Juliette Hochberg : « La France s’est levée pour Charlie et pas pour Toulouse »

Dans ses livres Kaddish pour la France et Regards vers Israël(s) publiés à quelques mois d’intervalle, la journaliste Juliette Hochberg, 22 ans, s’interroge sur le désarroi d’une partie de la jeunesse juive française et l’espérance d’Israël.
Actualité Juive : Vous dressez un tableau plutôt sombre de l’avenir des jeunes juifs en France, en particulier dans Kaddish pour la France ? D’où vient votre constat ?
Juliette Hochberg : C’est une photographie d’un lieu et d’un moment. La question de l’identité m’intéressait depuis longtemps et elle a pris une nouvelle dimension pendant mes études de journalisme quand j’étais présidente d’un mouvement de jeunesse à Toulouse. En 2012, la majorité des enfants que je côtoyais voulaient parler de ce qui s’était passé. Certains avaient été témoins de l’attentat. Des temps de débat se sont imposés et dès qu’un jeune levait le doigt, j’avais l’impression qu’il récitait le kaddish. Je devais les apaiser et répondre, entre autres, à cette question : pourquoi la France s’était-elle levée pour Charlie et pas en 2012 ?

A.J.: Kaddish pour la France ? est un échange de lettres entre vous et votre père. Pourquoi cette forme de récit ?
J.H. : J’avais besoin de m’adresser à quelqu’un qui m’aide à trouver des réponses aux jeunes. J’avais besoin d’un grand-père ou d’un père comme les jeunes le font, quand ils s’adressent à nous, animateurs. Mon père avait écrit avec son père, mon grand-père, déporté à Auschwitz. Ils avaient écrit ensemble Paris-Auschwitz-Paris. Inconsciemment peut-être, j’ai imité sa démarche. Mon père avait été un fils porte-plume, il devenait avec Kaddish un père sage qui essayait de me donner des pistes de réflexion.

A.J.: Dans Regards vers Israël (s), vous interrogez des jeunes olim, dont certains sont rentrés en France. Quel est le sens du livre ?
J.H. : Petite, je savais qu’il y avait deux Israël, le vrai et celui qu’on vit en vacances. J’avais envie d’aller plus loin. Kaddish me plaçait du côté français, j’ai voulu parler aux jeunes Français qui étaient en Israël et pour qui, parfois, la vie n’était pas rose. En cherchant, j’ai compris que le tableau ne serait pas complet si je n’interrogeais pas des Israéliens. J’aime l’idée de « singulier pluriel » de Denis Charbit que j’ai interrogé et qui est un peu la trame du livre. Je voulais aussi déconstruire l’image de grand méchant qu’a Israël en interrogeant des voix diverses et montrer cette diversité pour rééquilibrer un peu les choses.

(1) Kaddish pour la France, éditions Le Bord de l’Eau, 12 euros
(2) Regards vers Israël(s), éditions Bréal, 13,90 euros
Source :
http://www.actuj.com/2018-07/communaute/7058-juliette-hochberg-la-france-s-est-levee-pour-charlie-et-pas-pour-toulouse#