Dieudonné, nouveau « guide honoraire » de Raël : c’est logique. Ils ont beaucoup en commun

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Par François-Xavier Bauduin
Sociologue
Pour Raël et ses adeptes, Dieudonné est officiellement devenu « guide honoraire de l’humanité ». Pourquoi le gourou donne-t-il ce titre à l’humoriste controversé ? Ce rapprochement s’explique-t-il ? Eclairage avec François-Xavier Bauduin, sociologue spécialiste du mouvement raëlien.
Quand on connaît les Raëliens, on ne peut pas s’étonner de leur rapprochement avec Dieudonné. Il est tout à fait logique et il ne date pas d’aujourd’hui. Raël dit que « Dieudonné est un ami de longue date ».Les deux hommes se sont rencontrés à plusieurs reprises notamment en 2006 à Lausanne, et Dieudonné a même invité les Raëliens durant ses spectacles en 2013.

Les deux hommes ont beaucoup de points communs. Même s’ils ne sont pas d’accord sur tout dans le fond, tous deux se servent d’internet pour dénoncer le « système » et entretenir une grande défiance envers les médias.

Revenons à la naissance du mouvement de Raël pour comprendre. En 1973, Claude Vorilhon est jeune, en quête de richesse et de célébrité. Pour se faire connaître, il a déjà essayé la chanson et la course automobile et créé sa propre revue sur le sujet : « Autopop »… Mais le succès n’a pas été au rendez-vous. Un jour, il déclare avoir rencontré des extraterrestres, les Elohim, dans des conditions très particulières. Il raconte avoir été emmené sur leur planète et avoir été chargé par eux de répandre leur message et de leur construire une ambassade sur Terre.

En 1974, il crée le Madech (Mouvement pour l’accueil des Elohim, créateurs de l’humanité), une association ayant pour objectif de propager l’idée selon laquelle les extraterrestres auraient créé l’Humanité en laboratoire, par la technique du clonage. Il devient Raël (« le Messager »), nouveau prophète après Jésus, Bouddha ou Mahomet. C’est le début du mouvement raélien, entièrement bâti autour de sa personne.

Aujourd’hui, les Raéliens, qui ont connu une exposition mondiale avec l’affaire du premier bébé qu’ils disent avoir cloné en 2002, font tout pour défrayer la chronique et retrouver une telle exposition. Ainsi la structure élabore-t-elle une stratégie complexe reposant sur internet, à partir d’environ 25 sites officiels et d’une constellation de blogs tenus par les fidèles. Ces sites portent sur les sujets plébiscités par le mouvement : clonages et innovations technologiques, sexualité et soutien aux minorités sexuelles, actions en faveurs de la paix et de l’environnement, dénonciation acharnée de l’Eglise catholique, des médias et des hommes politiques, etc.

Un mouvement qui se renouvelle sans cesse

Selon les Raëliens, leur mouvement est « scientifique » et non religieux. Pour reprendre l’expression du sociologue Jean-Bruno Renard, le mouvement raëlien veut « spiritualiser la science », en permettant aux hommes de trouver une réponse à leurs interrogations existentielles. Selon Raël, la science donnerait aux humains les moyens concrets d’améliorer leur existence, en bannissant par exemple le travail, qui serait confié à des machines. Bien plus, par le clonage, chaque être humain aurait la possibilité de devenir à son tour créateur d’autres hommes, ce qui lui conférerait une parcelle de divin. Ainsi, toute nouvelle avancée scientifique serait censée confirmer les prédictions de Raël, et confirmerait son rôle de prophète.

Néanmoins, toutes ces révélations reposent sur la parole d’un homme et en cela, c’est un mouvement « charismatique ».

Or, selon Max Weber, toute organisation religieuse, et notamment les organisations de nature charismatique, est soumise au défi par la routinisation / quotidianisation du charisme. En un mot, ceci consiste à sortir des considérations spirituelles et à trouver à la communauté des moyens concrets d’existence ; mais il faut également soutenir la croyance, éviter que celle-ci ne s’émousse.

Pour l’éviter, Raël doit se renouveler et inventer de nouveaux thèmes, de nouvelles réponses, de nouveaux événements. Pour lutter contre ce processus inévitable et parce qu’il a besoin de cultiver sa légitimité, Raël entretient un rapport ambigu avec les médias. Il a besoin d’eux donc il multiplie les provocations pour faire parler de lui. Mais il entretient dans le même temps une défiance absolue envers eux car pour lui, ils incarnent la fameuse pensée unique et le pouvoir de l’argent.

En qualifiant son mouvement de « secte » et en diabolisant le mouvement raëlien, les médias entretiennent malheureusement ce processus.

En effet, ce terme, très relatif, ne veut pas dire grand-chose. Un mouvement pourrait être qualifié de « secte » quand il se heurte aux valeurs de la Nation et de la société dans lequel il s’inscrit. Mais comme le montre Nathalie Luca dans son ouvrage de référence « Individus et pouvoirs face aux sectes », celui-ci change d’un pays à l’autre.

Par exemple, les Témoins de Jéhovah jouissent d’une mauvaise réputation en France mais ils sont bien vus en Finlande car ils sont des citoyens modèles. A l’inverse, ils sont la cible d’une défiance absolue en Corée car ils refusent de faire leur service militaire.

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C’est pour cela que pour désigner un mouvement nouvellement apparu et souvent controversé, les sociologues utilisent le terme de « nouveau mouvement religieux ».

Dans ces conditions, se poser la question de savoir si le mouvement raëlien est une « secte » n’a aucune valeur sociologique. Mes semaines d’observations passées aux côtés des Raëliens, vécues dans une relation de franchise et de respect réciproque, m’invitent à nier les accusations de pédophilie dont souffre le mouvement, ainsi que toute idée de type dérive sectaire meurtrière comme on l’a vu avec l’Organisation du Temple solaire.

Néanmoins, ce qui est sûr, c’est qu’il y a une certaine forme de manipulation et d’emprise de la part de Claude Vorilhon.

Lorsqu’ils parlent des Raëliens, les médias ne sont pas neutres et ont tendance à dramatiser chaque information, ce qui sert le message du prophète raëlien. Il joue là-dessus pour cultiver une vraie forme de paranoïa. Pour ses fidèles, les médias sont par essence mauvais, même si Raël cultive avec eux un « rapport ambigu », pour reprendre une expression de Susan Palmer, car il veut tout faire pour attirer leur attention.

Il faut dire que Raël est un « bon client » médiatique : le personnage est haut-en-couleur, le décor est fantasmagorique, le message souvent cocasse. Les idées de Raël sont même parfois franchement condamnables, comme lorsqu’il prône le clonage humain ou la « géniocratie » (les génies aux pouvoirs), c’est à dire que seuls les personnes dont le QI est le plus élevé peuvent voter et être élues).

On voit bien le lien avec Dieudonné, qui utilise exactement les mêmes méthodes. Ce qui rapproche Raël de Dieudonné, ce ne sont pas leurs idées car Raël n’est pas antisémite. Mais tous deux défendent la sacro-sainte « liberté d’expression » dont ils seraient privés et entretiennent un rapport de fascination / répulsion à l’égard des médias.

Dieudonné, le Tom Cruise de Raël ?

En désignant le très controversé Dieudonné « guide honoraire », Raël fait parler de lui, et entre dans sa stratégie de conquête médiatique.

Mais ce n’est pas la première personnalité à hériter de ce titre. Le gourou cherche depuis longtemps « son Tom Cruise » pour lui servir d’ambassadeur, pour reprendre une expression de Carly Machado.

La plupart des personnalités désignées occultent d’ailleurs totalement ce fait, comme Michel Houellebecq, George Michael, Tiken Jah Fakoly, Hugo Chavez… Pour Raël, ces gens « se battent pour l’humanité ». Et Dieudonné aussi, en luttant contre le fameux « système » oppresseur.

Propos recueillis par Louise Pothier

source :

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1395997-dieudonne-nouveau-guide-honoraire-de-rael-c-est-logique-ils-ont-beaucoup-en-commun.html

Le symbole du mouvement raélien a changé ou muté au moins quatre fois depuis la fondation du groupe. Au début, Claude Vorilhon affirmait l’avoir aperçu gravé sur la soucoupe de l’extra-terrestre : il s’agissait alors d’un svastika au centre d’une étoile de David.
En 1988, Claude Vorilhon change ce logo et remplace le svastika par une spirale dont les branches à l’intérieur forment un tourbillon concentrique. L’explication de l’époque sur la signification de ces symboles, selon Claude Vorilhon, consistait à dire que le svastika représentait le cycle de la vie, l’étoile de David, faite de deux triangles imbriqués, l’un pointant vers le haut, représentait le Ciel (les Elohim), l’autre, pointant vers le bas, représentait la Terre (les Hommes). Cette explication aussi s’est transformée avec le temps.
À nouveau, dans Contact numéro 327 daté du 19 janvier 2007, le mouvement reprend le symbole d’origine : un svastika lié à l’étoile de David.

happywheels

3 Commentaires

  1. CATHY dit :

    Ils ne savent plus quoi inventer pour faire du fric… Beurkkkkk !!!

  2. AÏM dit :

    hé oui ils ne savent plus quoi faire vraiment !!!! dieudo l’antisémite VS !’antéchrist lol

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