L’identité d’un nazi sur une photo célèbre de la seconde guerre mondiale révélée par le travail d’un historien… aidé de l’IA
L’une des photographies les plus glaçantes de la Seconde Guerre mondiale — un soldat nazi braquant un pistolet sur la tête d’un homme agenouillé devant une fosse remplie de corps — a enfin un nom.
Plus de quatre-vingts ans après la prise d’un des clichés les plus glaçants de la Shoah par balles, le voile se lève enfin sur l’identité de l’homme qui s’apprête à tirer. Le soldat nazi photographié en train de braquer son pistolet sur un prisonnier juif agenouillé au bord d’une fosse — l’image longtemps connue sous le nom de The Last Jew in Vinnitsa — n’est plus un visage anonyme. Grâce à une enquête méthodique mêlant exploration d’archives, analyse historique classique et recours pointu à la reconnaissance faciale, l’historien Jürgen Matthäus affirme avoir identifié l’exécutant : Jakobus Onnen, un ancien professeur allemand devenu membre de la SS.
Cette révélation, rapportée en premier lieu par le Smithsonian et confirmée par plusieurs médias internationaux, marque l’aboutissement d’un travail de longue haleine. Pendant des décennies, la photographie a circulé sans contexte précis, son lieu et son moment exacts restant incertains. Ce n’est qu’après une analyse minutieuse des bâtiments visibles à l’arrière-plan, confrontée à d’anciens plans militaires et à des images aériennes, que les chercheurs ont pu situer la scène non à Vinnitsa comme on l’a longtemps cru, mais dans la citadelle de Berdychiv, en Ukraine, le 28 juillet 1941. Cette correction géographique, expliquée en détail par les chercheurs et confirmée par The New York Times, a permis de rattacher la scène aux opérations de l’Einsatzgruppe C, l’un des commandos mobiles de la SS chargés de l’extermination systématique des juifs sur le front de l’Est.
Restait la question la plus troublante : qui était le tireur ? La réponse a émergé presque par hasard, lorsqu’un homme, croyant reconnaître un membre de sa famille dans l’image, a contacté les historiens. La transmission de photographies personnelles a fourni un matériau comparatif précieux. Ces portraits ont été soumis à un logiciel de reconnaissance faciale, utilisé comme outil d’aide — non comme preuve unique. L’algorithme a fait remonter une correspondance extrêmement élevée, renforcée par des recoupements historiques : dates de service, affiliations, zones d’opération. Selon les historiens cités par The Guardian et DW, l’addition d’indices convergents ne laisse guère de place au doute.
Derrière la silhouette figée dans le cliché, on découvre donc Jakobus Onnen. L’homme n’était ni un dignitaire du régime ni un cadre SS de premier rang. Il avait commencé sa vie en enseignant l’anglais, le français et l’éducation physique dans sa Frise orientale natale, avant de rejoindre la SS dès 1934. Onnen incarne cette catégorie de « bourreaux ordinaires » que la recherche historique a progressivement sortie de l’ombre : des hommes sans statut éminent, mais dont la participation directe aux massacres fit d’eux des pièces essentielles de la machine d’extermination. Selon plusieurs sources citées par HistoryChannel, il aurait trouvé la mort en 1943 sur le front de l’Est, échappant ainsi à tout procès.
Source
https://atlantico.fr/article/decryptage/l-identite-d-un-nazi-sur-une-photo-celebre-de-la-seconde-guerre-mondiale-revelee-par-le-travail-d-un-historien-aide-de-l-ia


