Sentinelle: l’enjeu de la communauté juive

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Les militaires, mobilisés pour la protection des sites juifs, cherchent à faire évoluer le dispositif pour le rendre moins statique. Avec un partage des secteurs avec la police qui pose des problèmes de fond
La protection de la communauté juive d’Ile-de-France est au cœur d’un dialogue compliqué entre la Préfecture de Police et les responsables militaires de l’opération Sentinelle. Le sujet est politiquement très sensible et tout le monde marche sur des œufs… en essayant de faire le moins de bruit possible. D’autant que les familles juives sont très attachées à ce dispositif dans lequel elles voient une marque de soutien des pouvoirs publics. L’Opinion a eu accès aux réflexions en cours, avant que des décisions soient prises, sans doute à la rentrée de septembre.

Appelés en urgence au lendemain des attentats de janvier 2015, les militaires veulent, depuis des mois, en finir avec les gardes statiques devant les lieux qu’ils protègent. Les emprises de la communauté juive sont les plus nombreuses : des synagogues et des écoles, pour l’essentiel, mais aussi quelques crèches par exemple. Selon les derniers chiffres en notre possession (janvier 2016), 345 lieux sont concernés en Ile-de-France, dont 140 à Paris intra-muros et 142 dans la petite couronne (92, 93, 94). Beaucoup sont concentrés dans les mêmes quartiers. Ainsi, plus du tiers des sites parisiens sont situés dans les 19e et 20e arrondissements ; dans le Val-de-Marne, la seule ville de Créteil abrite 13 des 55 « sites à protéger ».
Discrètement, l’autorité militaire – en l’occurrence le Gouverneur militaire de Paris (GMP) – a entrepris de discuter avec les responsables de la communauté juive pour faire évoluer le dispositif, qui mobilise environ 6 000 militaires en Ile-de-France. Officiellement, tout se fait « sous l’égide » du Préfet de Police, mais comme nous le confirme une source policière, « l’armée parle directement avec la communauté » juive. À cet égard, le grand rabbin Haïm Korsia joue, dans l’ombre, un rôle de facilitateur : avant de prendre en 2014 la tête du judaïsme français, il était aumônier en chef du culte israélite dans les armées, avec un grade de général de l’armée de l’air.


L’armée de Terre critique les gardes statiques pour des raisons opérationnelles : « fixés » sur place, les militaires offrent des cibles faciles, alors qu’ils se privent de l’effet de surprise de patrouilles mobiles dans une logique de « contrôle de zone ». Par ailleurs, utiliser des soldats professionnels, formés à grands frais, pour des missions relevant quasiment du gardiennage, est un gaspillage de moyens. Qui plus est, ces missions ne sont guère appréciées par la troupe et le moral s’en ressent.
L’armée de Terre souhaite donc évoluer vers un modèle plus « dynamique » ou « demi-statique ». L’idée est de créer des « îlots de sécurité renforcée » (ISR) au sein desquels les militaires évoluent entre différents sites à protéger, élargissant du même coup la zone qu’ils surveillent. Il s’agit de « patrouilles portées avec débarquements réguliers », un mixte de déplacement en véhicules et de patrouilles à pied et de gardes statiques. Une quinzaine d’ISR a été en mis en place le mois dernier, après une première expérimentation à Sarcelles (95) dès février.

Sans enthousiasme, la communauté juive a « pris acte » de cette évolution, assure une source militaire. Un dialogue existe avec le très discret SPCJ, le Service de protection de la communauté juive, qui assure la sécurité à l’intérieur des bâtiments. Ces évolutions pourraient être remises en cause en cas de nouvelle attaque terroriste contre un site juif, constatent les acteurs du dossier, qui redoutent sa « politisation ».
Pour aller au-delà des seuls sites de la communauté juive, la Préfecture de Police réfléchit à une « sectorisation opérationnelle de la capitale » (SOC). Un premier projet a été présenté le 30 mars, mais rien n’est encore tranché, alors que les querelles de services et de compétences ne manqueront pas de s’exprimer sur cette réorganisation de la sécurité parisienne. L’idée de base est de créer une soixantaine de « secteurs de sécurité renforcée » (SSR) – une idée proche des ISR militaires. Le chiffre de 52 secteurs a été avancé, mais il pourrait évoluer. Selon les premières propositions, 28 des 52 SSR seraient confiés aux militaires, les autres relevant de différents services de police : la DSPAP (Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne), mais aussi la DOPC (Direction de l’ordre public et de la circulation) et la DOSTL (Direction opérationnelle des services techniques et logistiques) ainsi que la Fluviale pour la Seine et le SRPT pour le métro.
La part confiée aux militaires pourrait même être plus importante, le chiffre des 3/4 des secteurs circulant actuellement. Si le modèle est validé, il acterait une évolution considérable de la doctrine de la sécurité intérieure. En effet, l’armée se verrait reconnaître, dans certains secteurs et de manière permanente, des missions identiques à celles de la police nationale. On peut observer une logique comparable à entre les zones « police » et les zones « gendarmerie » : veut-on réinventer la gendarmerie, « force armée qui remplit des missions de police » ?

Le risque serait d’oublier que, dans une démocratie, il existe une différence de nature entre l’armée et la police. Comme le dit le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian dans son livre Qui est l’ennemi ? (Cerf) : « Ma conviction est qu’il n’y a pas d’ennemi de l’intérieur […] Prenons garde à ne pas faire le jeu de l’ennemi en voyant un continuum politique de la menace ». Cela vaut sans doute également pour la réponse à cette menace.

Source :
http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/sentinelle-l-enjeu-communaute-juive-105769

happywheels

5 Commentaires

  1. capucine dit :

    Ma conviction est qu’il n’y a pas d’ennemi de l’intérieur dit J.Y Le Drian !! je n’en suis pas aussi sûre que lui !!! il y a aussi des terroristes français …et les soldats sont là pour protéger la communauté juive dans des lieux sensibles …
    merci mille fois à nos soldats !

  2. Eveil dit :

    L’ennemi c’est : la complaisance et l’hypocrisie à l’égard des idéologies coraniques et palestiniennes.

  3. CHARLES dit :

    DIXIT LE DRIAN LEQUEL A OUBLIER DE COMPRENDRE QU’IL Y’A EU UN AVANT ET QU’IL Y’A CE JOUR UN APRÈS COLONISATION ET DE FAIT PLUS D’APPARTENANCE À LA FRANCE ET DE FAIT AUCUNE PLACE POUR LA RELIGION ISLAMIQUE !.

    UNE PARTIE DE SON DISCOURS :
    C’est un honneur et un plaisir de vous accueillir à l’Hôtel de Brienne, pour célébrer les dix ans d’existence de l’aumônerie musulmane aux armées.

    Certains anniversaires ont une importance particulière, au-delà même de l’événement qu’ils viennent célébrer.

    Celui qui nous rassemble aujourd’hui trouve ainsi ses racines dans l’engagement, depuis plus de deux siècles, de soldats de confession ou de culture musulmane au sein des armées françaises.

    Ceux que l’on appelait jadis les Mamelouks de l’armée napoléonienne, ceux qui combattaient naguère comme spahis, tirailleurs, zouaves, turcos ou encore goumiers, et toutes celles et tous ceux qui, aujourd’hui, reconnaissent l’islam comme leur religion, et la France comme leur patrie, qu’ils ont fait le choix de défendre par les armes, tous méritent notre reconnaissance.

    C’est l’Histoire qui a scellé cet engagement au cœur de la Nation française. Tant de fois, des soldats musulmans ont versé leur sang, ont donné leur vie, pour que la France recouvre sa liberté ou demeure une terre fraternelle.

    Au cours des deux guerres mondiales en particulier, ils ont fait la preuve du plus grand courage. Dès 1917, au lendemain de la bataille de Verdun qui devait faire 70 000 morts parmi eux, la France a reconnu le sacrifice de ces soldats qui avaient quitté la terre de leurs pères pour venir défendre la République.

    Cette reconnaissance s’est notamment exprimée à travers la construction de la Grande Mosquée de Paris, à l’initiative des maréchaux de France. L’un d’eux, le maréchal Lyautey, avait d’ailleurs déclaré :

    « Quand s’érigera le minaret que vous allez construire, il ne montera vers le beau ciel bleu de l’Île de France qu’une prière de plus, dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point jalouses ».

  4. Rony d'Alger dit :

    Manifestement les nouvelles normes sont appliquées et il n’y a plus une seule garde statique devant les synagogues et écoles juives. On remarque seulement, de temps à autre, des patrouilles composées de trois militaires marchant assez rapidement, évoluant, contre toute logique de sécurité, de façon extrêmement compacte, ce qui en fait des cibles très faciles à atteindre, et de plus dans des rues assez éloignées des lieux juifs sensibles. Ces soldats n’observent absolument pas l’environnement dans lequel ils sont censés « patrouiller », discutant entre eux, les trois sur le même rang, lorsque la largeur des lieux s’y prête, ou alors deux de front et le troisième juste derrière. Le même phénomène peut être observé dans d’autres sites, comme les gares SNCF, et j’ai pu le visualiser de façon détaillée à la gare Montparnasse à Paris. Un terroriste pourrait parfaitement se trouver en lisière de leur cheminement, avec une arme de type pistolet mitrailleur en bandoulière, ils ne s’en apercevraient pas dans la mesure où ils n’ont pas un seul regard sur leur environnement immédiat puisqu’ils se contentent de discuter entre eux. C’est ahurissant. Et c’est contre toutes les procédures apprises dans l’armée, lors de mon service militaire, puisque nous avions pour consigne de nous déplacer en quinconces. Un tel laxisme risque de nous conduire à de futures catastrophes. Il est à observer que les policiers ou gendarmes qui patrouillent sont, eux, très nettement occupés à regarder leur environnement et les individus qui s’y trouvent. Il est dommage que les jeunes militaires n’en fassent pas de même.

  5. CHARLES dit :

    de toutes les façons , l’armée n’a aucun ordre, juste prévenir la police

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