VIDEO :Munich 1972-Paris 2024 : ces tags menaçants qui n’ont existé que sur les réseaux sociaux

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Quelques jours après l’affaire des tags d’étoiles de David, une autre opération d’ingérence présumée venue de Russie a cette fois menacé les Jeux olympiques de Paris avec des photos de graffitis liant les Jeux de 2024 à ceux sanglants de Munich en 1972.
Par Laura Wojcik

« C’est un mur sale, on n’a pas l’impression qu’il a été repeint récemment. Quand on voit le mur, on n’a pas l’impression qu’il y a eu d’autres tags », décrypte Vincent, un habitant du XXe arrondissement de Paris. Ce Parisien habite juste à côté d’un mur beige dont la photo a été relayée à plusieurs reprises au début du mois de novembre. Il aurait été couvert d’un graffiti noir traçant un parallèle entre les JO de Munich 1 972 et ceux de Paris 2 024.
Pour faire le pont entre ces deux évènements, un dessin de kalachnikov. Manière de bien appuyer sur la mémoire sanglante d’une compétition allemande marquée par la mort de 11 athlètes israéliens, pris en otage et tués par l’organisation palestinienne Septembre Noir. Au total, au moins six de ces pochoirs auraient été peints dans la capitale, quelques jours seulement après l’apparition de 250 étoiles de David le 31 octobre dernier. Le collectif citoyen Sleeping Giants a été le premier à évoquer ces graffitis douteux le 15 septembre, environ une semaine après les premières photos postées en ligne.
« Ça m’aurait interpellé »
Jusque-là, rien n’avait permis de prouver ou d’infirmer l’existence réelle de ces pochoirs. Parmi ces six photos, il est possible d’identifier la localisation de trois d’entre elles, deux dans le XXe et une dans le Ve. Nous nous sommes rendus sur les lieux sans parvenir à retrouver la trace de ces graffitis inquiétants, ni même des marques d’effacement.
Ici, les riverains interrogés n’ont jamais vu ces tags. « On aurait réagi, j’aurais envoyé un message ou un mail, parce que des fois il y a des gens de la mairie qui passent », glisse Patrice. Cet employé travaille juste à côté d’un autre mur photographié dans le XXe arrondissement. « Si ça avait été là, je l’aurais vu. Je passe tous les jours devant à cette heure-là. Le mur est assez grand on le voit bien. Et puis ce sont des pochoirs, ça se voit plus qu’une écriture », confie un autre voisin, pas rassuré en découvrant la photo de ce tag : « Ça me fait flipper. Ça me fait penser aux attentats de Munich ».
Dans le Ve arrondissement, Hugues n’a rien vu non plus : « Je pense que faire le parallèle avec Munich 1 972 et les JO de Paris 2024, ça m’aurait interpellé ». Ce tag-là aurait été apposé sur le mur d’une école primaire. Mais, là encore, aucun employé de l’établissement interrogé, ni le gardien de l’immeuble voisin, n’a jamais constaté de tag sur cette façade pourtant à la vue de tous.
« Personne ne les a vus »
Contactées, les mairies du Ve et du XXe arrondissement, assurent qu’aucun graffiti de la sorte n’a été effacé par les services de la municipalité. La préfecture de Police de Paris nous a renvoyés vers le Parquet, qui de son côté indique avoir déjà été interrogé à propos de « potentielles dégradations aggravées par la discrimination, à des endroits où les services de police s’étaient pourtant déplacés et n’avaient rien constaté », en précisant que « cela n’avait dès lors pas donné lieu à ouverture de procédure pénale », mais sans donner plus d’informations sur ce dossier-là.

Comme révélé par Libération, une enquête de Viginum, le service de l’État dédié à la lutte contre les ingérences numériques étrangères, a été ouverte. Une source très proche du dossier a assuré qu’il s’agissait vraisemblablement de faux graffitis.
« On se rend compte que personne ne les a vus ces tags. Donc il y a quand même plus de chances, à ce stade, que ces tags n’aient juste jamais existé », analyse Nicolas Quénel, journaliste indépendant, spécialiste de la guerre de l’information, et auteur du livre « Allô, Paris ? Ici Moscou ».

La signature russe ?
En retraçant l’itinéraire de ces photos, on retrouve les circuits traditionnels de la désinformation russe, les mêmes qui étaient à l’œuvre lors de la découverte de 250 étoiles de David dans les rues de Paris. En opérant une recherche Google par image inversée, on peut aussi identifier une très grande majorité de sources russophones, notamment via le réseau social VK.
« Les premières photos diffusées sur Internet de ces tags, c’était le 8 novembre. Je les ai vues émerger pour la première fois sur le canal de propagande Telegram de Soloviev, le propagandiste en chef en Russie. Mais elles ont aussi été diffusées sur Twitter et d’autres réseaux sociaux par une nuée de faux comptes automatisés qui agissent de manière coordonnée », analyse notre expert. Le site d’investigation russe indépendant The Insider a ainsi recensé un total de 593 tweets à ce propos, propulsés par 558 comptes différents, dont 153 en Français.
D’autres manipulations d’images de street art ont été constatées à la même période à Munich. Le journaliste allemand Lars Wienand a prouvé que des tags antisémites présumés avaient en réalité été photoshopés sur plusieurs murs de la ville. Comme à Paris, aucun riverain n’avait se souvenir d’avoir vu de tels graffitis.
Cette opération a pourtant peiné à trouver un public réceptif. « Ces faux tags n’ont vraiment pas pris dans le débat public », selon Nicolas Quénel. « Après là où ça a certainement été plus efficace c’était en Russie directement ». Là-bas, l’information a été beaucoup plus massivement relayée et permis d’appuyer sur les divisions et problèmes qui toucheraient spécifiquement les pays occidentaux.
Les Jeux olympiques de Paris criblés de menaces étrangères permettent ainsi d’occuper l’espace médiatique russe, peu de temps après une longue séquence dédiée aux punaises de lit qui ont envahi la capitale.
Source
https://www.leparisien.fr/

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5 Commentaires

  1. Ethan dit :

    Qui va saboter ces jeux, c’est comme tirer sur une ambulance. Si ils se déroulent ce sera déjà une pantalonnade, le monde entier va découvrir Paris, en fait ce qu’il en reste…

  2. Paul06 dit :

    Une solution: annuler les jeux. Hidalgo et Macron seraient en deuil.

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