CE SOIR sur FRANCE 3 à 22h40 :Un documentaire inédit sur le procès de Klaus Barbie, le tortionnaire de Jean Moulin

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par Amélie Quentel
“Klaus Barbie, un procès pour mémoire” donne à voir pour la première fois certaines images du procès du tristement célèbre “bourreau de Lyon”, condamné en 1987 à perpétuité pour crimes contre l’humanité. Un événement qui a ravivé des plaies anciennes dans la société française. Diffusion jeudi 23 novembre sur France 3.
Au son de ses pas lents et lourds, on devine qu’il est en train de monter les escaliers. Clac-clac, clac-clac, clac-clac, voilà, la foule présente dans la salle des pas perdus de la cour d’assises du Rhône le sait : l’histoire s’apprête à se jouer devant leurs yeux. Elle retient son souffle.
Soudain, Klaus Barbie, son flegme teinté de mépris et son regard “qu’on n’oublie pas” – mélange de sourcils broussailleux et d’orbites enfoncées – fait son entrée dans le box des accusés. Un frémissement teinté de stupéfaction se fait alors entendre : l’horreur nazie n’est plus évanescente, n’est plus quelque chose qu’on sait insidieusement présente mais à laquelle on évite de penser. Non, l’horreur nazie a un visage. Celui d’un vieux monsieur frêle et dégarni en costume noir, qui dans une autre vie aurait pu être l’incarnation du gentil papy gâteau d’une publicité désuète.
Seulement le gentil papy était en fait un “monstre”, un “sauvage”, un “bourreau”, un assassin, surtout. Pendant l’Occupation en France durant la Seconde Guerre mondiale, celui qui était à l’époque le chef de la gestapo de Lyon a activement participé aux exactions commises contre les juifs – et les résistants – au nom de l’idéologie nazie : sous son commandement, des milliers de personnes furent raflées, torturées et envoyées dans des camps de concentration et d’extermination.
C’est son procès exceptionnel en 1987 – le premier ayant lieu en France pour crimes contre l’humanité – que donnent à voir les réalisateurs Jérôme Lambert et Philippe Picard, duo coutumier des documentaires historiques (Dan Love, un soldat au Vietnam (2017), Dan Slobin, un Américain à Moscou (2017)…) Les rushes étaient conservés précieusement depuis trente ans jusqu’à ce que le ministère de la Justice donne l’autorisation, en juillet, d’ouvrir ces images inédites, depuis restaurées par l’INA. Une audience qui, en donnant la parole aux victimes juives rescapées de l’Holocauste, servira aussi de catharsis à la société française, recluse jusqu’ici dans un certain déni des exactions antisémites passées et de sa propre responsabilité dans les crimes de la Shoah.

Images qui marquèrent d’ailleurs un tournant de l’histoire de la justice française : le procès de Klaus Barbie fut le premier à être filmé durant toute sa durée, ce grâce à la loi Badinter – à l’époque garde des Sceaux – de 1985. 37 jours d’assises, 145 heures de débat, 106 témoins, 800 journalistes, 40 avocats… Le jugement de celui qui fut extradé de Bolivie en 1983, pays où il était caché depuis des années sous la fausse identité de Klaus Altmann, est en tout point hors-norme.

Faurisson distribue ses tracts négationnistes
Hors-norme, déjà, de par la nature indicible des crimes reprochés à celui qui n’hésita pas par exemple à “jeter comme des paquets vivants, dans des cars”, 44 petits juifs réfugiés dans la colonie des enfants d’Izieu – “Max n’est pas revenu”, “Olto n’est pas revenu”, “Samy n’est pas revenu”, “Arnold n’est pas revenu”, etc, scandera avec émotion l’avocat des parties civiles Serge Klarsfeld, à l’origine avec Beate, son épouse, de la découverte du lieu où se cachait Barbie en Bolivie.
Hors-norme, de par l’attitude du “bourreau de Lyon” durant les audiences, mélange d’indifférence limite goguenarde, d’absence de remords – “C’était la guerre, et la guerre, c’est fini”, sera sa seule phrase, prononcée en français, à la question “Avez-vous quelque chose à ajouter pour votre défense ?” – et d’absence tout court : l’accusé, faisant valoir son droit de ne pas assister à son propre procès, ne sera présent qu’aux premiers et au dernier jours de celui-ci. De quoi ajouter la lâcheté à l’indécence, lui qui aura le toupet de se présenter comme “Klaus Altmann” au moment de décliner son patronyme devant les juges.
Hors-norme, enfin, de par le contexte dans lequel ce jugement se joue : à l’époque, on assiste à une résurgence de l’extrême droite liée à l’apparition du négationnisme – en témoigne une interview du chantre de ce concept nauséabond, Robert Faurisson, qui distribuera devant la cour d’assises du Rhône des tracts affirmant que les chambres à gaz n’ont jamais existé. Le choix d’inclure dans le documentaire des reportages de cette année-là – en sus de coupures de journaux, de vieilles photos et bien sûr des images du procès – permet de bien mettre en exergue l’ambiance sociétale de l’époque, où cohabitaient à la fois dénonciateurs de la Shoah et jeunes néo-nazis ne voyant pas de problème à sourire de façon entendue quand un journaliste leur demande s’ils nient “la déportation des juifs”.
“Des choses qu’on ne voulait pas entendre ont finalement été dites”
En fait, la France est plongée à l’époque dans un certain déni de son histoire passée, comme le raconte dans le docu l’ex-président de la Licra Alain Jakubowicz, également avocat des parties civiles à l’époque : “Des choses qu’on ne voulait pas entendre ont finalement été dites. On n’avait pas envie de voir ces squelettes ambulants alors que nous étions au début des Trente glorieuses.”
Avec le procès – et outre le cas de Barbie en soi – ce sont ainsi des vieilles plaies qui se rouvrent, notamment avec les témoignages bouleversants des victimes. Plaies qui, en se rouvrant, vont tout à la fois servir de catharsis à la société française, de prise de conscience du caractère indispensable du devoir de mémoire, mais aussi de premier pas vers la reconnaissance de la responsabilité de la France dans les crimes de l’Holocauste.
“C’est l’histoire qui vient de rentrer”, souffle le journaliste Sorj Chalandon, qui remporta prix Albert-Londres pour sa couverture du procès dans Libé. Comme un certain nombre de témoins de l’époque – jurés d’assises, lycéens, avocats… – il est interviewé face caméra, trente ans plus tard, dans la salle même où Klaus Barbie se verra reconnu coupable de crimes contre l’humanité et condamné à la prison à perpétuité, au grand dam de son unique avocat, le controversé Jacques Vergès.
Mais plus que la peine de réclusion en soi, c’est la dignité des témoins que l’on retient. Comme par exemple Simone Lagrange, cette femme torturée et envoyée à Auschwitz alors qu’elle était adolescente, qui, à la proposition du juge de s’asseoir – ce dernier la voyant vaciller au gré de son récit – décidera de rester debout. Ou encore Sabine Zlatin, héroïne de la Résistance qui dirigeait la colonie des enfants d’Izieu – elle était absente le jour de la rafle et, malgré le sort qui lui aurait été réservé, on sent qu’elle aurait tout donné pour prendre la place des gamins – qui, pendant son audition, n’hésite pas à prendre à partie avec force Jacques Vergès. A la sortie du tribunal, elle dira ceci aux journalistes : “Ce que je vous demande, c’est de la vigilance, de la vigilance contre le racisme et l’antisémitisme, car ce n’est pas terminé (…) Plus jamais ça. Ni pardon, ni oubli.”
Klaus Barbie, un procès pour mémoire, documentaire de Jérôme Lambert et Philippe Picard, coproduit par Morgane production et l’INA, 73 minutes. Diffusion jeudi 23 novembre à 22 h 50, sur France 3.
SOURCE :
http://www.lesinrocks.com/2017/11/22/actualite/un-documentaire-montre-des-archives-inedites-du-proces-de-klaus-barbie-lex-chef-de-la-gestapo-lyonnaise-111012697/

happywheels

4 Commentaires

  1. jeannine zimner dit :

    Je regarderais ce sois ce monstre , qui a assassinés des milliers des nôtres. Je regarderais et je le maudirais afin que il ne trouver la paix.

  2. VRCNGTRX dit :

    https://www.youtube.com/watch?v=eUGhqvtwczI
    à 10:01 :
    « en tout homme il y a quelque chose qu’on peut sauver »
    cette femme dit juste et c’est tout à son honneur sauf que là il s’agit de la pire espèce des sous-merdes

  3. VRCNGTRX dit :

    autant l’insolence de son attitude au procès (vidéo post précédent) que son inébranlable sourire d’enflure révèlent le cynisme de ce démon, son avocat une belle ordure aussi. Selon lui torturer et exterminer des civils sont des actes de guerre lors de l’interview en Bolivie au début de celle-ci
    https://www.youtube.com/watch?v=iFCd-1ZJN2A
    Présentation de 20:35 à 26:00

    cette ordure n’aura pas cessé de consacrer sa vie au mal

  4. Gilles-Michel De Hann dit :

    * Barbet Schroeder révèle où avait disparu Maître Vergès pendant huit ans …

    http://www.clique.tv/exclu-barbet-schroeder-maitre-verges/

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