Ce que révèle le Rap antisémite de Freeze Corleone

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Par Yves Mamou
Yves Mamou est un ancien journaliste du Monde. Il a également collaboré au Canard Enchaîné, à Libération et à La Tribune. Collaborateur régulier du site américain The Gatestone Insitute, il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Le Grand abandon. Les élites françaises et l’islamisme(éd. L’Artilleur, 2018) .
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Le 11 septembre, un rappeur né aux Lilas en 1992 d’une mère italienne et d’un père sénégalais, Freeze Corleone, inconnu du grand public mais jouissant d’une petite notoriété en banlieue, a sorti un nouvel album intitulé La menace fantôme.
La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) s’est indignée que ce rappeur fasse «business de son obsession des Juifs» et «l’apologie d’Hitler, du IIIe Reich et du terroriste Mollah Omar». Le député Éric Ciotti (LR) a réclamé sur Facebook que ce «prêcheur de haine» soit «radié de toutes les plateformes numériques et ses chansons de haine interdites à la diffusion». Et Gérald Darmanin a twitté que «le ministère de l’Intérieur étudie au plus vite les recours juridiques pour poursuivre leur auteur».
Qu’a dit ce jeune homme? «On arrive dans des allemandes comme des SS», «J’arrive déter(miné) comme Adolf dans les années 30 (…)», «J’ai les techniques de propagande de Goebbels (…)», «Tous les jours R.A.F (rien à foutre) de la Shoah», «Pour qu’ma famille vive comme des rentiers juifs»… «Tous les jours fuck Israël comme si j’habite Gaza»… «j’suis à Dakar t’es dans ton centre à Sion» (concentration) …
Le rappeur noir Nick Conrad et ses appels au meurtre des bébés blancs nous ont aussi appris que le racisme le plus débridé pouvait être mis en musique.
Que l’antisémitisme fleurisse en banlieue, Youssouf Fofana et son gang des Barbares nous l’avaient déjà appris. Le rappeur noir Nick Conrad et ses appels au meurtre des bébés blancs nous ont aussi appris que le racisme le plus débridé pouvait être mis en musique. Avec Nick Conrad et Freeze Corleone, un cycle d’outrances politico-artistiques semble être ouvert. Pour essayer d’y voir clair, trois domaines doivent être distingués.
Le Rap. Que le rap soit porteur d’un message n’a rien de nouveau. Le sociologue Abdoulaye Niang a mis en valeur la montée du «rap prédicateur islamique» au Sénégal par exemple. En France, nombre de rappeurs ont accompagné les Indigènes de la République (PIR) dans leur ethnicisation des rapports sociaux. Le chanteur islamiste Médine a reconnu avoir «fréquenté les Indigènes de la République et (avoir) beaucoup appris à leurs côtés». Le PIR a aussi fait la promotion sur son site Internet du rappeur irano-allemand Kaved qui affirme que son «engagement artistique est indissociable de (son) engagement politique.» Lequel engagement politique se résume à être violemment anti-israélien.
Dans l’esprit de nombreux jeunes de la banlieue, les descendants des victimes de la Shoah sont honteusement favorisés par rapport aux descendants d’esclaves et aux descendants des victimes de la colonisation.
Le Juif comme cible. Le message anti-juif de Freeze Corleone résonne fort en banlieue où il est malheureusement fréquent de dire comme pour formuler une insulte: «ne fais pas ton juif!». Ce message anti-Juif a fait la renommée de Dieudonné dont la pique la plus célèbre a pris pour cible en 2014, le journaliste Patrick Cohen: «Moi, tu vois, quand je l’entends parler, Patrick Cohen, j’me dis, tu vois, les chambres à gaz… Dommage!» Dans les deux cas, la provocation prend les Juifs pour cible et à chaque fois elle invite à la répression.
Le Juif, le noir et le sentimen de deux poids deux mesures. Depuis presque deux décennies, la banlieue estime à tort que les Juifs sont outrageusement privilégiés dans la société française par rapport aux autres catégories de «victimes», à savoir les Noirs et les Arabes. Dans l’esprit de nombreux jeunes de la banlieue, les descendants des victimes de la Shoah sont honteusement favorisés par rapport aux descendants d’esclaves et aux descendants des victimes de la colonisation. En banlieue, personne n’a ainsi jugé bon de s’indigner de l’assassinat d’Ilan Halimi par le gang des barbares.
Si Gérald Darmanin parvient à obtenir la condamnation des outrances verbales du rappeur Corleone contre les Juifs, la banlieue criera au «deux poids deux mesures». Mais si Freeze Corleone n’est pas poursuivi, elle risque surtout de croire que le champ des outrances antisémites et nazies est ouvert, ce qui serait grave et dangereux.
Source :

https://www.lefigaro.fr/vox/culture/ce-que-revele-le-rap-antisemite-de-freeze-corleone-20200918

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