
« Le Grand Dé-Remplacement? » Par Shmuel Trigano
Selon Le Figaro[1], « la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) vient d’accorder pour la première fois le statut de réfugié à une ressortissante de Gaza et à son fils mineur, marquant un tournant dans la politique d’asile française ». Saisie du cas d’une mère de famille ayant fui Gaza peu après les attaques du Hamas le 7 octobre 2023, la CNDA a, à cette occasion qualifié les « méthodes de guerre » israéliennes de « persécution », au sens de la Convention de Genève de 1951.
On ne peut s’empêcher de voir dans cet événement une concordance facheuse, à moins qu’elle ne soit éminemment significative. En somme, au moment où les Juifs français projettent de partir, de quitter une France où se mutiplient les agressions antisémites, où un parti antisemite sévit à l’Assemblée, une France où l’extrême gauche déliquescente s’est alliée aux islamistes et aux Frères musulmans qui prônent la Sharia, une France où le drapeau palestinien a remplacé dans les manifestations de rues le drapeau français, une France où la CGT boycotte le concert d’un chanteur parce qu’il est Juif, une France qui a enfermé le stand israélien du Salon de l’aéronautique du Bourget derrière une palissade noire comme si le voir était obscène, une France qui s’apprête à réunir fin Juillet une Conférence avec l’Arabie saoudite pour imposer à Israël un Etat palestinien sans son assentiment : une France dont, aujourd’hui, la Cour nationale du droit d’asile qualifie la guerre de Gaza de « persécution » israélienne !
C’est dans un tel moment que la France pose les bases d’une possible et déjà symbolique émigration de masse des Gazaouis vers la France, un transfert, soulignons-le, que tous les Etats arabes limitrophes ont depuis toujours refusé au point qu’ils ont fait des Palestiniens des « réfugiés » éternels[2], au lieu de les intégrer dans leurs pays[3].
D’aucuns y verront une version inattendue de la thèse controversée du « grand remplacement »: les Juifs français s’en iront, les « Gazaouis » arriveront, une population qui a été formée à la haine des Juifs dans les écoles de l’UNWRA de l’ONU[4] et dont les civils ont pris part à l’invasion d’Israël et au massacre du 7 octobre.
Pour couronner le tout, l’instauration dans cette ambiance d’un anniversaire national de la résolution de l’affaire Dreyfus et l’élévation postume de Dreyfus au rang de Général de brigade ont quelque chose de théâtral. Emmanuel Macron veut-il donner un gage symbolique à moindre frais pour blanchir la motivation qui l’anime dans sa politique envers Israël? Il est, ce faisant en retard sur l’histoire. Herzl avait tiré dès 1896 la leçon de l’affaire Dreyfus. Justement le concept d’Etat des Juifs…
[2] Tout en condamnant à l’exil 900 000 Juifs, qui, eux n’ont jamais été reconnus par l’ONU comme « réfugiés ». Dans les années 1950, 600 00 d’entre eux trouvèrent refuge en Israël, connurent les camps de réfugiés, les maabarot avant d’être intégrés en Israël.
[3] D’autant que ce sont eux qui ont envahi Israël pour le détruire en 1948 et qui ont alors annexé Gaza (l’Egypte) et la Judée Samarie devenue « Cisjordanie » après l’annexion de ces territoires par l’ex-Transjordanie devenue Jordanie….
[4] Une affirmation très documentée par la recherche
Source
Tribune Juive