Georges Bensoussan a dérangé les idéologues de « la mythologie al-Andalous » qui postulent que l’islam est une religion tolérante à l’égard des autres monothéismes

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De Barbara Lefebvre,
Atlantico : Dans quel but avez-vous écrit ce livre ?
Barbara Lefebvre : En mars dernier, après le rendu du jugement prononçant la relaxe de Georges Bensoussan dans le procès qui lui avait été intenté à l’initiative du Collectif contre l’islamophobie en France, il nous a paru nécessaire d’éclairer l’opinion sur ce qui s’était joué au cours des mois écoulés dans cette affaire. Ce livre revient sur ce qui s’est passé dès le lendemain de l’émission radiophonique de France Culture Répliques en octobre 2015 où Georges Bensoussan a prononcé les mots qui lui ont valu de comparaître quatorze mois plus tard pour « délit de provocation à la discrimination, la haine, la violence à l égard d’un groupe de personnes en raison de l’appartenance à une religion déterminée », en l’occurrence l’islam.
Quatorze mois de calomnie, de mensonges. Georges Bensoussan a subi des attaques personnelles, des intimidations jusque dans son cadre professionnel, lui dont l’honnêteté et la rigueur des travaux historiques n’ont jamais été mis en cause, ce dont Pierre Nora ou Elisabeth de Fontenay ont témoigné au procès. Ce fut une année pénible pour cet homme dont nous connaissons la probité et l’attachement aux valeurs humanistes. Se faire traiter de raciste et être traîné devant les tribunaux de son pays ont été un déchirement pour nous qui le connaissions, pour lui surtout.
Tant que le procès n’avait pas eu lieu, que les juges ne s’étaient pas prononcés, nous avions soutenu Georges Bensoussan de façon amicale et discrète notamment en créant une page Facebook de soutien. Nous ne voulions pas entrer dans les polémiques créés par des gens qui cherchaient d’abord à nuire à l’historien, auteur d’ouvrages qui mettent à mal certaines idées toutes faites. Une fois la relaxe prononcée, nous avons voulu rassembler des textes analysant le pourquoi et le comment de ce procès inique. Ce devait être une courte brochure, finalement c’est un livre de deux-cents pages. L’ouvrage n’est pas un outil de défense de Georges Bensoussan, son avocat est là pour cela et il saura trouver les mots avec autant de brio et de pertinence que le 25 janvier 2017 pour l’appel en mars prochain – puisque le CCIF bien que déclaré par la Cour irrecevable dans leur constitution de partie civile a fait appel.
Ce livre est d’abord un décryptage des mécanismes du déni du réel sur l’antisémitisme dans le monde musulman. Le livre montre bien que c’est d’abord une partie de l’œuvre de Georges Bensoussan qui nourrit la haine de certains idéologues. Il les a rendus fous de rage car il fait partie de ces rares chercheurs qui décrivent les ressorts historiques et culturels de l’antisémitisme arabo-musulman. Il en avait souligné la banalisation et la violence dans l’ouvrage collectif paru en 2002 les Territoires perdus de la République. Ce livre, beaucoup de gens en parlent sans l’avoir lu. Beaucoup de gens ont aussi décidé depuis sa parution de faire taire ceux qui tentent de faire émerger cette vérité. Son ouvrage Juifs en pays arabes. Le grand déracinement paru en 2012 est une somme historique contestée par aucun historien, mais qui a déchaîné les idéologues qui veulent diffuser ce que j’appellerai globalement « la mythologie al-Andalous » qui postule que l’islam est une religion tolérante l’égard des autres monothéismes. Or la situation des Chrétiens et des Juifs dans le monde musulman c’est une condition de soumission, de sujets, de dominés, depuis les conquêtes et le pacte d’Omar au VIIe siècle jusqu’à aujourd’hui, enfin là où il en reste (pour les Juifs, moins de 4000 personnes pour l’essentiel au Maroc et en Tunisie contre 900 000 en 1948…). Ces idéologues veulent faire accroire que la rupture dans cette lune de miel judéo-arabe est née avec le sionisme et la création d’Israël. Or nombre d’historiens montrent qu’il n’en est rien, que la judéophobie est constitutive de la doctrine islamique et qu’elle a été entretenu au fil des siècles pour devenir une banalité culturelle. Dire cela c’est être raciste dans la France de 2017 !

Comment décririez-vous ce déni du réel ?
Ce déni du réel s’accompagne non seulement de l’affirmation de contre-vérités mais aussi d’un dévoiement de l’antiracisme pour faire taire ceux qui disent le réel de cet antisémitisme là. Quand il s’agit de dénoncer voire trainer en justice les antisémites délirants de Rivarol ou Dieudonné, les choses semblent aller de soi. Quand il s’agit de dénoncer celui du PIR (nb : Parti des Indigènes de la République) ou de Medhi Meklat, les regards gênés se détournent et on abandonne celui qui s’en émeut publiquement à la meute qui l’accuse d’islamophobie.
On peut alors vous traîner devant les tribunaux pour l’usage d’un article indéfini qui signe votre arrêt de mort intellectuelle : les au lieu de certains, cela montre que vous essentialisez donc que vous êtes racistes. Quand Houria Bouteldja du PIR, le CCIF et bien d’autres de leurs alliés idéologiques obsédés par le post-national, disent « les blancs », « les juifs », « les Français », « les souchiens », ce n’est pas de l’essentialisation racistes puisque c’est de l’antiracisme. Ils ne parlent pas à une clientèle, ils parlent au nom de tous, ils essentialisent en permanence : « les musulmans », « les noirs », « les racisés », « les femmes racisées », mais ce n’est pas du racisme, c’est du progressisme ou du féminisme !
Nous avons donc voulu raconter dans le détail qui fut à la manœuvre dans cette procédure, sous quelles motivations. Montrer comment derrière l’historien c’est aussi le coordinateur de deux ouvrages basés sur des témoignages de terrain, Les territoires perdus de la République et Une France soumise, qu’on voulait atteindre. Montrer comment les associations antiracistes se sont embarquées dans cette galère. Logiquement pour la LDH et le MRAP qui sont des alliés objectifs du CCIF. Moins logiquement pour SOS Racisme ou la LICRA qui ne sont pas connus pour leur alliance avec l’islamo-gauchisme ou l’islamisme tout court. La LICRA en particulier y aura laissé des plumes, des dissensions internes à cause de l’affaire Bensoussan la fracturent désormais en profondeur. Nous avons voulu expliquer précisément pourquoi une personnalité comme Mohamed Sifaoui a pu se retrouver assis à côtés de ceux qu’il présente comme ses ennemis, à savoir le CCIF pour attaquer Georges Bensoussan avec autant de virulence. A chaque fois, ce qui était en jeu c’était nier la réalité d’un antisémitisme d’origine arabo-musulmane culturellement enraciné, violent et mortifère. Sifaoui essaie de faire croire que cet antisémitisme est une invention des islamistes, c’est un non sens historique, mais cela a un sens pour le politiquement correct actuel qui veut croire à la possibilité d’un « vivre ensemble » construit sur l’aveuglement collectif. Nous voulions aussi montrer que ce déni a des conséquences tragiques qui ne concernent pas que les Français juifs. Ce déni du réel qui prend parfois la forme d’une novlangue multiculturaliste politiquement correcte est un danger mortel pour l’identité démocratique de la France.

Vous semblez remettre en cause l’Etat et le système judiciaire à travers cet ouvrage. Que leur reprochez-vous ?
Nous ne remettons pas du tout en cause l’Etat, pas plus que le système judiciaire.
Nous sommes dans un Etat de droit et la justice est souveraine. D’ailleurs, ce procès aurait pu ne pas se tenir car une erreur de procédure permettait à Georges Bensoussan de s’y soustraire comme cela lui a été proposé en ouverture du procès par la Cour. Il a refusé de bénéficier de cette erreur matérielle. Il n’avait pas supporté ces mois de calomnie pour renoncer à démontrer sa bonne foi.
Nous avons simplement été stupéfaits que le Parquet décide de poursuivre après la plainte du CCIF déposée plusieurs mois après les faits, et ce malgré les auditions de Georges Bensoussan devant la police à deux reprises qui avait explicité ses propos au regard du contexte de l’émission où ils avaient été prononcés. Impossible de savoir s’il y a eu là un ordre venu du politique auprès du Procureur de la République. C’est indémontrable. Le fait est que le Parquet a validé la plainte. Dès lors la machine judiciaire était lancée.
La justice a fait son travail avec conscience, elle a consacré beaucoup de temps à auditionner tous les témoins ce 25 janvier 2017. L’audience a duré près de douze heures ! La relaxe a été motivée de façon rigoureuse. Nous publions, dans le livre, le jugement. Tout le monde se fera son opinion, c’est cela un Etat de droit. Nous n’avons donc rien à redire de la justice comme institution. Mais, en sortant à 1 heure du matin de cette interminable audience, nous étions entre l’envie de rire et de pleurer : comment peut-on encombrer la justice française de telles procédures.
Douze heures et des centaines d’heures de travail pour des juges, des greffiers etc. pour une expression sur la dimension culturelle de la judéophobie arabo-musulmane (« l’antisémitisme tété au lait de la mère ») et une assertion sur les ratés de l’intégration (« un autre peuple qui se constitue au sein de la société française »). Le président Hollande disait à peu de choses près la même chose à Davet et Lhomme, je cite : « comment peut-on éviter la partition? Car c’est quand même ça qui est en train de se produire: la partition», après avoir dit « qu’il y ait un problème avec l’islam, c’est vrai. Nul n’en doute » ou encore que le voile islamique est « un asservissement »…
Sans parler de propos du même acabit de personnalités de premier plan qui ont été cités lors du procès, dont Sifaoui qui témoignait contre Bensoussan, ce qui n’a pas été sans suscité l’hilarité, c’était l’arroseur arrosé en quelque sorte. La présidente lui a ainsi demandé quelle différence existait entre les propos de Bensoussan et lui qui avait parlé il ya quelques années de sociétés arabes « nourries à la mamelle de la haine antisémite »… Idem pour la sociologue Nacira Guénif témoin pour le CCIF et proche du PIR qui a convenu sans difficulté devant les juges que yahoud (juif en arabe) était une insulte en soi dans le monde arabe. Mais, elle a expliqué que c’était une expression qui n’avait pas un sens antisémite puisqu’elle est « d’usage courant, donc elle doit être contextualisée ». La salle a frémi, certains ont ri tant l’argument était ridicule et contre-productif pour les parties civiles qu’elle représentait. La présidente n’a d’ailleurs pas manqué de le lui faire remarquer. Dans ses écrits et son action militante, madame Guenif n’a pas ce genre de tolérance contextuelle quand il s’agit de condamner le racisme anti-arabe ou anti-noir. Deux poids, deux mesures.

source :

http://www.atlantico.fr/decryptage/georges-bensoussan-derange-ideologues-mythologie-al-andalous-qui-postulent-que-islam-est-religion-tolerante-egard-autres-3223671.html/page/0/2

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