L’histoire incroyable de Gino Bartali, grand champion cycliste italien, résistant et sauveur de juifs

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Télévision Belge
Gilles Goetghebuer a raconté l’histoire étonnante de Gino Bartali, champion cycliste italien mais aussi résistant pendant la Seconde Guerre mondiale dans Le 6-9 ensemble ce 9 avril.
À part l’une ou l’autre compétition de football, le sport est à l’arrêt partout dans le monde. Cela semble être une première dans l’histoire des sociétés modernes.
« Il y a certes eu les guerres où on avait arrêté les grandes épreuves comme les Jeux Olympiques ou Tour de France mais il y avait des compétitions qui se poursuivaient au plan national. Même pour celles qui s’étaient arrêtées comme le cyclisme, on savait bien qu’elles allaient reprendre et on permettait aux coureurs dans la perspective de cette reprise » explique Gilles Goetghebuer. C’était notamment le cas en Italie avec Gino Bartali.
« Il était le champion italien le plus charismatique de l’avant guerre » assure Gilles. « Il avait gagné le Tour de France en 1939 et on lui avait octroyé le privilège de pouvoir emprunter des routes de Toscane pour s’entraîner alors qu’elles étaient normalement réservées au transport des troupes » précise-t-il. Au total, Gino Bartali, sacré quatre fois champion d’Italie, a remporté deux fois le Tour, en 1939 et en 1948, trois fois le Giro, en 1936, 1937 et 1946 et neuf classiques dont quatre fois Milan-San Remo et trois fois le Tour de Lombardie. Le coureur était le véritable phénomène italien du cyclisme mondial de l’entre-deux-guerres avec Ottavio Bottecchia avant l’émergence de Fausto Coppi.
Avec son maillot sur lequel son nom était inscrit en grandes lettres blanches, on voyait passer et repasser Gino Bartali sur les routes de Toscane et d’Ombrie où il était acclamé par les armées de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste. Gilles Goetghebuer assure : « Tout le monde le considérait comme le symbole de l’Italie de Mussolini. Il était vraiment perçu comme le sportif charismatique et qui portait en lui toutes les valeurs de ce régime ». Le Duce voulait d’ailleurs faire du champion cycliste un symbole de l’Italie fasciste.
La réalité était pourtant bien différente. Considéré comme un héros en Italie après sa première victoire sur le Tour de France, Bartali, en 1938, pour fêter ce titre, au contraire de ses équipiers italiens, il ne fait déjà pas le salut romain au dictateur et répond, en fervent catholique, par le signe de croix.
Gilles Goetghebuer dévoile même : « Dans son vélo et sous sa selle, Gino Bartali véhiculait des documents de la résistance et des faux papiers qu’il apportait dans les couvents et les monastères où étaient cachées des familles juives pour leur permettre de quitter le pays ».
Très loin donc de soutenir l’Italie fasciste, il a fait à l’inverse partie « d’un réseau qui s’appelle Delasem et qui a permis de sauver plus de 800 Juifs ». « Il a été essentiel pendant cette période » remarque le chroniqueur.
L’adulation par ses supporters dans l’armée, sa renommée et son excuse de devoir s’entraîner lui ont permis de passer inaperçu lors des contrôles. Au moment de l’occupation de l’Italie par l’Allemagne nazie, Bartali est recruté dans le réseau par l’évêque de Florence, membre de celui-ci au même titre que les évêques d’Assise et de Gênes.
Le coureur cycliste italien a été reconnu au monument du Yad Vashem à Jérusalem, Mémorial israélien des victimes de la Shoah, où l’on retrouve les noms des « justes parmi les nations », c’est-à-dire « tous ceux qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs pendant la guerre ». Son nom a été inscrit sur ce monument en 2013.
Si son nom n’y figure que depuis 2013, c’est pour une simple raison : Gino Bartali a toujours gardé en secret son implication dans la résistance italienne. « Il est mort en 2000 et ce n’est qu’en 2003 que les enfants de celui qui dirigeait le réseau, Giorgio Nissim, ont découvert les carnets du père et ont vu l’importance de Bartali » détaille Gilles.
Ces papiers détaillaient minutieusement les voyages de Bartali, ainsi que les kilomètres qu’il lui fallait parcourir, les documents qu’il devait cacher dans sa bicyclette et les personnes avec qui il devait entrer clandestinement en contact.
Pour Gilles Goetghebuer, une phrase de l’écrivain franco-sénégalais Alain Mabanckou résume bien cette histoire : « Il y a plus de héros dans l’ombre que dans la lumière ».
Source :
https://www.rtbf.be/vivacite/emissions/detail_le-6-9-ensemble/accueil/article_l-histoire-incroyable-de-gino-bartali-grand-champion-cycliste-italien-et-resistant?id=10478964&programId=16557


Gino Bartali, né le 18 juillet 1914 à Ponte a Ema, près de Florence, et mort le 5 mai 2000 (à 85 ans) dans la même ville, est un coureur cycliste italien. Professionnel de 1935 à 1954, il est considéré comme l’un des meilleurs coureurs de tous les temps.
Profondément croyant, membre de l’Action catholique, « Gino le Pieux » a toujours refusé d’être un ambassadeur du fascisme. Proche du cardinal florentin Elia Dalla Costa, son activité de messager clandestin pendant la Seconde Guerre mondiale, sous couvert de sorties d’entraînement au cours desquelles il acheminait des faux papiers cachés dans le guidon ou la selle de son vélo, a permis de sauver plusieurs centaines de Juifs. Il fut à ce titre reconnu comme « Juste parmi les nations » en septembre 2013 et son nom figure au mémorial de Yad Vashem

Parallèlement, il répond favorablement à l’appel de son ami le cardinal Elia Dalla Costa qui requiert son aide pour acheminer des faux papiers vers les couvents de la région où sont cachés des Juifs. Il traite avec Giorgio Nissim, qui dirige en Toscane le réseau clandestin Delasem, pour organiser les missions à bicyclette. Les documents sont cachés dans la potence ou la selle du vélo de Gino Bartali, qui justifie auprès des autorités ses nombreux déplacements par la nécessité de s’entraîner. La grande popularité dont il jouit lui permet de franchir les contrôles de police sans éveiller les soupçons. Il se rend même parfois à Rome pour livrer des documents au Vatican. Après l’interception d’une lettre que le pape Pie XII lui avait adressée en guise de remerciement, Gino Bartali est convoqué à la Villa Triste de Florence pour y subir l’interrogatoire du major Mario Carità Il en ressort libre, grâce aux « bons offices » de deux jeunes fascistes qui interviennent en sa faveur auprès du major qui l’interroge.
Il s’éloigne de Florence et quitte son village de Ponte a Ema pour s’installer à San Casciano in Val di Pesa, puis dans les Apennins. Il est arrêté en novembre 1943 en voulant « chercher refuge au Vatican » et reste enfermé en prison pendant 45 jours. Considéré comme un déserteur et alors qu’il doit être traduit devant un tribunal spécial de guerre, il bénéficie d’une liberté sous caution, payée par des amis. Les évènements lui sont favorables : « les tribunaux de guerre durent plier rapidement bagages et mon jugement n’eut jamais lieu ». De retour à Ponte a Ema, il participe à l’envoi de colis de vivres au Vatican, destinées à des populations dans le besoin. En plus de ses missions de transport de documents à vélo, Gino Bartali installe à la demande de son cousin Armando Sizzi une famille juive, la famille Goldenberg, dans l’un de ses appartements de la Via del Bandino, à Florence

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1 Comment

  1. Franccomtois dit :

    Magnifique personnage,un vrai chrétien de coeur et d´esprit.
    Comme dit Gilles Goetghebuer, cette phrase de l’écrivain franco-sénégalais Alain Mabanckou résume bien cette histoire : « Il y a plus de héros dans l’ombre que dans la lumière ».

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