Complot juif, « taqîya », Alain Soral : les révélations de Christelle, accusatrice de Tariq Ramadan

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« J’étais glacée d’effroi » : les révélations de « Christelle » sur Tariq Ramadan

Accusé de viol, Tariq Ramadan a été déféré au parquet de Paris en vue d’une mise en examen, vendredi 2 février, à l’issue de quarante-huit heures de garde à vue. Le professeur d’Oxford qui fascina une partie de la gauche et de la communauté musulmane françaises est visé par la plainte de deux femmes. L’une d’elles, « Christelle », est venue le confronter dans les locaux de la police judiciaire, jeudi 1er février. MARION VAN RENTERGHEM l’a longuement rencontrée. Nous publions ici une partie de son enquête à paraître dans la prochaine édition de Vanity Fair, en kiosque le 21 février.
Elle avait l’air d’une folle. La capuche de son manteau noir rabattue sur la tête, les yeux flous, habillée n’importe comment avec un pull informe qu’elle n’enlevait plus la nuit et un pantalon de survêtement qui aurait pu être un pyjama. Elle ne se lavait plus, ne se coiffait plus, ne se regardait plus dans la glace. Un après-midi du mois de novembre 2009, elle arrive avec sa béquille devant un commissariat de Lyon, près de chez elle. Sur le chemin, pour garder courage et ne pas changer d’avis, elle se répète en boucle la formule qu’elle est décidée à leur dire. Deux policiers sont postés à l’entrée. Elle s’approche et leur récite sa phrase comme un robot  :«  Je viens porter plainte. J’ai été violée par Tariq Ramadan. » Ils la toisent de haut en bas et s’échangent un petit regard en coin qu’elle prend pour un sourire moqueur. Elle baisse la tête, fait volte-face et repart en clopinant sur sa béquille. Après coup, elle les comprend. Comment croire que cette traînée avait été violée par un grand intellectuel, star des plateaux de télévision, si distingué avec sa barbe coupée ras et ses costumes Armani, si bel homme et si beau parleur que les plus ravissantes doivent tomber à ses pieds comme des mouches  ?
Un peu plus de huit ans après, l’annonce de la garde à vue de Tariq Ramadan lui vaut des SMS de félicitations. Nous avions rendez-vous quelques semaines plus tôt dans la ville du Sud où elle se cache et elle me racontait ce premier dépôt de plainte raté. Je l’ai vue arriver de loin, dissimulée derrière ses grosses lunettes de soleil et toujours appuyée sur une béquille. Un vieil accident de voiture lui a écrasé la rotule droite, puis une chute dans les escaliers a achevé de la déglinguer. «  J’apprends à vivre avec la douleur  », lance-t-elle tandis que nous nous dirigeons lentement à pied vers la grande place.
Une fois installée au café, elle paraît solide, presque gaie. Une force de la nature, dirait-on, s’il n’y avait parfois ces yeux qui s’embuent, cette bouche qui se fige sans pouvoir continuer. Devant un croque-monsieur, elle pose à plusieurs reprises la question qui la poursuit depuis toutes ces années  : «  Pourquoi moi  ?  » Elle ajoute  : «  Et dire que j’ai cru en sa sincérité. Ma naïveté paraît ridicule, je sais. Je me suis fait avoir comme une débutante, mais c’était retors et ficelé comme un scénario bien rodé.  » Elle raconte tout, photos, échanges écrits et documents à l’appui – e-mails, SMS, images qu’elle fait défiler sur son portable. On parle pendant près de six heures, la première fois. D’un coup, son visage se plisse de douleur. Elle craque. «  J’arrête là. Je ne peux plus.  » Elle sanglote. «  Il m’a salie. Pour toute ma vie, je serai celle qui s’est fait pisser dessus. C’est cette honte qui m’a réduite au silence pendant des années.  »
Jusqu’ici, elle était restée sans visage. Les médias l’ont affublée d’un pseudonyme qu’elle ne s’est pas choisi, «  Christelle  ». Le 27 octobre 2017, elle a à son tour porté plainte pour viol, une semaine après Henda Ayari, qu’elle n’a jamais rencontrée. Celui qu’elles accusent n’est pas n’importe qui : un brillant intellectuel suisse, enseignant à Oxford et né dans une famille notable d’Égyptiens immigrés à Genève, un prédicateur en vogue à l’idéologie controversée qui fut l’icône d’une partie de la gauche, de la communauté musulmane et de la galaxie antisystème françaises, pour ne pas dire un maître à penser  : Tariq Ramadan. La condamnation qu’il encourt n’est pas seulement judiciaire. L’homme qui harangue les foules depuis plus de trente ans pour prêcher la vertu et l’exemplarité de la pratique islamique apparaît en décalage total avec son magistère religieux, intellectuel et moral.
Au café de la place, Christelle me décrit la chambre où a eu lieu «  la scène  », un jour de l’automne 2009 à l’hôtel Hilton de Lyon. La date se retrouve facilement. Le programme annonçant la conférence avec Tariq Ramadan dans une salle du boulevard des Canuts, le 9 octobre à 20 h 30, est toujours mentionné sur le forum «  Manifestations et conférences Solidarité Palestine  » du site de la grande mosquée de Lyon. Thème  : «  Le vivre ensemble, l’islamophobie, la Palestine  ». Selon le récit de Christelle, elle a pris un café avec Tariq Ramadan au bar de l’hôtel avant la conférence. Gêné par les regards indiscrets, celui-ci lui a proposé de poursuivre la conversation dans sa suite. «  Il m’a dit : “Il y a un bureau et j’ai des coups de téléphone à donner.”  » Il recevait, en effet, des tas d’appels de journalistes qui lui demandaient de réagir à l’attribution du prix Nobel de la paix à Barack Obama, le jour même. Ils montent donc, elle par l’ascenseur, lui par l’escalier. Dans sa jeunesse suisse, Tariq était un excellent footballeur et il est resté tonique. Christelle est entravée par sa satanée béquille et une attelle à la jambe droite. «  La chambre était un peu cachée, tout au bout d’un renfoncement du couloir, dit-elle. Quand je suis arrivée, il était déjà là.  »
Sur mon cahier, au café, je dessine un rectangle pour le lit. Elle le gribouille à coups de croix et de gros points pour indiquer le coin droit sur lequel elle s’est assise pour étendre sa jambe, la télévision en face, la bouilloire à gauche. Et là, l’homme, à qui elle tourne le dos avant de le voir, apparaît soudain, la chemise sortie du pantalon et le visage méconnaissable. «  J’étais glacée d’effroi. Il était droit comme un “i”. Il avait des yeux de fou, la mâchoire serrée qu’il faisait grincer de gauche à droite. Il avait l’air habité comme dans un film d’horreur. Terrifiant, terrifiant, terrifiant.  » Ce qui suit, explique Christelle, est d’une violence rare. Coups sur le visage et sur le corps, sodomie forcée, viol avec un objet et humiliations diverses, jusqu’à ce qu’elle se fasse entraîner par les cheveux vers la baignoire et uriner dessus, ainsi qu’elle l’a décrit dans sa plainte. Elle me montre une photo d’elle juste avant leur rencontre où elle est gironde et attrayante. Et une autre, juste après. Elle est méconnaissable. Son visage, tuméfié, a doublé de volume. Elle soupire : «  Voilà ce qui m’est arrivé.  »

Mais comment s’assurer qu’elle dit la vérité  ? Comment prouver un viol dans l’intimité d’une chambre d’hôtel où l’on est entrée de son plein gré  ? Avec l’espoir d’en savoir plus, j’ai passé un certain temps dans la salle d’attente de Me  Yassine Bouzrou, début janvier. L’avocat de Tariq Ramadan m’avait donné rendez-vous à son cabinet parisien à côté de la place Saint-Michel. Il n’est pas venu, ne s’est pas excusé et n’a plus répondu à mes messages ensuite. Au téléphone, lors d’une brève conversation pour fixer une date, il avait feint de ne pas savoir qui était Christelle. Puis : «  Ah oui  ! Vous parlez de celle qui s’est fait violer dans une chambre d’hôtel et a attendu que son violeur revienne sans appeler au secours  ?  » Son ironie dubitative donne une idée de ce qui sera une ligne de défense  : comment croire que Tariq Ramadan, marié, père de quatre enfants, érigé en musulman modèle et qui prêche la vertu islamique pour tous, donnerait des rendez-vous à des jeunes femmes qu’il n’a jamais vues pour le simple plaisir de les abuser  ? Serait-il assez fou pour risquer de perdre tout ce qu’il a construit pendant des décennies  ? Pourquoi passerait-il des mois à monter des plans alambiqués pour violer une femme avec une béquille et une attelle alors que des filles l’attendent à la sortie des conférences  ? «  Je sais, ça paraît dingue, reconnaît Christelle. Même moi j’ai du mal à y croire.  »

Tariq Ramadan, sept ans après le viol dont l’accuse l’une de ses plaignantes, « Christelle ».
© Mehdi Fedouach/AFP
Elle a les yeux pétillants, les cheveux bruns rassemblés en queue-de-cheval, un jean et un chemisier sage classiquement noué au cou par une lavallière. Elle parle vite, sans détour et sans apitoiement, avec un grand souci de la précision. Ce n’est pas une femme qu’on remarque pour sa beauté. Elle part facilement dans des éclats de rire et des moqueries, y compris envers elle-même. Par moments, elle s’effondre. Enfance dans une famille chrétienne de la classe moyenne des environs de Versailles. Une sœur aînée, une mère normande qui la traînait en poussette dans les musées, un père normando-martiniquais, cadre d’entreprise, artiste à ses heures et aux méthodes d’éducation strictes, à l’ancienne. Christelle ne fichait pas grand-chose à l’école, mais passait les étapes sans effort, surtout en maths, jusqu’au bac. À 14 ans, elle est marquée par sa lecture du Prince de Machiavel, «  pour sa lucidité froide et mathématique sur le fonctionnement des êtres humains  ». À 15 ans, par Le Discours de la méthode de Descartes et L’Art de la guerre de Sun Tzu. «  Ma sœur était en prépa HEC, je lui piquais ses livres.  »
Elle ne veut toujours pas dévoiler son nom, mais consent pour la première fois à donner une photo d’elle que nous publions. «  J’ai mes lentilles de couleur, on ne va pas me reconnaître avec ça,estime-t-elle. Si vous voyiez l’imam intégriste que vénèrent les jeunes hommes de mon quartier, vous comprendriez pourquoi je n’ai pas trop envie de montrer ma tête. Ce n’est pas de Tariq Ramadan que j’ai peur, mais des ramadiens : complètement lobotomisés et persuadés de bien faire, ils pourraient me planter un couteau au nom d’Allah.  » Ces jeunes disciples, elle dit les reconnaître à leur style «  petit bourgeois de bonne famille, barbe très courte, chemise, pull à col en V, mocassins  » – tout comme leur maître. Avant qu’elle ne parte se réfugier dans la ville où nous discutons, elle a subi leurs menaces. Elle a reconnu l’un d’eux sur une des photos transmises aux policiers, au milieu d’un petit groupe de jeunes entourant Tariq Ramadan. «  Si tu continues, tu finiras suicidée dans la Seine très vite  », lui a glissé un autre dans la rue. «  Celui-ci avait plutôt la quarantaine et m’a fait plus peur, dit-elle. C’est lui qui m’a incitée à changer de ville.  »
Comment devient-on une «  amie  » de Tariq Ramadan ? Quand Christelle fait sa connaissance, au cours de l’année 2009, il a 47 ans  ; elle, 36. Il est au sommet de son ascension et elle, au plus mal. L’accident de voiture qui l’a handicapée est le début d’une descente aux enfers. Elle qui pratiquait le sport à haute dose – athlétisme, rugby, handball, danse moderne – doit tout arrêter. Elle n’a pas d’enfant et se sépare de l’homme avec qui elle vivait dans le sud de la France. Elle grossit. Sa petite entreprise de création de sites Web périclite. Les fins de mois sont une hantise. Elle dégringole. Les rares personnes qu’elle fréquente sont des camarades d’infortune croisés au centre d’action sociale ou à la caisse d’allocations familiales. Elle se lie d’amitié avec les plus démunis  : des immigrés pour la plupart, souvent musulmans. Les femmes s’occupent d’elle, lui apportent des makrouts et des baklavas. Certaines lui glissent discrètement des prières sous la porte et lui vantent «  les joies de l’islam et de la solidarité islamique  », selon les mots de Christelle, qui ne demande alors qu’à s’y jeter. «  Va à la librairie Tawhid, lui dit une de ses nouvelles copines. Il y a tout.  » Le magasin, à Lyon, appartient aux éditions du même nom et vend, jusqu’aux moindres cassettes, les œuvres complètes du grand prédicateur. «  Il faut que tu lises Tariq Ramadan, ma sœur  », lui conseille un employé de Tawhid. «  J’avais envie d’y croire. J’étais à fond  », raconte-t-elle. Christelle a des facilités intellectuelles, un côté surdoué dont elle paye le prix  : sa capacité à lire vite et à mémoriser accélère d’autant plus sa radicalisation. Elle engloutit les livres à grande vitesse et sans modération, dort peu la nuit. «  J’ingurgitais tous les jours des paquets de hadiths et les différentes éditions du Coran en boucle, écrites et audio – et même en dormant, car il m’avait dit que ça attirait les anges protecteurs pendant mon sommeil. Il y a quelque chose là-dedans qui hypnotise. C’est monocorde, c’est lancinant comme un bruit de fond. On relit, on relit, on relit et ça te rentre dans le crâne sans que tu t’en rendes compte.  »
Elle dévore plusieurs livres de Ramadan, s’abonne à sa page Facebook pour s’informer des derniers écrits. «  Un contenu assez simpliste, une écriture parfois ampoulée. Ça se lit vite. Pas besoin de culture, c’est accessible à un maximum de monde. Ça a du charme parce qu’on croit apprendre des choses et que ses écrits sont comme ses paroles  : il y a plusieurs niveaux de lecture. Chacun peut y entendre ce qu’il a envie. On devient vite fan.  » Elle respecte les interdits qui envahissent son quotidien. Ne pas écouter de musique, ne pas sortir seule, ne pas se maquiller – «  ça, c’est pour les putes  ». Elle tente de respecter à la lettre les préceptes de La Citadelle du musulman, petit guide des prières à réciter en toutes circonstances. En 2008, elle prononce sa chahada, la profession de foi de l’islam. Pas compliqué. On peut être chez soi, il suffit de répéter trois fois la phrase sacrée : «  Il n’y a de Dieu que Dieu et Mahomet est son prophète.  » Avec le recul, elle se dit que c’était plus facile que d’annoncer : «  J’ai été violée par Tariq Ramadan.  » La voilà convertie. À l’islam, et bientôt à Tariq. «  Je n’avais plus de défense, plus rien du tout. J’étais en état de détresse, en dépression totale. Je voulais une réponse tout de suite. »
LES HONNEURS DE L’UNIVERSITÉ D’OXFORD
Le 31 décembre 2008, elle est seule chez elle. Pour égayer son réveillon, elle envoie un message collectif de bonne année à tous ses contacts Facebook. L’un d’eux lui répond immédiatement. C’est Tariq Ramadan. «  Merci, c’est très gentil. Je suis tout seul en déplacement et ça me fait plaisir.  » Christelle est sceptique. Ça ne peut pas être le grand Ramadan en personne qui lui écrit. Un chargé de com’, sans doute. Dans ses souvenirs, elle lui répond en ces termes  : «  C’est vous qui gérez votre compte  ?  » Lui  : «  Oui, c’est moi.  » Elle  : «  C’est ça, mon œil  !  » «  Si, si, c’est moi  », insiste le messager qui allume sa caméra pour lui faire voir sa tête. Elle a des doutes, prend une capture d’écran. Sur la photo, il a un œil fermé. Elle la montre à une amie qui confirme  : «  Oui, c’est bien Ramadan  !  » Commence une correspondance, puis des appels. «  Il m’apportait des connaissances continuelles sur la politique, la religion, les discriminations, la société, tout ce qui m’intéressait.  » Elle devient ramadienne, comme d’autres sont raéliens. Elle l’admire, le respecte, suit tous ses conseils, croit tout ce qu’il dit. Normal  : il la protège  ; il veut son bien. «  Ça me faisait plaisir que le plus grand érudit en islam francophone s’intéresse à moi. Il était incroyablement courtois et attentif, exigeait que je sois disponible quand bon lui semblait. Il me remontait le moral, me donnait envie de me battre – enfin, je le croyais. J’avais dix, vingt messages par jour, entre 5 heures du matin et minuit.  » Elle se remémore les plus sentimentaux  : «  “J’espère que la rosée fraîche du matin te réveille en douceur, ma princesse. J’admire ton courage.” J’étais coincée chez moi, je ne faisais que parler avec lui, il n’y avait plus que lui qui existait. C’est là qu’a commencé la descente aux enfers.  »
En ce début d’année 2009 où Christelle se débat avec la dépression, Tariq Ramadan a atteint un objectif crucial  : il est devenu respectable. Il est l’intellectuel musulman le plus connu en Europe et, honneur suprême, il est parvenu à acquérir, après avoir été «  chercheur associé  », le titre de professeur d’études islamiques contemporaines dans l’un des plus prestigieux établissements de la planète  : Oxford. Il s’est installé à l’ouest de Londres dans le paisible et cossu quartier d’Ealing, puis à Wembley, avec sa femme – une Bretonne convertie à l’islam – et leurs quatre enfants. À Oxford, Ramadan est en réalité l’obligé de l’émir du Qatar qui finance à coups de millions de dollars le Middle East Centre, un département d’études du St Antony’s College. Peu importe : c’est une splendide carte de visite pour cet islamologue perçu comme sulfureux au point d’avoir été interdit de séjour en France en 1995. Rarement un intellectuel, le sens de la parole, sa stratégie et ses objectifs cachés auront été compris de manière si opposée par les uns et les autres. De quel islam Ramadan est-il le nom  ? Certains entendent la douce musique d’un réformateur modéré, porte-parole d’une religion qui se veut adaptée au contexte européen, capable de réconcilier avec la société les jeunes immigrés en colère. D’autres décèlent, sous l’harmonie apparente, les notes musclées d’un prosélytisme intégriste. L’essayiste Caroline Fourest dénonce depuis des années le « double discours » du prédicateur. Les nombreux témoignages de femmes à l’encontre de Tariq Ramadan donnent une autre résonance à cette thèse. Avril  2009. Christelle et Tariq s’installent dans une conversation quotidienne, par téléphone ou sur Skype. Elle a trouvé en lui l’honnête homme cultivé et pédagogue qui convient à son désir fou d’apprendre, un guide intellectuel et spirituel, un maître. Ils parlent sans cesse islam, politique, économie. Selon ses souvenirs, Tariq lui explique que «  les frères et les sœurs doivent investir les postes-clés en médecine, en politique, à tous les niveaux  ». Et aussi qu’il lui faudra s’engager pour la cause. «  On cherche des femmes un peu cultivées capables d’écrire. Si tu es ma femme, il faudra que tu t’investisses, que tu portes le hijab.  » Il lui fait apprendre «  les cinquante fois  », le manifeste en cinquante points de Hassan Al-Banna qui dresse l’inventaire des injonctions des Frères musulmans  : «  Revoir le programme scolaire offert aux jeunes filles et s’assurer qu’il diffère de celui des garçons à plusieurs étapes de leur éducation  », «  considérer sérieusement la mise sur pied d’une police des mœurs (hisba) responsable de punir ceux qui transgressent ou attaquent la doctrine islamique  », «  donner au journalisme une orientation appropriée et encourager les auteurs et les écrivains à approfondir les sujets islamiques  »… Selon Christelle, Ramadan lui enseignait d’autres commandements «  non écrits  ». Notamment celui de «  mentir aux kouffars  » – aux non-croyants, sur le principe de la taqîya, l’art de ne pas éveiller les soupçons. Chaque fois qu’il a été interrogé sur cette éventuelle « stratégie du mensonge », Tariq Ramadan s’en est vivement indigné.
Certaines phrases qu’il prononçait lui reviennent en mémoire dans le désordre. Il évoque souvent son grand-père, Hassan Al-Banna, dont il parle comme d’un saint homme et dont il lui envoie des textes. Il lui propose de faire du recrutement actif auprès des kouffars. Il lui demande : «  Serais-tu prête à te battre pour Allah, pour tes frères et tes sœurs de Palestine  ?  » Christelle répond sans hésiter  : «  Oui, je suis prête à mourir pour lui.  » Elle traite de «  sale kouffar  » sa sœur, qui ne la reconnaît plus.
Septembre  2009. La relation devient plus sérieuse – au téléphone et sur Skype, toujours. Avec la pudeur d’une jeune convertie, Christelle le prévient que son objectif n’est pas de flirter, mais d’avoir une vie de couple et un enfant. D’après elle, Ramadan propose alors de l’épouser en lui assurant qu’il est «  séparé factuellement  » de sa femme – l’expression l’intrigue, sans plus. Sur Skype, il lui montre sa main  : «  Tu vois, je n’ai plus d’alliance.  » Il l’invite à venir vivre avec lui à Londres. Elle s’occupera de ses enfants. À l’entendre, il lui propose cette chose abracadabrante à laquelle personne ne croirait – sauf elle, qui n’a plus aucune distance avec ce prince charmant téléphonique  : avant de se marier devant l’imam, ils vont faire un «  mariage temporaire  » sur Skype  ! «  Il m’a dit que ses études islamiques lui donnaient le droit de le faire  », jure-t-elle. La cérémonie aurait eu lieu le 6 septembre, sur Skype. Elle me montre les captures d’écran qu’elle a prises ce jour-là («  tellement j’étais émue  »). On ne voit que le visage concentré du futur marié, ainsi que les rideaux et un aperçu du mobilier de sa chambre d’hôtel à Rotterdam où il se trouvait, juste avant une intervention publique. Une fois «  provisoirement mariée  », Christelle commence à mettre son appartement en cartons. «  Tout était prévu : il devait venir à Lyon le 9 octobre pour une conférence. Dans la foulée, on irait se marier à la mosquée de la ville – il s’était arrangé avec l’imam. Le lendemain, il repartirait pour Londres et je le rejoindrais quand j’aurais fini de tout régler. J’avais regardé le prix des billets, prévenu ma sœur, récupéré des cartons de déménagement… » Elle reste pensive. « Des mois de mensonges. Il m’a monté le bobard du siècle. Pourquoi  ? Par goût du défi  ? Par plaisir  ? Par jeu  ? Et moi, dans quel état je devais être pour tomber dans ce truc énorme  ?  »
9 octobre 2009. Christelle attend Tariq au bar en bas de l’hôtel Hilton (devenu le Marriott) qui donne sur une voie rapide le long du Rhône. Les fiancés de Skype vont se voir «  en vrai  » pour la première fois. Le récit de la jeune femme est rigoureux. Elle insiste sur chaque détail. Ce jour-là, elle a détaché ses cheveux, mis une robe noire nouée au cou par une lavallière et s’est un peu pomponnée  : «  De mes années versaillaises, j’ai gardé un style très classique  », note-t-elle. Il arrive. Pas de bise. Il s’assied, lui prend la main délicatement, la retire, sourit, lui parle d’une voix très douce. La conférence a lieu deux heures plus tard. Ils évoquent le mariage qui suivra à la mosquée. Il y a ce téléphone qui sonne à cause du prix Nobel d’Obama. Et à l’accueil, un jeune homme qui les fixe du regard. Tariq a peur des photos  : «  On va boire un thé dans ma suite, comme ça, je réponds à ma secrétaire, je prépare mes papiers et on part à la conférence. » Ils montent. Le lit, la télé, la bouilloire, la tasse, la table de nuit. La porte qu’il l’empêche d’atteindre. Coups de pied, gifles au visage, aux seins, coups de poing sur les bras et le ventre. Elle pleure. Elle hurle. Elle l’entend  : «  Plus tu vas crier, plus ça va m’exciter et plus je vais cogner donc un conseil : ferme-la. » Puis, comme dit Me Bouzrou, Christelle « attend que son violeur revienne  ». Il serait en effet parti à sa conférence en emportant les vêtements de la jeune femme dans un sac avec ces mots  : «  Sois sage. Je donne des instructions. Si tu fais quoi que ce soit, je serai immédiatement averti et ça se passera mal. » Elle reste prostrée. Elle n’en dit pas plus.
Source :
http://www.vanityfair.fr/actualites/france/story/-il-avait-lair-habite-jetais-glacee-deffroi-temoignages-glacants-sur-le-systeme-tariq-ramadan/1027#5

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8 Commentaires

  1. Jacques Levy dit :

    Ramadan et le complot juif

    « Ramadan me parlait toujours des sionistes, des Juifs, du dîner du Crif [Conseil représentatif des institutions juives de France], insiste Christelle, citée par Vanity Fair. Que tout était complot, que j’étais espionnée par les RG, que je devais reformater mon ordinateur toutes les semaines… J’ai fini parano. Les Juifs, “ils”, dirigeaient tout. Pour travailler dans les médias, la politique, le cinéma, il fallait être juif. Il disait que mes malheurs de basanée venaient de là. »

    Aussi, quand elle contacte Soral, devenu entre-temps critique de Ramadan, le patron d’Égalité & Réconciliation n’est pas surpris par son témoignage. « J’ai déjà été contacté par deux autres femmes, je te crois », lui aurait-il dit. Mais son refus de lui fournir des documents met fin à leurs échanges. « Va te faire foutre pauvre paumée, sale tarée ! », lui aurait-il répondu. « Il s’est mis à rire, poursuit Christelle. Il m’a dit : « Rien ne sortira. J’ai contacté Ramadan.” Je ne sais pas quel accord ils ont passé. » L’ancienne salafiste Henda Ayari, l’autre plaignante, avait aussi approché Alain Soral, précise le mensuel.

    http://www.valeursactuelles.com/societe/complot-juif-taqiya-alain-soral-les-revelations-de-christelle-accusatrice-de-tariq-ramadan-92966

  2. Francois Martin dit :

    Mais que pense donc le donneur de leçons E. Plenel des agissements de son ami?

  3. Denis Choukroun dit :

    Si le juge décide le mettre en prison, il va tomber de très très haut. Adieu l’université, les plateaux télé, les débats entre intellectuels, les groupies et les hôtels de luxe. Avec ce genre d’accusations, on n’a plus d’amis. On n’est plus rien.

  4. David 1 dit :

    Merci de lire plutôt

    Quand on lit ce récit décousu , franchement, on a du mal à le croire et en particulier l’affirmation qu’il lui aurait uriné dessus .

    Certes , ce monsieur, comme son grand père n’est pas un ami des Juifs mais rien n’oblige à reprendre , à appliquer les méthodes staliniennes mensongères et si haineuses .

    Attendons la suite , attendons l’instruction puis le procès s’il devait y avoir procès

  5. David 1 dit :

    Ce récit n’émane pas de LDJ mais d’une personne , pour moi, pas fiable .

    Exploiter ces propos serait indigne de nous , Juifs , qui de tous temps avons été victimes de calomnies et d’horreurs

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