L’avènement des hipsters nazis

By  |  2 Comments

Au tournant du XXIe siècle, explique Rolling Stone dans un long article consacré au relooking de l’extrême droite en Allemagne, le style skinhead a peu à peu diminué, «et la scène [néo-nazie] vécut une transformation philosophique et esthétique». Une transformation qui faisait suite à d’autres bouleversements de l’extrême droite allemande depuis la Seconde Guerre mondiale: après la chute du Mur, la réunification, etc.
Au début du XXIe siècle: «la société avait commencé à réagir contre l’extrême droite, et devenait moins attirante pour les jeunes gens, qui n’avaient pas envie d’être stigmatisés», selon Simone Rafael, rédacteur en chef de Netz Gegen Nazis, blog surveillant l’extrême droite. Du coup, un nouveau mouvement d’extrême droite émergea, récupérant des codes vestimentaires d’extrême gauche, et ce fut le début d’un changement de style important, qui touchait aussi à des questions idéologiques (l’intégration de problèmes comme l’environnement dans les préoccupations d’extrême droite) et un décloisonnement par rapport à certains codes mainstream. A la même époque, en 2002, une marque de vêtements allemande se mit à vendre des vêtements branchés avec des symboles nazis tacites.
Aujourd’hui, le NPD, plus gros parti néo-nazi allemand, met en avant de jeunes membres au look de hipsters, qui prônent la possibilité d’appartenir au parti pour des membres qui ont des codes hip-hop ou autres, afin de ne pas les aliéner. Comme Patrick Schroeder, membre du parti, animateur d’une émission hebdomadaire sur un site néo-nazi et surnommé le «hipster nazi» par la presse allemande. Ce jeune homme affiche son désir de donner au mouvement un visage plus sympathique et plus cool et anime des conférences pour montrer aux néo-nazis la façon dont ils peuvent s’habiller pour avoir l’air moins menaçants…
«Au cours de l’an dernier, en partie à cause de leaders comme Schroeder et en partie à cause de la mondialisation implacable de la culture visant les jeunes, la hipsterification des groupes allemands néo-nazis a commencé à prendre de l’ampleur», explique Rolling Stone. A tel point que l’on parle désormais de «nipster» pour décrire les jeunes en hipsters de Brooklyn se rendant à des rassemblements nazis.
Mais pour être hipsters, ces nazis n’en gardent pas moins leurs idées racistes, antisémites, xénophobes, etc. C’est simplement un changement cosmétique, parallèle à celui que tente Marine Le Pen en France sur le visage du FN, pour toucher d’autres cercles, plus vastes.
lire l’article de SLATE en cliquant sur le lien ci-après

http://www.slate.fr/story/88961/hipsters-nazis

happywheels

2 Commentaires

  1. Richard C. dit :

    De gauche et écologistes ( cercle de Thulée, terre creuse, culte de Gaïa) à l’origine, le socialisme des nationaux a basculé de l’extrème gauche à l’extrème droite en utilisant un moyen expéditif: la mise à mort des SA, socialistes bruns de gauche dirigés par Ernst ROHM.
    Actuellement le mouvement recommence selon les mêmes shemas et la volonté des verts-roses de »changer les individus plus que la société » et les alliances islamo-anti sémites sont éxactement les mêmes, souvent au mot près.
    Certains milieux « progressistes »catholiques et protestants ont démarré un jeûne contre le Réchauffement climatique, selon ces Manipulés.

  2. On entend souvent dire que la Seconde Guerre mondiale fut le moment où le monde est entré dans la modernité. Mais n’est-ce pas plutôt le nazisme dans la Seconde Guerre mondiale qui a défini cette modernité ?

    Les nazis – et en tête les dignitaire du IIIe Reich – ont, on le sait, inventé une nouvelle langue, ainsi que Victor Klemperer l’a montré dans son livre LTI. Et confisquer une langue, obliger les locuteurs à s’exprimer avec certains mots et pas d’autres, c’est redéfinir leur manière de penser.

    Et si la dénazification a eu lieu après guerre, étant donné que les USA ont vite perçu le danger du communisme, ils n’ont pas insisté outre mesure pour dénazifier la culture.

    Or, notre culture de masse (rien que cette expression est en elle-même une révélation) est l’héritière, à bien des égards, de la culture nazie.

    Quasiment toutes les élites allemandes, industriels, politiques, magistrats, professeurs, artistes ont collaborés de plus ou moins bon gré avec le régime hitlérien. Les véritables résistants allemands anti-nazis sont une minorité comme Konrad Adenauer (ancien maire antinazi de Cologne et futur premier ministre de la nouvelle Allemagne Fédérale) et sont trop peu nombreux pour pouvoir gérer le pays à eux tout seuls.

    Les alliés vont réagir à ce problème de façon variée. Français et Britanniques, après avoir épurés les principaux responsables vont utiliser industriels et ingénieurs, même anciennement encartés au parti nazi, pour relancer la machine économique allemande qui peut rembourser les dégâts de la guerre. Et au passage récupérer aussi pas mal de cerveaux dans la grande pêche aux savants allemands qui a lieu après la guerre.

    Si à partir des années 50, seul un allemand sur quatre proclame encore avoir une bonne image d’Hitler, l’Allemagne essaye surtout de tourner la page.

    Si de nos jours, le souvenir de la guerre s’estompe et les derniers survivants de cette période disparaissent, il reste encore un poids extrêmement lourd pour l’Allemagne et les révélations de l’engagement dans les organisations de jeunesse hitlérienne de l’écrivain Günther Grass ou du pape Benoit XVI, adolescent pendant la guerre, restent des taches que les allemands évoquent toujours avec difficulté.

    Enfin la denazification toucha surtout l’Allemagne, l’Autriche engloutie par l’anschluss de 1938 se vit davantage comme une victime que comme un bourreau et fit beaucoup moins son examen de conscience que l’Allemagne. Brièvement occupée en 45-46, elle devint un prospère pays neutre où de nombreux anciens nazis se firent oublier et refirent carrière. Elle aura à son tour un électrochoc de taille lorsque dans les années 80 on découvrira qu’un de ses présidents (et ancien secrétaire général de l’ONU) Kurt Waldheim avait été un Waffen SS ayant participé à des massacres en Yougoslavie.

Publier un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *