Pourquoi je ne donne plus à la Croix-Rouge.

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Par Paul Germon
Le CICR annonce le licenciement de 2900 personnes. Ceci serait dû à la baisse des dons attribuée à la lassitude des donateurs.
Je ne suis pas devenu radin.
Je suis devenu lucide.
Je donnais à la Croix-Rouge pour ce qu’elle représentait : la main tendue au-dessus du chaos, la compassion sans uniforme.
Je croyais encore à cette neutralité qui protège les blessés, pas celle qui met un bandeau sur les yeux.
Depuis le 7 octobre, quelque chose s’est fissuré.
On a entendu des cris, des appels à l’aide, des familles implorant des nouvelles de leurs enfants otages.
Et la Croix-Rouge, qu’on imaginait tambouriner à toutes les portes, s’est mise à chuchoter.
Pas un mot trop fort, pas un geste trop clair — au nom de « l’équilibre », paraît-il.
Mais l’équilibre entre le bourreau et l’otage, entre le viol et le silence, cela s’appelle autrement : la cécité morale.
Qu’on ne me parle pas de « lassitude des donateurs ».
Ce n’est pas la fatigue, c’est la nausée.
On ne retire pas sa main d’un geste humanitaire ; on la retire d’un aveuglement institutionnel.
Je continuerai à donner, oui, mais ailleurs : là où la compassion a encore une colonne vertébrale.
Là où l’on sait nommer un terroriste sans convoquer un dictionnaire de synonymes.
La Croix-Rouge perd ses donateurs non parce qu’ils se lassent, mais parce qu’ils refusent de cautionner une neutralité devenue confortable.
Et moi comme beaucoup, je ne finance pas le confort moral.
Je finance la conscience.
© Paul Germon

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  1. David92 dit :

    Excellent et tellement vrai.

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