Elie Wiesel, Prix Nobel de l’exil

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De Meir Ben-Hayoun

Dès qu’il s’agit d’Elie Wiesel, le sens critique sioniste est congédié. De par son statut d’homme public planétaire, Elie Wiesel a été l’antithèse du sioniste pour avoir nourri l’image du Juif d’exil de façon paradoxale au temp du Retour, alors que la page se tournait et qu’après le malheur au paroxysme de la Shoah, s’ouvraient des horizons sans précédents pour le peuple juif.
Et pour cause, Israel revitalisé et se renouvelant, bien qu’Elie Wiesel est venu vivre en Israel et qu’il y avait un très bon emploi à Yedioth Aharonot, il est reparti. Il a dit qu’il ne pouvait pas rester. Il a témoigné que l’Israel rude et simple en bonne santé des premières années de l’Etat tranchait trop avec l’expérience de l’exil qu’il avait connue. Cela l’incommodait et il ne pouvait pas rester en Israel.
Elie Wiesel a alors préféré d’autres horizons comme Paris ou comme New York plutôt que Sion et devenir un intellectuel du monde avec un aura beaucoup trop artificiel me semble-t-il. Il était autant honoré et adulé qu’Israel faisait objet de réprobation de la part des mêmes personnes. Cela allait d’ailleurs de paire. Au même moment où durant la Guerre du Liban, le Mitterand déblatérait sur Israel en comparant les opérations de Tsahal à Beyrouth au massacre des Allemands à Oradour sur Glane, le Président français socialiste faisait d’Elie Wiesel son ami et eminence grise avec qui se concerter sur les grandes questions du monde. Et Elie a poursuivi jusqu’à récemment ce rôle en ayant ses entrées à la Maison Blanche auprès d’Obama, Elie Wiesel servant d’alibi à ceux qui ont jeté Israel sous les roues de l’autobus. Comment Elie Wiesel ne s’en est-il par rendu compte? ou plutôt comment a-t-il accepté de jouer le jeu?
Le lendemain de la Guerre des Six Jours, il se réjouissait comme tous que le pire n’était pas arrivé, mais il était incapable de prendre la mesure de cet évènement sans pareil depuis la Création du Monde. Alors il écrivait ce livre commiséreux « le mendiant de Jérusalem » avec un brio littéraire certain, mais faisant appel à une telle mentalité chagrin que personnellement, jamais je n’ai pu finir ce bouquin, même pas la moitié. Associer « mendiant » à « Jérusalem », il y a énormément de quoi analyser.
En recevant le Prix Nobel de la paix en 86, Elie Wiesel a consacré cette image immaculée du Juif victime éternelle que le monde non-juif chérit et qu’il aime tant nous assigner. C’est cette image de cosmopolitisme et de « conscience » wieselienne que le monde va nous retourner pour délégitimer Israel dès les années 80/ A peine un an après sa réception du Prix Nobel, la première Intifada éclatait.
Elie Wiesel s’est lamentablement fourvoyé en jouant les conseillers de Mitterand, des présidents américains et des grands de ce monde, alors que toutes les forces juives étaient nécessaires ici. De surcroit, pour être dans le vent de son époque, en prônant la création de l’Etat palos pour la « paix », Wiesel a contribué sa part non négligeable de Prix Nobel ce courant d’intellos juifs ayant justifié et fourni les munitions idéologiques à légitimer la thèse de l’ennemi, même si en période d’attentats, ils se sont rangés aux côtés d’Israel. Elie Wiesel faisait partie de ces intellos déplorant les effets des causes qu’ils chérissaient.
Ceci étant dit, Elie Wiesel n’a pas été le seul témoin de la Shoah par son oeuvre, mais son livre « la Nuit » est une pièce maitresse parmi les témoignages, un très lourd témoignage à porter et un hommage aux disparus. Alors pour ce Juif qui vient de nous quitter, Elie Wiesel zal, Baroukh Dayan Haemeth.

happywheels

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  1. Gilles-Michel De Hann dit :

    Il ne faudrait pas que le décès d’Elie Wiesel fasse disparaître une seconde fois ceux qui ne sont jamais revenu, de même que laisser crever de faim, les survivants encore de ce monde …

    On nous reproche souvent d’avoir sacralisé la Shoah; peut-être ne faut-il pas pour autant sacraliser un seul homme … ?

    Sincèrement peiné, pas envie de polémiquer, juste prendre la bonne distance par rapport à cet événement.

     » Moi aussi j’ai vécu un destin donné. Ce n’était pas mon destin, mais c’est moi qui l’ai vécu jusqu’au bout… maintenant je ne pouvais pas m’accommoder que ce n’était qu’une erreur, un accident, une espèce de dérapage ou que peut-être rien ne s’était passé…. On ne pouvait jamais recommencer une autre vie, on ne peut que poursuivre l’ancienne… S’il y a un destin, la liberté n’est pas possible, si la liberté existe, alors il n’y a pas de destin… c’est-à-dire que nous sommes nous-mêmes le destin… il m’est impossible de n’être ni vainqueur ni vaincu… de n’être ni la cause ni la conséquence de rien… je ne pouvais pas avaler cette fichue amertume de devoir n’être rien qu’un innocent  » – Imre Kertész –

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