Houria Bouteldja (Indigènes de la République) : « Si nous sommes homophobes et antisémites, c’est la faute du colonialisme »

Plus racialement obsédée qu’un Gobineau, plus identitaire qu’un Zemmour, plus viriliste qu’un Soral, la pasionaria des « décoloniaux » assume son radicalisme avec l’enthousiasme d’une cheftaine scout sous l’Occupation.
Le truc qui m’intrigue avec Houria Bouteldja, la boss des Indigènes de la République, un mouvement qui postule qu’un « continuum » enferme pour l’éternité les personnes issues de l’immigration dans le même statut que leurs aïeux colonisés, c’est qu’elle soit elle-même « assignée » à l’extrême gauche parce que je suis certain que c’est contre son gré.
Car j’ai beau chercher, pousser jusqu’aux néandertaliens du Bastion social ou aux mabouls pédants de Rivarol, et je ne vois rien de plus radicalement à droite dans le paysage : homophobe, antisémite, viriliste, misogyne, obsédée par les clivages raciaux et religieux, elle a vraiment tout pour plaire… Tiens, le meilleur portrait qu’on ait jamais dressé d’elle, c’est Thomas Guénolé qui s’en était chargé dans l’une de ses rares phases de lucidité, lorsqu’en rupture de ban avec la mélenchonie et préalablement à sa rima-hassanisation, il s’était mêlé de passer les névroses de la dame par le menu sur un plateau de télé et c’était beau comme l’antique.
Animatrice de Parole d’honneur, un rendez-vous hebdo sur Twitch que Daniel Schneidermann décrit comme « une émission de tonalité joyeuse, déconstructrice et décoloniale », la voici d’ailleurs qui s’épanche sur ces « tarlouzes arabes qui ne sont plus tout à fait des hommes » et qui viennent foutre le souk dans les mosquées avec leurs sales manières.
« Cette histoire de mosquée inclusive, ça me démonte ! s’indigne-t-elle sous les hochements de tête approbateurs de ses co-panelistes. J’en peux plus, j’ai envie de mourir. On veut que les homosexuels se revendiquent comme tels, arrivent à la mosquée avec un truc écrit sur le front ? [elle mime] Non mais ! Ils veulent tout désacraliser ! ». « Ah ouais ! renchérit sa copine tout aussi offusquée par la terrible image. Et pourquoi ne pas y aller avec une bouteille de whisky ! [elle mime aussi pour qu’on saisisse vraiment le degré d’impudence] ».
D’un autre côté, cette aversion pour les invertis, ça n’est pas complètement de sa faute. C’est même pratiquement à son corps défendant parce que c’est surtout celle des colonialistes, tout comme la détestation des juifs si on va par là : « Il faut rétablir l’homophobie dans son contexte. L’homophobie est née en Europe, via les États-nations. En dehors de cet espace-temps, elle n’existait pas forcément. Nos ancêtres n’étaient pas homophobes mais nos sociétés d’aujourd’hui le sont devenues du fait de notre intégration. C’est l’intégration qui nous a rendu homophobes. Et je dirais la même chose de l’antisémitisme : nous sommes devenus antisémites dans le cadre des rapports coloniaux. Nous avons été corrompus. Et choisir la visibilité, le coming out [pour les homosexuels musulmans], c’est être dans les filets du monde blanc ! ».
Bigre. C’est profond. Ça fait réfléchir. Et ça incite même à avoir une certaine indulgence pour les militants EELV de Saint-Ouen ayant récemment « débranché » leur candidate aux municipales Sabrina Decanton, au motif qu’une tête de liste notoirement homosexuelle, ça pourrait être un poil trop déstabilisant pour les « quartiers populaires »… Les « blancs », franchement, quelle plaie. Presque autant que les juifs et les gays.

Source Atlantico