SCANDALE EN Belgique :Quatre députés ont soutenu la libération d’un djihadiste

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FIGAROVOX/ANALYSE – En 2010, des hommes politiques ont aidé à la libération d’Oussama Atar, emprisonné en Irak et aujourd’hui accusé de terrorisme. Pour Joseph Junker, cette affaire est le symbole d’une classe politique qui n’a cessé de flatter le communautarisme.
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Joseph Junker vit en Belgique. Il est ingénieur civil dans une société privée, chroniqueur etblogueur.
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La raison des bons sentiments n’est pas toujours la meilleure, et celle du communautarisme encore moins. Et s’il est bien une chose qui le montre abondamment, ce sont les ahurissantes révélations du quotidien belge De Morgen de ce week-end. Résumons ce dont il s’agit: en 2010, plusieurs députés belges de gauche et centre-gauche, se laissant berner comme des bleus, ont participé en compagnie d’ONG à un lobbying intense en faveur de la libération d’Oussama Atar, emprisonné dans une geôle irakienne. Dans notamment une vidéo de l’ONG AFD international abondamment commentée depuis 24h, on les voit successivement prendre la parole pour réclamer la libération d’Atar au cours d’une manifestation à Bruxelles en compagnie de quelques centaines de citoyens.
Le hic ? Le bougre a depuis obtenu le titre peu glorieux de terroriste islamiste le plus recherché du royaume pour son implication active dans les attentats de Bruxelles.
Le hic? Ce brave Oussama, décrit comme un jeune idéaliste malade et à l’article de la mort, ce citoyen belge abandonné à son sort par sa patrie, cet honnête homme défendu des mois durant et la larme à l’œil par sa famille, soutenue par divers politiciens belges, s’est avéré par la suite ne pas être n’importe qui. A peine revenu en Belgique, le bougre, guéri miraculeusement de son cancer du rein, tente de rejoindre divers groupes islamistes, entre dans des organisations terroristes et a même obtenu depuis quelques jours le titre peu glorieux de terroriste islamiste le plus recherché du royaume pour son implication active dans les attentats de Bruxelles et le meurtre de dizaines de personnes.
Soyons de bon compte, il n’est que les gens qui ne prennent aucun risque dans leurs engagements qui ne se font jamais piéger. On ne pouvait guère prévoir en 2010 les atrocités qu’Oussama le bien nommé commettrait en 2016, et reconnaissons que cette crapule a fort habilement mené sa barque. Il serait également fort injuste d’accuser la famille Atar d’avoir usé et abusé d’un talent dramatique certain pour obtenir la libération d’un des leurs (c’est bien à cela que servent les familles après tout). Néanmoins, au-delà de tout le respect dû à l’engagement politique et citoyen, il est une série de faits qui entourent cette d’actualité qui laissent pantois.
N’est-il pas interpellant par exemple de voir plusieurs députés belges Ecolo (verts), CDH (Centre Démocrate Humaniste) et PS prendre fait et cause pour un individu à la réputation douteuse sans plus de discernement? Bien qu’habile malade imaginaire, Oussama Atar avait pourtant été arrêté à la frontière Irakienne (soi-disant dans un but humanitaire), était connu des services de renseignements depuis 2000 et soupçonné de trafic d’armes (soupçon déjà connu à l’époque). Etre abusé par ses bons sentiments est une chose, jeter par-dessus bord toute prudence et élémentaire vérification d’usage ne semble pas vraiment le comportement attendu d’un élu du peuple, même en des temps (2010) où le terrorisme n’était pas encore la préoccupation première de notre pays.
Bien qu’habile malade imaginaire, Oussama Atar avait été arrêté à la frontière Irakienne, était connu des services de renseignements et soupçonné de trafic d’armes.
Plus interpellant encore, n’est-il pas ahurissant de réentendre aujourd’hui Zoé Génot déclarer au cours d’interviews de l’époque (sur cette affaire ou d’autres similaires) que la convention de la Haye était instrumentalisée par le gouvernement pour se dispenser d’aider des belgo-marocains comme il le ferait pour des «belgo-belges», allant même jusqu’à se demander au micro de la RTBF s’il n’en aurait pas été autrement pour d’autre binationalités? N’est-il pas proprement scandaleux de voir ces nombreuses vidéos des députés molenbeekois Jamal Ikazban (PS) et surtout Ahmed El Khannouss (CDH) mettre ouvertement en cause l’Etat belge au cours d’une manifestation en faveur de la libération d’Oussama Atar, visiblement essentiellement composée de leur cible électorale? On croit même rêver en entendant Ikazban fustiger l’islamophobie… et les lois anti-terroristes responsables selon lui de l’emprisonnement de l’infortuné et honnête citoyen Oussama! Présence notable et tout à fait «charmante» à noter parmi ces citoyens indignés: la fille de l’Imam Bassam Ayachi pleurant auprès des médias présents sur l’emprisonnement selon elle tout aussi injuste de son père, qui n’est autre que l’importateur du salafisme en Belgique, créateur d’une plate-forme de recrutement d’Al Qaeda, depuis installé en Syrie où il a perdu deux fils au combat…
Difficile de ne pas y voir la criante expression de la naïveté d’une classe politique qui a des années durant flatté le communautarisme !
Difficile de ne pas y voir là la criante expression de la naïveté d’une classe politique qui a des années durant flatté le communautarisme, au besoin en jouant sur des frustrations et sentiments victimaires pas toujours justifiés et au mépris de toute prudence et objectivité!
D’autant plus que tous ces braves indignés politiques ne peuvent franchement prétendre à un péché de jeunesse isolé ni n’en sont à leur coup d’essai. N’est-ce pas par exemple la même écologiste Zoé Génot qui il y a quelques mois se faisait piéger dans ses bonnes intentions en participant à un congrès organisé à Bobigny par des proches des frères musulmans? N’est-ce pas le député Ikazban qui dû il y a trois ans se faire (mollement diront certains) recadrer par la tête de son parti après avoir traité un de ses interlocuteurs «d’ordure sioniste»? N’est-ce pas Ahmed El Khannouss que nous avons entendu en juin 2015 déclarer au micro de RTL-TVI que «Molenbeek n’était pas une plaque tournante du terrorisme», avant de dérouler une explication principalement sociale du terrorisme de ces jeunes «au parcours chaotiques»?*
Mais rassurez-vous, chers concitoyens! Ces individus subiront de «sévères remontrances» de leurs partis politiques… mais les locomotives électorales de Molenbeek-St-Jean seront bien au rendez-vous pour les élections communales belges de 2018!
Mais rassurez-vous, chers concitoyens ! Ces individus subiront de «sévères remontrances» de leurs partis politiques…
En fait, il se dégage de cette affaire une allégorie saisissante d’un système politique appliqué pendant 40 ans, qui a dévasté notre pays et aujourd’hui lui-même agonisant. Tous les ingrédients y sont: une prise au piège somme toute banale de bonnes volontés prêtes à tout pour être démagogiques, pardon ‘à l’écoute du citoyen’ ; un piègage encore plus banal d’élus commissionnés à dessein par leur partis pour flatter le vote communautariste, quitte à devoir de temps en temps déraper «à l’insu de leur plein gré» ; une certaine gauche imbue de sa force morale auto-proclamée qui a une fâcheuse tendance à confondre son intérêt électoral avec ses valeurs et ses valeurs avec l’universalisme ; une classe politique aussi naïve que tétanisée à l’idée de ne pas suivre les injonctions de la bien-pensanse du moment ; une aptitude battant tous les records à se mettre la tête dans le sable ; sans oublier bien sûr les fruits que cette politique a porté: communautarisme, violence, société fracturée. Le tout s’étant fracassé sur l’échec de la société multiculturelle (dixit Angela Merkel) et laminé par l’atroce réalité du terrorisme devenue aujourd’hui presque banale.
L’avenir ne passera pas par le système politique que nous avons vu soutenir Oussama Atar, ou qui a permis que ce soutien soit possible.
On pourrait presque se féliciter de la disparition (à quel prix!) de cette manière détestable de mener la société, s’il n’y avait les énormes obstacles qu’elle laisse derrière elle aux citoyens belges et européens chargés de construire l’avenir. Il n’y a pas lieu de se réjouir de l’avènement d’un dogme sécuritaire en remplacement d’un dogme multiculturel, loin de là! Quant à la tâche qui nous attend, rebâtir notre pays en tendant la main aux communautés immigrées pour faire ensemble ce qui n’a pas été fait depuis 40 ans, elle est tellement colossale qu’il faudra des décennies pour rebâtir un avenir aujourd’hui incertain.
Une chose est sûre néanmoins: cet avenir ne passera pas par le système politique que nous avons vu soutenir Oussama Atar, ou qui a permis que ce soutien soit possible. La classe politique, et la gauche en particulier, se retrouve aujourd’hui devant le défi de devoir se réinventer pour le XXIème siècle à défaut de quoi elle risque fort de périr, abandonnée par un électorat se sentant laissé pour compte et qui virera toujours plus à droite au risque des extrêmes. Puissent les états-majors de nos partis politique être capables d’apporter rapidement une réponse à la hauteur de leurs échecs. Rendez-vous en 2018 pour une première indication!
*Mentionnons néanmoins pour être complet qu’El Kahnnouss a eu entretemps le bon goût de revenir de ce point de vue… après les attentats de novembre à Paris, pour expliquer que la radicalisation à présent indéniable était une responsabilité commune des acteurs politiques. Indispensable mais ô combien tragiquement tardive prise de conscience!
Source :
http://premium.lefigaro.fr/vox/monde/2016/08/22/31002-20160822ARTFIG00082-quatre-deputes-belges-ont-soutenu-la-liberation-d-un-djihadiste.php

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