«ACTION DES FORCES OPERATIONNELLES» : LE PROCES DE 16 MEMBRES DU GROUPE D’ULTRA DROITE QUI AVAIT FOMENTE DES ACTIONS VIOLENTES CONTRE DES MUSULMANS S’OUVRE CE MARDI

Ces 13 hommes et trois femmes avaient rejoint l’organisation «hiérarchisée et structurée» entre 2017 et 2018, planifiant des «actions violentes concrètes dans des lieux symboliques» de l’islam afin de «faire prendre conscience (…) du risque de pénétration islamiste».
«DES RESISTANTS DE L’IDEOLOGIE ISLAMISTE»
Selon l’enquête, les accusés – considérées comme les plus radicaux et impliqués – avaient pour objectif de «rétablir pour nos enfants et nos petits-enfants l’héritage bâti par nos ancêtres».
«L’assimilation à la Résistance, à une vision fantasmée en tout cas, est fondamentale», selon Nicolas Lebourg, historien, spécialiste de l’extrême droite cité par l’AFP. D’ailleurs, plusieurs des prévenus ont fait référence à la Seconde Guerre mondiale, une femme déclarant même avoir «vraiment cru faire partie de la Résistance, comme dans les films».
Pour ce faire, les accusés avaient élaboré l’«opération halal», consistant à dissimuler les femmes de l’organisation sous des niqabs pour empoisonner de la nourriture halal dans les rayons de supermarchés avec du cyanure ou de la mort-aux-rats. D’après leurs déclarations, leur intention n’était pas de tuer, mais uniquement de «discréditer la nourriture halal» en intoxiquant les consommateurs.
Les membres d’AFO avaient également prévu de tuer «200 imams radicalisés» et faire exploser la porte d’une mosquée de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) pour marquer les esprits et terroriser les musulmans.
DES PROFILS ORDINAIRES
Selon l’historien, les attentats de 2015 et 2016 ont été un tournant pour beaucoup de ces militants, qui ont basculé vers l’extrême droite. La radicalisation violente s’est ensuite faite après le 13-Novembre.
Les figures du groupe présentent, en apparence, des profils ordinaires : ingénieur, comptable à la retraite, infirmière, voire diplomate. Parmi eux, Guy S., alias «Richelieu», un retraité de la police nationale à l’origine de la formation d’AFO selon les enquêteurs. Sa compagne, Marie-Véronique R., était, quant à elle, chargée d’animer le blog «Réveil patriote», outil de propagande pour le groupe.

Leurs avocates, Me Lucile Collot et Me Olivia Ronen, ont affirmé auprès de l’AFP que leur client «conteste fermement avoir nourri un quelconque projet d’action violente ainsi que plus généralement les faits de terrorisme qui lui sont reprochés».
Autre accusé notable, Philippe C., 61 ans, un téléopérateur de nuit auprès d’une société de taxis, fan de tir et de survivalisme. Il se définit notamment comme un «patriote prêt à prendre les armes pour son pays menacé». «Convaincu qu’une guerre civile allait arriver», il était en possession d’armes à feu et de milliers de munitions, y compris des éléments entrant dans la fabrication d’explosifs de type TATP, découverts lors de perquisitions.
UN PROCES PREVU POUR SE TENIR JUSQU’AU 27 JUIN
Initialement qualifiés de crimes, les faits ont été requalifiés en délits par la juge d’instruction, conformément aux réquisitions du Parquet national antiterroriste (Pnat) formulées en mai 2023. Les peines encourues ont ainsi été réduites car «les projets d’action violente ne sont pas pleinement finalisés».
La juge a repris dans son ordonnance l’analyse du Pnat, qui considère l’AFO comme une «idéologie alimentée par l’assimilation du terrorisme jihadiste à l’islam en général, la crainte du grand remplacement, et une vision décliniste de la société française à laquelle répondait le survivalisme déviant vers l’accélérationnisme».
Les 16 prévenus, qui comparaîtront libres sous contrôle judiciaire, sont attendus au tribunal jusqu’au 27 juin.
Source
Cnews.fr