Un proche de BHL : « Me Dupond-Moretti est un Jacques Vergès du pauvre »

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OPINION – Membre du comité de rédaction de La Règle du Jeu, la revue fondée par Bernard-Henri Lévy, Bernard Schalscha revient sur l’affrontement entre le philosophe et l’avocat Eric Dupond-Moretti, qu’il accuse de démagogie.
La polémique dure depuis une semaine : l’avocat Eric Dupond-Moretti et le philosophe Bernard-Henri Levy se livrent un féroce affrontement médiatique. A l’origine du conflit, il y a la fin du procès d’Abdelkader Merah, dont Dupond-Moretti est le conseil, et cette réponse donnée par l’avocat le 3 novembre à l’antenne de France Inter : « C’est un honneur de défendre » le frère de Mohamed Merah, condamné la veille à 20 ans de prison, a-t-il dit. La sortie a fait bondir BHL qui, la semaine suivante dans sa chronique dans Le Point, lui reprochait son « obscénité » et son « absurde numéro de donquichottisme ».
Eric Dupond-Moretti n’en est pas resté là. Cette semaine, il a adressé au philosophe une lettre corrosive, largement relayée sur les réseaux sociaux. « Il est presque doux de recevoir des leçons de morale de celui, qui, dans tous les domaines, se veut, depuis de trop longues années l’arbitre des élégances », attaque l’avocat, qui l’accuse en retour de ne rien connaître « aux droits de la défense ». « Pathétique et puéril », a commenté BHL pour L’Express.
Soutien du philosophe, Bernard Schalscha, membre du comité de rédaction de La Règle du Jeu, la revue fondée par BHL, livre son avis dans la tribune ci-dessous et attaque l’avocat sur sa « sensiblerie démagogique » qui lui fait penser, dit-il, à l’avocat Jacques Vergès « en petit » et « médiocre » :
« Dans l’édition du Point du 9 novembre, Bernard-Henri Lévy s’en prenait vertement – et à juste titre – à l’avocat Dupond-Moretti. Il lui reprochait ses propos tenus quelques jours plus tôt au micro de Nicolas Demorand. Il les analysait méthodiquement, ainsi que ses postures, qu’il décryptait avec rigueur. La charge, sévère et sans concession, était motivée par les commentaires radiophoniques de celui en qui certains voient étrangement ‘le nouveau ténor du barreau’. Revenant sur le procès du frère aîné de l’assassin djihadiste Mohamed Merah, Abdelkader Merah, dont il était le défenseur, l’avocat avait entre autres déclaré : ‘C’est un honneur de défendre Abdelkader Merah.’ Chacun a sa conception de l’honneur et on est en droit d’exprimer publiquement qu’il en est certaines, de ces conceptions, qui donnent tout bonnement envie de vomir.
Qu’on ne s’y méprenne pas : tout accusé a droit à être défendu devant un tribunal, et c’est heureux qu’il en soit ainsi. Il n’en est pas moins légitime d’observer d’un œil critique le registre utilisé par la défense. On se souvient, par exemple, de ces avocats de violeurs présumés qui, pour innocenter leurs clients, croyaient bon, il y a encore une vingtaine d’années ou hélas plus récemment encore, d’enfoncer les victimes en leur faisant porter la responsabilité du viol : elles étaient trop court vêtue, elles avaient déjà eu plusieurs amants, elles sortaient le soir… Ces avocats faisaient leur travail de la plus sale manière, jouant sur une connivence supposée avec les jurés dont ils espéraient un point de vue commun sur la moralité ou plutôt l’immoralité de ces femmes qui, finalement, n’avaient eu que ce qu’elles méritaient. On a là un argument de plaidoirie qui baigne dans l’immonde.
Un immonde dans lequel n’avait pas manqué de se vautrer Dupond-Moretti au terme du long interrogatoire de la mère des frères Merah, auquel elle n’avait répondu que par une litanie de dénis et de mensonges. L’avocat avait en effet cru bon de déclarer alors : ‘Vous ne pouvez pas demander à cette femme d’accabler son fils. Cette femme, c’est la mère d’un accusé, mais c’est aussi la mère d’un mort’ osant ainsi mettre sur le même plan les parents des victimes de Mohamed Merah et la mère du tueur fanatiquement antisémite. ‘Ce n’était pas des mots de provocation, s’est-il justifié. Je reconnaissais le droit d’être dans un conflit de loyauté entre la vérité et ses enfants.’ Et de s’abriter derrière une citation de Camus, tronquée comme l’avait relevé BHL dans son article.

Les fermes critiques émises dans Le Point par le directeur de La Règle du jeupouvaient évidemment être contestées, récusées. On aurait pu imaginer que le rhétoricien à la robe noire allait se fendre d’une réponse aussi argumentée que l’article de Bernard-Henri Lévy. Il n’en a rien été. En une page d’une lettre rendue publique par un de ses proches confrères, l’avocat s’en est tenu à l’habituelle juxtaposition de ricanements et d’insultes qui abreuvent les réseaux sociaux dès qu’il s’agit de BHL.
Ah oui, il feint aussi de croire qu’il lui était contesté le droit de défendre Abdelkader Merah et évacue que ce qui lui est en fait reproché est la manière de le faire. Mais passons, c’est là un truc de prestidigitateur minable qu’on connaît par cœur en matière de victimisation. Ce qui n’est pour l’essentiel qu’une basse lettre d’injures ne contient aucune idée digne de ce nom mais trahit en fait une réaction à une blessure narcissique, ce qui ne fait que confirmer cet envahissant plaisir de se regarder que, justement, avait relevé BHL. Mais, après tout, il n’est pas interdit à l’avocat que l’on voit depuis quelque temps faire l’acteur au cinéma et à la télévision de s’aimer beaucoup lui-même.
Dans son courrier, le défenseur d’Abdelkader Merah quitte rapidement le registre du ‘Attention! Tout accusé a droit à un avocat!’, que personne ne lui a donc contesté, pour s’évertuer avant tout à mettre les rires gras de son côté. Et il ressasse bien sûr la sempiternelle référence aux tenues de BHL, lequel userait de ‘l’effet Charvet’. Traduire par ‘moi je suis un petit gars de Roubaix, je ne suis pas un bourgeois qui se paie des vêtements de luxe’. Quel doux fumet populiste… On croit entendre les échos des députés France insoumise qui refusent de porter la cravate à l’Assemblée. Et Dupond-Moretti, à l’instar des tocards haineux qui pullulent sur le Net, de s’en prendre héroïquement aux chemises de son adversaire, ‘toujours ouvertes et toujours parfaitement blanches même sous les bombes des théâtres des opérations où vous jouez votre rôle’. On ne sait trop ce qui est visé là : les chemises blanches de BHL ou le fait qu’il parte sur les champs de bataille tandis que l’avocat boit son café bien au chaud en sortant des Palais de Justice. Dupond-Moretti croit-il en outre marquer là un point contre le philosophe qui de son côté va sur le terrain défendre la cause de ceux qui, comme au Kurdistan, luttent armes à la main contre le terrorisme alors que lui, à l’inverse, se fait un ‘honneur’ de défendre un homme accusé de ‘complicité d’assassinats’ et qui est finalement condamné pour ‘association de malfaiteurs terroriste’?

‘Je vous interdis de disserter publiquement sur ma sincérité’, écrit l’homme du barreau. Bien noter ce ‘je vous interdis’ : que fait-il soudain de ces droits auxquels il tient tant? Si BHL ne connaît, à en croire la missive de Dupond-Moretti, ‘rien des droits à la défense’, ce dernier semble ne rien connaître au travail du philosophe, lequel a le droit de disserter sur ce que bon lui semble, et notamment sur ce qui lui semble indigne. C’est même son devoir. La philosophie, c’est la castagne. Mais la castagne des idées.
Ah, justement. Pensant en tenir une magistrale, l’avocat rappelle qu’il avait ‘encensé’ le fils de Bernard-Henri Lévy qui, avocat lui aussi, a défendu François Fillon. On devine le parallèle que sous-entend le défenseur d’Abdelkader Merah : un vrai avocat se doit d’accepter les clients qui passent pour les plus indéfendables. A la place de l’ancien candidat aux présidentielles, on prendrait mal la comparaison, aussi déplacée que malvenue. Quelles qu’aient été les turpitudes supposées de Fillon, personne ne l’a jamais accusé de ‘complicité d’assassinats’. Et il faudrait demander à Antonin Lévy s’il se serait fait un ‘honneur’ d’avoir pour client le frère de Mohamed Merah.
Inutile de revenir sur la fin, strictement injurieuse, de la lettre de Me Dupond-Moretti, qui s’abrite derrière les mots adressés par Magritte à un critique de peinture. Ce serait s’abaisser que de répondre à ces grossièretés.
La façon dont cet avocat avait défendu son client Abdelkader Merah avait inquiété. On découvre maintenant avec effarement que c’est un homme qui se délecte de l’usage d’arguments troubles, n’hésitant pas à jouer de la sensiblerie démagogique et à prendre des postures héroïques au service d’une justice dont il a une vision pour le moins très singulière. Me Dupond-Moretti passe pour une star du barreau. Il fait cependant de plus en plus penser, en petit, en médiocre, en prosaïque, à l’un de ses confères auquel ce titre était également accordé, le tristement célèbre Jacques Vergès. Mais un Jacques Vergès du pauvre. Tant pis pour la belle profession d’avocat. »
Source :
http://www.lejdd.fr/societe/justice/un-proche-de-bhl-me-dupond-moretti-est-un-jacques-verges-du-pauvre-3495548

happywheels

2 Commentaires

  1. daniel. Danielle dit :

    ducon moretti sale pourriture !!!

  2. Aaron dit :

    ces deux individus sont pour le moins adeptes des  » effets de manche  » , l’une joue sur la fausse sensibilité de la  » famille  » meurtrie ( partout une mère prendra la défense de ses enfants ) argument lorsque l’on n’a plus à se mettre dans la plaidoirie , LOL ,
    Quant BHL , lui ne rate aucune occasion pour son  » Faire Valoir  » , même si il se prend les pieds dans le tapis , le fiston ………… encore mouillé derrière les oreilles , sans intérêt .
    Que sont devenus les vrais avocats qui avaient des arguments bien au delà de la sensiblerie , et de l’autre BHL qui monte une fausse interview sous les bombes ( LOL caché derrière un mur ) et protégé , cela est bien pire que la chemise trop blanche pour être honnête , c’est plus à rire qu’en en pleuré , TRISTE France sur une pente juridique et bien glissante

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