Zemmour après la relaxe

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Par David Arveiller

Eric Zemmour fut donc relaxé dans cette mystérieuse affaire Pétain. Ne revenons pas sur les raisons du procès ou les attendus du délibéré. Constatons simplement que la relaxe est logique, du moins si l’on considère que la justice est illégitime à trancher un point d’histoire. Mais les partisans d’Eric Zemmour peuvent-ils pour autant trouver une utilité à cet acharnement judiciaire contre leur héros ?
On peut raisonnablement penser que la prochaine présidentielle se jouera sur la question identitaire et les défis civilisationnels auxquels le pays est confronté. Selon une enquête récente, nos compatriotes commencent ainsi à accepter l’idée que la France fait face à un danger mortel. Disparition non pas physique mais spirituelle, ontologique. Nation humiliée, attaquée, niée. Peuple remplacé. Peu importent les mots, la réalité seule compte et elle est cruelle. Enfin, pas vraiment. Lorsqu’un président explique à la chaîne américaine CBS, de façon décomplexée, qu’il nous faut « déconstruire » notre histoire, quatre ans après avoir – à Alger- taxé la colonisation de « crime contre l’humanité », les mots comptent un peu.
Zemmour pense que tout affrontement historique est politique… et il n’est pas le seul.
« L’histoire est écrite par les vainqueurs » affirmait déjà Brasillach, un an avant sa condamnation à mort par la cour d’assises de la Seine. Sans se référer à Guy Béart (« le premier qui dit la vérité doit être exécuté ») une journaliste explique la formule restée célèbre. L’intellectuel collaborationniste a ainsi « interrogé l’histoire du point de vue de son objectivité » et en a déduit que « à l’issue d’un conflit, elle sert toujours un projet politique »… en l’occurrence celui de la reconstruction nationale. Bingo! « La nécessité de développer une mémoire collective ferait ainsi un récit l’emporter sur un autre en occultant la version de la partie adverse. Ce qui pose la question : l’histoire peut-elle être une science exacte? » (J. Martin in Le Point, 14 novembre 2017).
La réponse est dans la question et ce qui importe est la place que doit tenir l’histoire de France au sein d’un processus de reconstruction nationale. Allègrement réécrite, cette science humaine qu’est l’histoire sert l’idéologie des dictatures comme des démocraties les plus « inclusives ». Propagande, roman national, bien-pensance euro-libérale. Rien n’a varié du point de vue de l’utilisation de l’histoire. Un mensonge répété dix mille fois devient-il vérité, comme le disait Goebbels? Il semble en tout cas que, hors les débats byzantins entre chercheurs, il n’y a jamais d’histoire qu’officielle pour les masses. Histoire partielle et donc partiale au service de l’idéologie au pouvoir, à l’image de celle libérale-libertaire relayée à l’école dite républicaine auprès de nos chères têtes de moins en moins blondes. Irritation des parents adversaires dudit pouvoir.
De quoi parlons-nous? Zemmour mais aussi Brighelli, spécialiste de l’éducation, nous ont averti, études et enquêtes à l’appui. Baisse drastique du niveau général des connaissances, prismes de l’Education dite nationale repris avec enthousiasme par de jeunes instituteurs mal formés: droit-de-lhommisme, féminisme, écologisme, antiracisme, LGBT. Quel rapport avec l’histoire? Personne ne sait, mais chacun constate. Ma fille, cette année en classe de septième dans une école communale parisienne, a ainsi vu résumer le chapitre consacré à Louis XIV… à la traite triangulaire. Vu de mes yeux vus, juré craché! Ceci répondant, à l’autre bout de la chaîne – coïncidence sémantique savoureuse- à la multiplication de « départements d’études décoloniales » au sein des universités hexagonales. Lesquelles se rapprochent des campus américains. Lesquels nous renvoient en pleine figure notre French Theory. Le chanoine Robert de Sorbon, fils de paysan devenu confesseur de saint Louis et fondateur de la plus brillante université du monde, doit se retourner dans sa tombe lorsqu’il entend le jargon anti national qui emplit l’amphi Richelieu.
Ni instituteur ni pédagogiste, j’ai eu le privilège d’enseigner l’expression orale et entrevu le niveau en histoire des plus brillants élèves du pays et leur goût pour la chose historique. C’était déjà attristant. Aujourd’hui « parent 1 » d’une fille de cinq ans scolarisée au même endroit que son aînée, je ne puis que lui souhaiter une scolarité différente, uniquement envisageable si divine surprise il y a l’an prochain.
Puisque l’histoire n’est pas science exacte et ne saurait prétendre à l’objectivité, nombreux sont convaincus de la nécessité de réécrire le roman national. « Marronnier » repris par nombre de responsables politiques en référence à l’idée d’Ernest Lavisse, aucun ne mit en œuvre cette idée une fois arrivé aux affaires. N’en déplaise à Pierre Nora, faudra-t-il demain aller chercher chez Bainville ou Taine un nouveau regard sur la Grande Révolution? Rééditer Michelet pour remettre la République, ce mot devenu mantra et coquille vide, au cœur et à l’esprit de nos enfants? Accepter de confronter Paxton à Hilberg, Aron et Poliakov dans l’enseignement de l’Occupation? Plus complexe encore peut-être, ré-enseigner la géographie puisque, pour paraphraser Queneau, la géographie d’aujourd’hui est l’histoire de demain? Epargner aux élèves les prêches quotidiens (oui, quotidiens) sur les énergies renouvelables et le tri sélectif pour exiger des maîtres qu’ils enseignent, au moyen des cartes 2.0 projetées sur smartboards, la géographie physique, humaine et administrative? Que, à défaut d’avoir la chance de parcourir le pays à pied, en train ou à cheval, tout élève devenant collégien ait appris (grâce aux écrans ou au papier, peu me chaut) montagnes et fleuves qui font de la France le pays le plus visité du monde. Que chacun récite dans l’ordre et le désordre les départements aussi facilement que les anciennes provinces. Les rois de France et les dirigeants des cinq républiques. La liste des batailles glorieuses aussi, lesquelles permirent à notre pays, à leur pays, de demeurer libre et souverain depuis 1500 ans. Histoire et géographie comme les doigts d’une seule main, en somme. Et ce, aux fins de « refaire des petits Français », comme le propose Villiers, fondateur bien connu d’un lieu d’histoire élu en 2014 meilleur parc d’attraction du monde. Quand notre tête blonde, rousse ou brune aura cessé de subir la maltraitance du lavage de cerveau, ou plutôt de l’absence de cerveau, l’élève sera redevenu ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, un Français. Il aura alors tout le temps de s’intéresser au changement climatique mondial ou aux couleurs des conteneurs dans lesquels il est sommé de jeter ses ordures ménagères.
La remise d’équerre de l’enseignement de l’histoire comme instrument d’assimilation aussi. Pour les mêmes raisons qu’un petit Français de Bretagne ou de Corse avait – à juste titre, peut-être- interdiction de parler la langue régionale dans les cours d’école il y a encore cinquante ans. Tout simplement parce que la France est « une et indivisible » et que sa seule langue est le français. Il devrait être interdit d’ignorer dates et actions des hommes qui ont fait le pays « à coups d’épée » (De Gaulle). Pourquoi la future ex ENA est-elle de facto réservée aux fils de profs, comme le rappelle Zemmour ? Parce que ce sont les seuls qui ont droit à des cours d’histoire de rattrapage (et du reste, évidemment) à la maison! Les seuls dont les parents souffrent de cette Bérézina pédagogique comme Zemmour pleurait, jeune homme, devant le fleuve russe. Quelle injustice, quel recul, quelle plus belle gifle à la promesse d’universalité de l’instruction depuis Ferry! Ce n’est ni aux parents ni à de talentueux présentateurs (Decaux ou Guillemin hier, Menant et Ferrand aujourd’hui), d’enseigner l’histoire. Encore moins aux imams qui captent la confiance des géniteurs des enfants des territoires islamisés, alors qu’ils n’ont aucune connaissance de la France éternelle. C’est aux instituteurs de la République française de tenir ce rôle en tous points d’un territoire reconquis.
Apprendre aux enfants de France d’où ils viennent pour leur permettre de savoir où ils vont, de refaire nation pour qu’ils puissent in fine se lever contre leurs ennemis. Pas à l’issue d’un pseudo service national, mais bien après avoir été formé par de nouveaux hussards. Permettre à notre jeunesse, pour citer Péguy, de faire l’inverse de ses parents et grands-parents. L’inciter à reconstruire ce que ces derniers ont déconstruit avec tant d’ardeur et d’efficacité, suite à une digestion douteuse des sociologues et philosophes Deleuze, Bourdieu, Derrida ou Foucault. L’enseignement de l’histoire comme première marche d’une reconstruction nationale, laquelle permettra seule la reprise en main de notre destin. Que voilà un beau point de programme pour un candidat patriote! Un point fédérateur, certainement.
Source :

https://www.causeur.fr/zemmour-apres-la-relaxe-196952?fbclid=IwAR2_xezz6GAtt31cglGNkbuQ25ySdnTxWT92LFETd3YVy61yK-BG67ull10

David Arveiller
Coach en communication orale (ancien élève de Sciences- Po et titulaire d’un DEA en Sciences de l’information)

happywheels

1 Comment

  1. Paul Rosen dit :

    avoir en France un président xénophile, gallophobe et anti-patriotique
    qui méprise, déteste et haït à ce point les Français
    la France est arrivée au paroxysme de son mépris comme de sa détestation
    et au summum de sa trahison avec ce président Macron !

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