
Le porte-parole de la Global Sumud Flotilla viré pour ses propos antisémites et homophobes
Mustafa Cakici est l’auteur de centaines de publications haineuses sur les réseaux sociaux. Malgré les alertes de militants de terrain, l’une des flottilles pour Gaza l’a gardé comme porte-parole, avant de finalement l’exclure ce 16 octobre. Mercredi 8 octobre, au pied de la statue de la place de la République à Paris, Mustafa Cakici est tout sourire aux côtés de l’eurodéputée Rima Hassan (LFI). Keffieh vert et t-shirt où est inscrit à la main « Gaza Free Palestine », il prend le micro devant plusieurs milliers de manifestants venus accueillir les militants d’une des deux flottilles pour Gaza qui viennent de rentrer en France : « On a effacé les frontières parce que les coeurs se sont réunis, les coeurs ont tremblé… et Israël a tremblé ! »
Celui qui est coordinateur international de la délégation française et porte-parole de la Global Sumud Flotilla (GSF) revient d’un mois de périple — démarré le 31 août, quand il a embarqué à Barcelone et qui s’est achevé par cinq jours dans une prison israélienne. La flottille avait pour objectif de percer le blocus de Gaza, mis en place par Israël sur le territoire palestinien en 2007, avec une autre vague partie plus tard et d’une organisation différente : la « Thousand Madleens to Gaza ». En plus de Mustafa Cakici, la GSF avait 42 bateaux et plus de 500 activistes, parmi lesquels la suédoise Greta Thunberg, l’actrice Adèle Haenel, ou les eurodéputées France insoumise Emma Fourreau et Rima Hassan. La première et cette dernière ont d’ailleurs dénoncé les violences subies lors de leurs incarcérations.
Depuis son retour, Mustafa Cakici multiplie les interviews, comme à l’antenne de Ici Besançon, sa ville d’origine. Mais chez les militants locaux de la cause palestinienne, ça tique. En cause : ses publications répétées de messages antisémites, homophobes et négationnistes ou encore ses actions contre les militants de la cause kurde relevés par StreetPress et Mediapart. Cakici « appartenait à un groupe de personnes qui tenaient des propos nauséabonds et complaisants avec les discours antisémites » au sein du Collectif Palestine local, raconte à StreetPress José Avilès, le secrétaire général de la CGT du Doubs, dont le syndicat a préféré quitter le collectif l’an dernier, en même temps que d’autres associations et partis politiques.
Confronté à ses publications, Mustafa Cakici assume tout. Joint par StreetPress, LFI s’en « dissocie vigoureusement » et l’ONG à l’initiative de la flottille a fini par exclure son porte-parole, ce jeudi 16 octobre, via un communiqué adressé à StreetPress et Mediapart.
« Les juifs sont-ils des lézards extraterrestres ? Ça serait insulter les lézards »
De fait, sans discontinuer ces dix dernières années, les messages antisémites font florès sur les réseaux sociaux de Mustafa Cakici : « Comment le lobby juif contrôle la France » (sur Facebook, en 2014), comment « Rothschild s’est débarrassé du vol MH370 de Malaysia Airlines », comment « nous vivons sous domination de la synagogue financiéro-talmudique »… « L’invasion continue », écrit-il en 2019 à propos d’un article du Nouvel Obs sur les juifs.
L’obsession antijuive bat son plein quand Cakici partage un article d’un site conspi titré : « Les juifs sont-ils des lézards extraterrestres ? », illustré par une photo de lézard portant une kippa. Il écrit :
« Ça serait insulter les lézards ? »
En janvier 2024, il publie sur Instagram une vidéo intitulée « des rituels sataniques, dans les tunnels sous la synagogue, des prépuces à gogo », qui propage cette accusation antisémite de crime rituel qui date du Moyen-Âge, et qui « nécessite le sang d’enfants chrétiens »
Pour Cakici, la Shoah serait une « victimisation volontaire », répète-t-il à plusieurs reprises. « La deuxième guerre mondiale avec la victimisation volontaire pour semer la terreur (…) et pour avancer dans le projet de nouvel ordre mondial », écrit-il sur Facebook. Le génocide arménien ? « Incidents de 1915 : les documents pointent l’Arménie, non la Turquie », indique une publication relayée sur Facebook par Cakici, qui partage quelques mois plus tard une autre publication martelant qu’« il n’y a jamais eu de génocide ».
Une rhétorique qui « a complètement pourri la lutte propalestinienne à Besançon », s’énerve un responsable PCF joint au téléphone par StreetPress. « On a assisté pendant des mois à des délires antisémites et complotistes » au sein du Collectif Palestine, raconte un membre de l’Association France Palestine Solidarité de Besançon, qui quitte les réunions début 2024. En octobre 2024, c’est la CGT, le Mrap, le PCF, le Parti de gauche, Génération.s et le Mouvement de la Paix qui claquent la porte, en justifiant dans un mail que StreetPress a pu consulter :
Source StreetPress