Le ministre distingue le Juste Gérard Persillon

By  |  0 Comments

Point d’attente protocolaire. Impatient de présider une cérémonie officielle sur le territoire de son enfance, Kader Arif, secrétaire d’État aux Anciens Combattants et à la Mémoire, est arrivé bien avant l’heure du rendez-vous, hier soir, à la mairie de Saïx. Il ne cachait pas son plaisir de remettre les insignes de chevalier de la Légion d’honneur à Gérard Persillon, 94 ans. En juillet dernier, ce Saïxol avait été honoré en tant que Juste parmi les nations, comme l’a rappelé Genevière Dura, maire de la commune en ouvrant cette cérémonie : «C’était il y a trois mois, ici même, monsieur Persillon, nous assistions à la remise de cette médaille reconnaissant le courage qui vous a permis de dépasser les risques encourus…» Son courage pour avoir permis à une jeune fille juive, Perla, pendant la Seconde Guerre mondiale, d’obtenir de faux papiers d’identité, d’être protégée par la directrice du collège de Limoux, lui évitant ainsi la déportation. À ces heures graves du conflit mondial, Gérard Persillon était commissaire de police dans l’Aude. Plus tard, il s’installa à Saïx avec sa famille. «Saïx, au cœur de l’Agout», où Kader Arif venait à pied, en vélo, retrouver des amis à la fête du village. Qui y revient en qualité de «ministre de la République pour rendre hommage à un héros comme Gérard Persillon, vous qui avez considéré que vous n’avez fait que votre devoir. Chaque ville a ses héros, Saïx a les siens, vous êtes de ceux-là, qui donnent leur vie pour préserver celle des autres. D’une autre, Perla, qui a fait le voyage jusqu’ici, depuis les Etats-Unis, en juillet, pour vous remercier… Votre acte est une preuve d’amour, une belle preuve d’amour adressée aussi à la France.» Appuyé sur sa canne, attentif au discours du secrétaire d’État, le vieux monsieur a vécu l’instant dignement avant de recevoir l’insigne honorable. Puis, d’un pas sûr, sortant un papier de la poche de son superbe costume gris, il s’est rapproché du micro pour adresser notamment au ministre : «Par ce geste, le gouvernement de la République reconnaît les efforts déployés par des populations… Où irait-on chercher les vertus nécessaires à l’accomplissement de missions sinon dans les rangs de la Légion d’honneur, vaillante cohorte où les noms de sacrifice et don de soi ne sont pas des lieux communs… Servir dans la Légion d’honneur entraîne surtout l’obligation morale d’être prêt à défendre ces vertus pour l’amélioration de l’humanité. En ce qui nous concerne, malgré l’âge et l’état de santé, nous sommes résolus à en être digne.» Gérard Persillon démontre ainsi, une fois encore, combien il était juste de le distinguer. Un homme «d’une simplicité formidable, d’une modestie et d’une humilité qui fait la fierté de notre commune», assure Genevière Dura.
Sylvie Ferré

lire l’article de LADEPECHE en cliquant sur le lien ci-après

http://www.ladepeche.fr/article/2014/10/25/1978905-le-ministre-distingue-le-juste-gerard-persillon.html

Un 67ème nom sur la liste des policiers et gendarmes JUSTES PARMI LES NATIONS
Après l’avoir attribué voici peu de temps au gendarme André Martin, l’Institut Yad Vashem vient de décerner le titre de « Juste parmi les Nations » (dossier n° 12773 A) au commissaire de police Gérard Persillon. Son nom vient s’ajouter à ceux des 66 autres policiers et gendarmes qui, à ce jour, ont déjà reçu ce titre de « Juste » pour avoir osé désobéir, pour avoir eu le courage, parfois au péril de leur vie, de sauver des personnes juives sous l’Occupation nazie. Voici, brièvement relatée, l’action salvatrice de ce commissaire et résistant en poste à Limoux (Aude) à l’égard de Perla Hauszwalb, une jeune fille juive originaire de Pologne.

En janvier 1933, après le décès de son mari Moszek, Mme Mala Hauszwalb quitte la Pologne avec ses cinq enfants (trois filles et deux garçons) pour venir à Paris rejoindre des membres de sa famille commerçants chapeliers. La fille aînée Hélène et les deux garçons travaillent bientôt dans l’atelier de leur oncle.
En juillet 1942, le jour de la rafle du Vel’ d’Hiv, Perla, la cadette (elle a alors 14 ans) a rendez-vous avec sa mère et sa soeur devant la station de métro Hôtel de Ville. Ne les voyant pas venir, Perla rentre à la maison pour découvrir que des scellés barrent la porte. Elle se rend alors au commissariat où on lui recommande de « partir vite ». Après la guerre, Perla apprendra que sa mère et sa soeur ont été conduites à Drancy puis déportées le 24 juillet 1942 pour ne jamais revenir.
La jeune Perla se cache d’abord chez sa tante Fanny qui l’envoie en zone libre rejoindre à Carcassonne ses oncles Henri et Maurice ainsi que son frère Shlomé réfugiés là-bas. Après une vaine tentative pour prendre un bateau vers les Etats-Unis, l’oncle Maurice parvient à placer Perla comme pensionnaire au collège de Limoux (Aude). Cela grâce à la directrice Mme Germaine Rousset qui n’ignore rien de la situation de l’adolescente. Encore faut-il pouvoir disposer de faux papiers pour masquer cette situation que l’occupation de la zone libre à partir de novembre 1942 rend plus que jamais périlleuse.
C’est là qu’intervient le jeune commissaire de police de Limoux. Il s’appelle Gérard Persillon. Alors âgé de 22 ans, nommé commissaire de police depuis peu (le 8 juillet 1942), il fournit en toute connaissance de cause une vraie-fausse carte d’identité à Perla qui va rester au collège jusqu’à la Libération. Dénoncé, son oncle Maurice est déporté et assassiné au camp de Majdanek.
Perla Auszwalb s’est mariée, a aujourd’hui des enfants et des petits-enfants. Elle est revenue en 1998 à Limoux où elle a rencontré des amis et amies avec lesquels elle avait traversé cette triste époque au collège.
Le commissaire Gérard Persillon, quant à lui, s’engage très vite dans la résistance. Membre du SSMF-TR et de l’AS, il accueille et assure la sécurité d’agents venus d’Alger, fabrique et fournit de faux-papiers, recueille de précieux renseignements (dont des informations qui sauvent le maquis de Picaussel), organise des passages clandestins à la frontière espagnole (dont celui d’un groupe de l’anncienne unité du général de Lattre). Informé de son arrestation prochaine, il fuit vers l’Espagne et Barcelone le 26 mai 1944 avant de rejoindre la France Libre à Alger. Après-guerre, il poursuit sa carrière dans la police. Il prend sa retraite en juin 1975, étant alors en poste à la direction départementale des polices urbaines à Marseille

Persillon Gérard
Année de nomination : 2014 Dossier n° 12773A –
Les Justes
M. Gérard Persillon
Date de naissance : 30/03/1920
Profession : Commissaire de police
Particularité : Information non disponible
Localisation
Localite : Limoux
Département : Aude
Région : Languedoc-Roussillon
Pays : France
Cérémonies de reconnaissance
Date : 9 juillet 2014
Lieu : Mairie de Saïx (81710)
Remise de la médaille des Justes parmi les Nations par Simon MASSBAUM et Albert SEIFER, délégués de Yad Vashem ; À Gérard PERSILLON.
Personnes sauvées
Mme Anne-Marie Nunez
Mme Perla Nunez (née Hauszwalb)
Lieu de mémoire
Aucun
L’histoire
Il s’agit de l’histoire d’une fille Juive, dont les parents sont originaires de Pologne. Une partie de cette famille disparait en Pologne, l’autre disparait en France ou est déportée vers les camps d’extermination. Très peu se retrouvent en vie après la Shoah.
Moszek HAUSZWALB, le père de Perla, était le descendant de Kazimierz Dolny, d’une famille de chapeliers. Les deux frères ainés de Moszek, Henri et Maurice sont arrivés en France après la première Guerre mondiale et ont démarré une entreprise de confection de chapeaux. Moszek épouse Mala Rywka Akselrad, fille d’un commerçant aisé de Varsovie. Le couple s’installe à Pulavi et a cinq enfants (trois filles et deux garçons), dont Perla est la plus jeune. La mère, Mala Rywka essaie de démarrer une petite boutique de chapeaux, les affaires ne marchent pas et en 1929, Moszek décide de rejoindre ses frères en France, en espérant faire venir rapidement sa femme et ses enfants restés en Pologne. Malheureusement, il tombe malade en France, rentre en Pologne où il décède en 1931.
En janvier 1933, Mala Rywka et ses cinq enfants arrivent en France pour rejoindre les frères de Moszek à Paris. La fille ainée, Hélène et les deux garçons, travaillent dans l’atelier de chapeaux de leurs oncles au 30 rue Vieille du Temple (« Société France Chapeaux).
Le jour de la rafle du Vel d’Hiv, Perla avait rendez-vous avec sa mère et sa sœur Bella devant la station de métro Hôtel de Ville. Ne les voyant pas venir, Perla rentre à la maison, trouve des scellés sur la porte, essaie d’obtenir les clés au Commissariat mais le Commissaire lui demande de partir vite. Finalement, elle va chez une tante, Fanny Akselrad, dont le mari était prisonnier de guerre en Allemagne.
Après la Guerre, Perla avait appris que sa mère et sa sœur sont restées à Drancy et déportées le 24 juillet 1942. Elles ne reviendront pas.
La tante Fanny organise le départ de Perla pour Espéraza près de Carcassonne en zone libre, où elle devait retrouvé son frère Shlomé et ses oncles. Elle part avec une famille qui voulait passer aussi en zone libre, se sépare de cette famille (qui voulait aller en zone d’occupation italienne) et arrive seule à Carcasonne. Le départ avait été organisé par les Eclaireurs Israelites et Perla avait reçu une fausse carte d’identité au nom de Paulette Rivière. Elle avait 14 ans à l’époque.
À Espéraza, elle retrouve son frère Shlomé, ses oncles Henri et Maurice et la femme de ce dernier, Rosette. Après une tentative non réussie de prendre un bateau pour les Etats-Unis, Oncle Maurice va avec Perla au Collège de Limoux qui desservait toute la région, explique la situation à la Directrice, Germaine Rousset, qui accepte d’inscrire la fille pour l’année scolaire. Maurice paiera d’avance les frais d’internat pour l’année scolaire.
Perla va passer quatre ans au Collège de Limoux. La Directrice était au début réservée à son égard, mais Perla s’est liée d’amitié avec les enfants de cette dernière. Elle a eu froid, elle a eu faim, mais elle s’était très bien intégrée.
Après l’occupation de la zone libre, oncle Maurice est envoyé a Majdanek suite à une dénonciation. Oncle Henri avec la femme et les enfants de Maurice ainsi que Shlomé, le frère de Perla réussissent à passer en Suisse. Germaine ROUSSET va protéger Perla pendant toute cette période. Grace à son intervention, Perla obtiendra des faux papiers d’identité, émis par un jeune Commissaire de Police (encore en vie), Gérard PERSILLON. Ce Commissaire était affecté à l’époque à Limoux, et faisait partie aussi de la Résistance. Il passe en Espagne au printemps 1944 pour aller en Afrique du Nord où il rejoindra les forces de la France Libre.
Sans la vraie-fausse carte d’identité au nom de Perla AUSWALD, délivrée en toute connaissance de cause par le Commissaire Persillon, Germaine Rousset n’aurais pas eu la possibilité d’héberger Perla dans son Collège.
En 1944, comme personne ne payait les frais d’internat de Perla, Germaine ROUSSET s’est arrangée pour qu’une famille de la région l’embauche au pair pendant les vacances scolaires comme perceptrice des enfants. Par la suite, Perla sera nommée surveillante au pair à l’école.
Perla s’est mariée, a aujourd’hui des enfants et des petits-enfants. Elle est revenue en 1998 à Limoux où elle a rencontré des amis et des amies avec lesquels elle avait partagé les années au Collège.
Le ,l’Institut Yad Vashem Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Gérard Persillon.

happywheels

Publier un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.