je suis né. Je ne suis pas un enfant désiré… Huit jours après ma naissance, mon père biologique, en raison de son statut d’officier, m’abandonne au Lebensborn Westwald. Nous sommes fin décembre 1943. J’y reste quelques mois, puis je suis transféré en Allemagne. À mesure que les Alliés avancent, je suis ballotté dans différents foyers et établissements SS jusqu’à Steinhöring, près de Munich, la maison mère des Lebensborn, au printemps 1945. »

« Après la capitulation allemande, je suis pris en charge par la mission de l’administration des Nations Unies pour le secours et la reconstruction. Greta Fischer, l’une de ses volontaires, s’occupe de moi au cloître d’Indersdof où les enfants orphelins sont accueillis. Ma santé est très mauvaise : je ne parle pas, je mange très peu et, marqué par les bombardements, le moindre bruit m’effraie. Elle craint que je sois autiste. Mais grâce à ses bons soins, je reprends vie. Je suis ensuite transféré à la Croix-Rouge française en poste à Tübingen jusqu’en juillet 1946. J’y fais la rencontre d’une infirmière qui va devenir ma mère, Francine. »

Une famille en Allemagne
« Cela peut surprendre : je suis maintenant soulagé. Je sais d’où je viens. Lorsqu’en 2019, la vie de mes parents biologiques m’est révélée, cela ne change rien. Ma mère reste cette femme admirable qui a adopté trois autres enfants et que j’ai aimée plus que tout. Je n’ai qu’une maman, c’est elle. Les vrais héros sont les parents qui adoptent. Néanmoins, j’ai découvert que j’avais une autre famille. Je me suis rendu à Munich pour faire la connaissance de ma demi-sœur paternelle. Quand elle m’a vu, elle a fondu en larmes et s’est exclamée : « Tu ressembles encore plus à papa que mes frères décédés ! » J’ai aussi rencontré un neveu du côté maternel. Il m’a dit que ma mère biologique, sa grand-mère, n’avait jamais parlé de moi. Pas plus que mon père ne l’avait fait, d’ailleurs. Je suis toujours en contact avec cette famille élargie. Aujourd’hui, avec l’association Pour la mémoire des enfants des Lebensborn, nous souhaitons une reconnaissance de l’État en tant que victimes de guerre, comme en Norvège. Ce n’est pas pour l’argent, mais pour faire connaître cette histoire. »
Source
https://www.caminteresse.fr

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1 Comment

  1. joseparis dit :

    Quel courage d’arriver à voir son histoire en face comme le fait ce monsieur.

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