
Ce soir à 21h30 sur Figaro TV :Fritz Bauer, pionnier des chasseurs de nazis
En décembre 1963, débute à Francfort-sur-le-Main un procès qui a ébranlé l’Allemagne de l’immédiat après-guerre. Durant deux ans, 22 anciens gardiens d’Auschwitz vont se trouver confrontés à 211 rescapés du camp de concentration. Devant les complices de leurs tortionnaires, qui affirment n’avoir été au courant de rien, ils vont raconter par le détail les atrocités auxquelles ils ont assisté et le quotidien des exterminations auxquelles ils ont miraculeusement échappé. La jeunesse allemande va découvrir la réalité de crimes dont certains de leurs aînés avaient tenté de minimiser l’importance en les mettant sur le compte d’individus qualifiés d’« anormaux ». Sans la conviction et les recherches menées pendant des années par Fritz Bauer, cette confrontation n’aurait jamais pu avoir lieu. Si le nom de ce procureur général à la cour régionale de Francfort est entré dans l’histoire, son parcours, digne d’un scénario hollywoodien, demeure méconnu.
Principalement réalisé à partir d’archives, ce documentaire, Fritz Bauer, un procureur contre le nazisme, raconte le combat qui a débuté en 1933, dès l’arrivée de Hitler au pouvoir. Né en 1903 à Stuttgart dans une famille juive, Bauer devient en 1930 le plus jeune juge d’Allemagne. Communiste, opposant notoire au pouvoir hitlérien, sa participation aux manifestations pour s’opposer aux milices du chancelier lui vaut d’être arrêté et envoyé dans un camp où il va passer plusieurs mois. La liberté retrouvée, il découvre qu’en application d’une nouvelle loi, ses origines juives lui interdisent l’accès à la fonction publique. Il émigre au Danemark, en Scandinavie, et revient à la fin de la guerre pour mener un nouveau combat.
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Devenu procureur général de la Hesse, il ne veut pas « tourner la page » du nazisme, contrairement à la ligne d’Adenauer. Défi difficile car si les hauts responsables ont été jugés à Nuremberg, les anonymes se sont reconvertis, et beaucoup se trouvent en poste dans la justice et dans la police. Convaincu que les Alliés ne doivent pas disposer du monopole des condamnations, il devient le pionnier des chasseurs de nazis. Sa plus célèbre action : la traque du SS Adolf Eichmann, exilé en Argentine. En 1957, Fritz Bauer repère l’endroit où il se cache, alerté par un émigré juif dont la fille est tombée amoureuse… du fils d’Eichmann. Faute de pouvoir faire extrader le criminel en Allemagne, Bauer fait arrêter en Argentine le responsable de la logistique de la « solution finale » puis le livre aux services secrets israéliens. Le procès aura lieu à Jérusalem avec le retentissement que l’on sait. En parvenant, non sans mal, à imposer aux juridictions allemandes le « devoir de mémoire » que symbolise le procès d’Auschwitz, il va faire un tomber un mur.
Fritz Bauer, né le 16 juillet 1903 à Stuttgart et mort le 1er juillet 1968 à Francfort-sur-le-Main, est un juge et un procureur allemand. Il fut l’initiateur des procès dits « d’Auschwitz » à Francfort-sur-le-Main où comparurent des gardiens du camp d’Auschwitz.
Le travail de Fritz Bauer contribue à l’élaboration d’un système de justice démocratique en Allemagne, à la condamnation des crimes nazis ainsi qu’à la réforme du droit pénal.
Fritz Bauer est l’aîné d’une famille de commerçants juifs allemands, lui-même non pratiquant.