Contre-vérités, approximations et mensonges au sujet de l’extrémisme juif en Israël

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par Pierre Lurçat

Un récent article du journal Le Monde prétend décrire les « racines de l’extrémisme juif en Israël ». Signé Morgane Bona

– journaliste en herbe qui fait apparemment son entrée au Monde avec ce sujet sensible – ce papier contient de nombreuses approximations et contre-vérités. Loin de retracer les racines de l’extrémisme juif, l’auteur aborde ce sujet sous l’angle très réducteur (1) d’une « affaire de famille » : en clair, la famille du rabbin Meir Kahana, fondateur de la Ligue de Défense juive, dont le petit-fils Meir Ettinger a récemment été placé en détention administrative en Israël.

1. Du rabbin Kahana aux « jeunes des collines » : raccourcis et comparaisons hâtives
La description que la jeune journaliste fait de l’itinéraire du fondateur de la LDJ est parfois tendancieuse et se fonde sur des sources partisanes, comme en atteste le paragraphe suivant, où un livre signé par le très controversé Charles Enderlin est érigé en source d’information : « En novembre 1990, Meïr Kahane sera assassiné dans un hôtel de Manhattan… L’annonce de la mort de Kahane provoque de vives tensions en Israël. A l’issue de ses funérailles, auxquelles vingt-cinq mille personnes assistent, selon le journaliste de France 2 Charles Enderlin dans son livre Au nom du Temple, de nombreux Arabes sont passés à tabac dans les rues de Jérusalem ».
Le passage le plus tendancieux de cet article est toutefois celui où Morgane Bona attribue au concept d’Eretz Israël une connotation politique radicale, synonyme d’Etat juif sur les deux rives du Jourdain : « Meïr Ettinger en est un symbole. Ce jeune homme est issu d’une longue lignée de militants prônant l’action violente, dont le rêve est d’établir l’« Eretz Israel », un Etat juif sur les deux rives du Jourdain, intégrant ainsi la Palestine et la Jordanie ».

Cette affirmation surprendra toute personne ayant des notions d’histoire juive, Eretz-Israël désignant comme on le sait la Terre d’Israël, concept géographique et historique dénué de connotation politique qu’on trouve dans les prières juives et dans le récit biblique à maintes reprises.
Dans la conclusion de son article, elle donne la parole à une chercheuse, présentée comme spécialiste du sujet : Geneviève Boudreau : « Ettinger tient un blog sur le site radical La Voix juive. Il s’inscrit dans une nébuleuse où l’idéologie kahaniste reste vivace. Mais la figure du rabbin n’y est pas ouvertement mise en exergue, contrairement à celle de Baruch Goldstein, qui selon l’anthropologue Geneviève Boudreau, spécialiste des Jeunes des collines à l’université d’Ottawa, est « une personne idolâtrée et ses actions justifiées par certains ».

Madame Boudreau est doctorante en sociologie, « consultante à l’Institut israélien du Contre-Terrorisme » spécialisée dans le terrorisme juif. Ce qui ne l’empêche pas d’établir, dans un long article sur la « radicalisation de la jeunesse des implantations » *, une comparaison pour le moins surprenante, entre le rabbin Kahana aux idées radicales et l’idéologue des Frères musulmans, Said Qutb (2) ! Pour justifier ce parallélisme, Mme Boudreau se fonde sur les propos du rav Kahana dirigés contre les « hellénisants », à savoir les Juifs assimilés, ce qui rejoint selon elle le concept développé par Qutb de la Jahiliya, désignant les sociétés antéislamiques. Il n’est pas question ici de rejeter a priori toute comparaison entre des mouvements radicaux juifs et musulmans : mais pour qu’elle soit éclairante, il faut comparer des choses comparables… Qutb est un idéologue radical, auteur notamment de l’opuscule Notre combat contre les Juifs, qui a inspiré les groupes islamistes les plus radicaux, des Frères musulmans jusqu’à Al-Qaida. L’islamisme radical, est-il besoin de le rappeler, est une idéologie meurtrière qui séduit des millions de personnes et a causé des dizaines de milliers de morts. L’extrémisme juif concerne quant à lui quelques centaines, voire quelques milliers de personnes. Si l’on suit le raisonnement de cette chercheuse, tout Juif qui célèbre Hannoukah serait un disciple de Qutb…

2. Les « hommes en noir » et l’antisionisme juif radical : approximations et généralisations
S’agissant de l’événement tragique survenu il y a quelques semaines à Jérusalem – l’attentat perpétré par Yishai Shlissel – récemment libéré de prison pour un crime identique – contre les participants à la Gay Pride dans la capitale d’Israël – les analyses des médias français sont tout aussi péremptoires et peu fiables. Le Figaro donne ainsi la parole à Frédéric Encel, auteur de plusieurs ouvrages qui traitent de géopolitique, mais pas de la société israélienne en général, ni de la société juive orthodoxe en particulier.
F. Encel déclare notamment : « Celui que vous appelez à juste titre le fondamentalisme juif concerne des ultra-orthodoxes, ces «hommes en noir» excessivement religieux, qui ne sont pas sionistes, ne font pas l’armée et ne participent que marginalement à la vie politique et économique du pays ». Cette accumulation de truismes ne correspond aucunement à la réalité de la société juive orthodoxe en Israël, caractérisée par une grande diversité de courants et qui connaît une évolution marquée notamment par l’intégration croissante au sein de l’armée et du monde du travail.

Quant à leur participation à la vie politique, les Juifs orthodoxes n’ont pas attendu la proclamation de l’Etat d’Israël pour participer aux institutions sionistes du Yishouv dans la Palestine mandataire : l’Agoudat Israël a ainsi signé un accord avec l’Agence juive dès 1933 pour faciliter l’alyah de Juifs orthodoxes en Eretz-Israël, atténuant pour cela son antisionisme de principe. Elle a par ailleurs été représentée à la Knesset depuis le début des années 1950.
L’antisionisme juif radical radical – celui de certains Juifs de stricte observance qui ne participent pas à la vie politique et économique du pays, est le fait d’une minorité au sein même du mouvement ‘harédi (la Eda haredith – « communauté des croyants » – présente à Jérusalem notamment, est ainsi issue d’une scission au sein de l’Agoudat Israël). De telles précisions historiques minimales sont indispensables pour apprécier le caractère superficiel des propos convenus au sujet des « hommes en noir » et du fondamentalisme juif (expression sujette à controverse, car le fondamentalisme désigne stricto sensu un mouvement protestant).
En conclusion, l’extrémisme juif en Israël est un sujet sérieux et digne d’intérêt, qui mérite d’être abordé par des analyses approfondies et non par des généralisations hâtives, fondées sur une méconnaissance totale ou partielle des réalités de la société israélienne.

1. Pour aborder sérieusement, même dans le cadre restreint d’un article de journal, les racines de l’extrémisme juif en Israël, il aurait été nécessaire de parler de la période de la lutte contre les Anglais et du rôle du Lehi et de l’Irgoun.
2. Sur Qutb, idéologue radical des Frères musulmans, je me permets de renvoyer à mon ouvrage Le Sabre et le Coran (signé Paul Landau), et notamment au chapitre 2 : « Sayyid Qutb, écrivain, idéologue et martyr ».
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/08/18/aux-racines-de-l-extremisme-juif-en-israel-une-affaire-de-famille_4728631_3218.html#4ibremsHy26Vjrke.99

http://www.gmj.uottawa.ca/1401/v7i1_boudreau.pdf

http://www.lefigaro.fr/international/2015/08/02/01003-20150802ARTFIG00121-qui-sont-les-extremistes-juifs.php

source :

http://www.upjf.org/fr/7454-contre-verites-approximations-et-mensonges-au-sujet-de-l%E2%80%99extremisme-juif-en-isra%C3%ABl-par-pierre-lurcat.html


Rabbi Meir Kahane- The First victim of Al Quada…« >
Rabbi Meir Kahane- The First victim of Al Quada…

happywheels

4 Commentaires

  1. roni dit :

    ils stigmatent les jeunes des collines
    ceux sont des jeunes pionners ils font d un desert une oasice. javais ete une fois dans les collines a leurs rencontres ils vivent dans des caravanes ou des baraques en tolles.
    cest trop facile de les accuses de tous les maux comme l incendie criminel de la famille musulmane ou le bebe et le pere sont morts il faut savoir que le pere etait proche du hamas et la ou ils habitaient cetait tendance fatah cest possible que ce soit une guerre fratricide.

    quand a charles anderlin ce nest pas une cannette qu il aurait du recevoir sur la tete cest autre chose. ce type cest un pourri.

  2. peuimporte dit :

    « Madame Boudreau est doctorante en sociologie,  »

    Cher Pierre, je fais de l’ eczéma dés que j’ entends parler de « sociologie »

    cette « discipline » dans laquelle s’ engouffrèrent tous ceux qui loupaient leur Bac, comme a la Fac-gourbi de Vincennes

    quand a ce que raconte cette péronelle: aucun intérêt

    ces admirables « jeunes des collines » sont le vrai avenir d’ Israel qui ne se trouve ni a Yaffo ni a Césarée et encore moins a Tel Aviv ,honte du Peuple Elu !!!

    je leur dis mon affectueuses estime et admiration

    tu sais Pierre que je ne suis pas « religieux » pour un demi-shekel, mais profondément attaché a ce qui se nomme Sionisme et que je crois fort a la notion de Peuple Saint.

    alors ce qui se passe, au nom de la « démocratie » les « droits de l’ homme » ,toutes ces aberrations finissent par n’ en faire que des tordus !!

  3. peuimporte dit :

    les comédiens de la famille arabe Hawabché ont remis ça avec une autre maison brulée

    comme celle ou a été « brulé vif » (les journaleux adorent cette expression) le petit Grégory

    mais qu ‘ est ce que je raconte moi !!!

    le petit Ali

    le petit Grégory a été noyé vif

    tout comme le petit Mohamed (elle a duré la comédie) avait été fusillé vif, mais aussitôt rescussité ,ou ressuscité, vous choisirez la bonne ortho), en levant le coude…

    le Vatican a reçu parait-il une demande en Béatification …..

  4. Samuel dit :

    Le Monde, feuille de choux

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