Salah Abdeslam jugé en Belgique : 4 questions sur un procès ultra-sensible

L’organisation du procès est un véritable casse-tête pour les forces de l’ordre françaises et belges.
La date du procès approche. Du 18 au 22 décembre, Salah Abdeslam, seul survivant des commandos djihadistes du 13-Novembre, comparaîtra en Belgique pour la première fois en public. Il n’y sera pas jugé pour les attentats qui ont fait 130 morts à Paris et à Saint-Denis mais pour la fusillade qui a précédé son arrestation dans une planque bruxelloise quatre mois plus tard. Par son ampleur et les répercussions qu’il ne manquera pas d’avoir, ce procès hautement sensible se déroulera évidemment sous étroite sécurité. Un véritable casse-tête pour les forces de l’ordre. Paris et Bruxelles discutent encore des conditions de son transfèrement entre Fleury-Mérogis et la salle d’audience : où et comment Salah Abdeslam sera-t-il incarcéré ?
# Les faits qui seront jugés
Au cœur du procès, la fusillade avec des policiers survenue à Bruxelles le 15 mars 2016 dans une planque qui abritait Salah Abdeslam, trois jours avant son arrestation dans la capitale belge, au terme de quatre mois de cavale. Cette planque, située à Forest, était considérée par les enquêteurs comme une habitation inhabitée où ils pensaient trouver des traces du passage des djihadistes ayant frappé Paris. Ils avaient alors été accueillis par des tirs. Trois policiers avaient été blessés, et l’un des occupants du logement, un djihadiste algérien, avait été tué dans l’échange de coups de feu, en couvrant la fuite des deux hommes.
Salah Abdeslam comparaît donc, avec un complice, Sofiane Ayari, pour « tentative d’assassinat dans un contexte terroriste sur plusieurs policiers ». Selon RTL.be, l’Etat belge lui réclamera un montant provisionnel de 143.000 euros, une somme qui correspond aux préjudices et aux lésions provoqués chez plusieurs membres de la police fédérale.
# La remise temporaire
La cour d’appel de Paris a « entériné le principe de la remise temporaire » de Salah Abdeslam, actuellement incarcéré dans des conditions extrêmement rigoureuses à Fleury-Mérogis, en banlieue parisienne, a affirmé lundi une source proche du dossier.
Cette décision rendue lundi dernier permet l’exécution du mandat d’arrêt européen émis le 19 octobre par le tribunal de Bruxelles, qui demandait la remise de Salah Abdeslam en vue de sa première comparution publique. Depuis sa remise à la France en avril 2016, Salah Abdeslam est placé à l’isolement et surveillé 24h/24 par vidéo dans sa cellule de Fleury, mais ce dispositif a récemment été assoupli en raison de craintes pour sa santé.
# Un épineux transfert
Le GIGN, unité d’intervention d’élite de la gendarmerie française, et la police belge se répartiront la tâche du transfert quotidien, sous haute sécurité, du détenu entre une prison française et Bruxelles. La procureure générale de Paris et le procureur fédéral belge doivent désormais formaliser les modalités du transfert dans un accord, qui pourrait intervenir « dans les prochains jours », juste à temps pour permettre la tenue du procès.
Mais le calendrier est serré, d’autant que « si Salah Abdeslam prend un avocat, le procès sera reporté au dernier moment pour qu’il puisse travailler sa défense », avance une source proche du dossier.
# Une incarcération problématique
Où incarcérer Salah Abdeslam ? En Belgique, la seule prison de haute sécurité du pays se trouve à Bruges. Mais la centaine de kilomètres qui séparent Bruges de Bruxelles aurait refroidi les services de sécurité qui jugent ce trajet trop risqué.
C’est peut-être plutôt dans le nord de la France que Salah Abdeslam sera donc provisoirement incarcéré. D’après BFMTV, c’est la prison de Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais qui pourrait l’accueillir. Une « hypothèse de travail fortement privilégiée », sachant que le lieu permet de « dupliquer les conditions de détention qui sont actuellement les siennes », à Fleury-Mérogis, conformément aux exigences des autorités françaises.
Source :
https://tempsreel.nouvelobs.com/societe/terrorisme/20171128.OBS7909/salah-abdeslam-juge-en-belgique-4-questions-sur-un-proces-ultra-sensible.html