Les territoires perdus de l’information, saison 2

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Par Gilles-William Goldnadel
On a beau connaître la presse sentencieuse, on est toujours surpris de la manière dont elle est capable de mettre sous l’étouffoir toutes les informations qui lui déplaisent alors que dans le même temps elle montre une capacité à monter en épingle tout fait de nature à la plonger dans un abîme de béatitude. C’est ainsi par exemple que la République Islamique d’Iran a été prise, la main dans le sac, à vouloir fomenter un attentat en France.
Selon un communiqué conjoint du parquet fédéral belge et de la sûreté de l’État, un attentat terroriste à la bombe contre le rassemblement de la résistance iranienne à Paris a été déjoué la semaine dernière. Au moins six personnes ont été arrêtées dans le cadre de ce projet d’attentat. Un demi- kilo d’explosifs et un détonateur ont été confisqués. Le cerveau de l’attaque se nomme Assadi, chef du renseignement à l’ambassade d’Iran à Vienne. Les deux terroristes qui ont caché la bombe dans leur voiture, résidaient à Anvers. Selon les aveux des terroristes arrêtés, Assadi leur aurait remis la bombe à Luxembourg pour créer une explosion meurtrière au rassemblement de Villepinte. Dans le même temps, le quotidien israélien Haaretz, situé très à gauche et opposant farouche à la politique de Benjamin Netanyahou révélait en première page que, selon le Mossad, l’Iran des mollahs avait pris la décision politique d’assassiner des Israéliens en Europe.
Question simple : quel est le pourcentage de consommateurs d’information français à avoir été informés de ce que des agents iraniens ont été arrêtés en Belgique en étant accusés d’avoir voulu organiser un attentat terroriste sur le sol français ? À mon avis, moins de 0,01%.
Question à peine plus complexe : pour quelle raison le président Macron a-t-il estimé devoir mettre publiquement en cause, non sans une certaine spéculation intellectuelle, l’action des services secrets russes en Angleterre, accusés d’avoir empoisonné un opposant à la politique de Poutine, alors qu’il n’a pas pipé mot après l’arrestation par les autorités belges d’agents iraniens accusés d’avoir voulu commettre un carnage sur le sol de son pays ? Troisième question : pour quelle raison la presse française s’est- elle abstenu à ce point non seulement de poser des questions mais même de révéler les faits ?
Dans le même temps, l’imam de Toulouse était poursuivi par les autorités judiciaires en étant accusé d’avoir prononcé en arabe un discours violemment antisémite. L’affaire avait été révélée par le site Memri, ordinairement bien informé. Dans le passé, l’imam, ne détestant pas le double discours, avait été accusé d’avoir repris les propos du cheikh Kardawi, admirateur d’Adolf Hitler, antisémite compulsif, sponsorisé par le Qatar, adulé dans le monde arabe à commencer par Tariq Ramadan. Dans un premier temps, l’imam et ses amis ont semblé plaider l’erreur de traduction. Cependant, dans un second temps, et après avoir été convoqué par la Grande Mosquée de Paris, l’imam présentait ses excuses à la communauté juive de Toulouse qui rompait avec lui et la Grande Mosquée, pour lui accorder son pardon, évoquait des propos » décontextualisés « , ce qu’on dit toujours quand on n’a plus rien à dire. Enfin, en désespoir de cause, la Grande Mosquée de Toulouse publiait un communiqué censé clarifier la question en écrivant : « Donc il est bien clair que le prêche était sur la disparition d’Israël…et pas le peuple juif. » Dans ce cas…
Si j’écris à présent que la presse a fait silence, je mentirais effrontément, malheureusement.
La Dépêche de Toulouse a publié un article outrancièrement en défense de l’imam et la radio de service public France Inter, dans le même esprit d’empathie, a diffusé le samedi matin 30 juin le reportage le plus à décharge que l’on puisse imaginer, avec un représentant du Conseil du Culte Musulman qui évoquait l’antisémitisme islamique comme un « fantasme ».
Dans cette ville de Toulouse qui connut le massacre d’enfants juifs dans une école, il fallait l’oser.
M.Zekri le fit et France Inter le mis à profit. Qu’une affaire aussi grave, couverte par les autorités musulmanes, puisse être à ce point traitée par le silence ou pire, la complaisance, dans un pays où l’antiracisme alimente la chronique de manière névrotique, heurterait l’entendement si la cause n’était déjà pas entendue depuis longtemps.
Ultime question : pourquoi les errements les plus graves de la République Islamique ou ceux de certains représentants du culte musulman sont-ils ainsi dissimulés ou excusés tandis que le moindre événement mettant en cause le comportement erratique ou non des occidentaux, à commencer par ceux de la police française, bénéficie-t-il d’une publicité souvent disproportionnée ?
Poser cette question, c’est non seulement y répondre, mais plus encore gravement attenter au bon goût, à la délicatesse et, parait-il, à la fraternité.
Source :
http://www.valeursactuelles.com/politique/les-territoires-perdus-de-linformation-saison-2-97114

happywheels

4 Commentaires

  1. danilo dit :

    Monsieur William : j’adore vos analyses et commentaires aigus .
    Si un jour , vous deveniez Président de la France :
    Ce serait un jour inoubliable ! Car vous êtes une personne Juste et Honnête ! Merci Mr William ! Merci encore !

  2. Lys dit :

    Bravo Maitre Goldnadel !!
    Comme toujours excellent !!

  3. marredestocards dit :

    Ce qui semble le plus probant, c’est que les autorités françaises et belges sont dépassées et ne jouent plus que le coup de balais sous le tapis, pour que :
    1- « ça donne pas des idées à des islamistes »
    2- « les Français et Belges ne passent pas le cap du raz-le-bol pour la révolte claire »

    Il fait chaud caniculaire, alors qu’avec l’aide de D.ieu, on n’ait pas de drames.

  4. Gégé dit :

    Goldnadel : merci pour vos analyses qui nous permettent de penser la politique.

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