Le très ambigu M. Belattar : Quand l’on s’invite chez Radio Nova dans l’émission où l’humoriste se rit des juifs, des noirs et des chinois. Mais surtout des juifs.

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Par Anne Jouan

Qui est vraiment l’animateur de radio Nova ? Un humoriste à la double culture et aux nerfs à vif ? Ou un polémiste brutal, aux convictions incertaines. Enquête.
ÉPISODE 1. Quand l’on s’invite chez Radio Nova dans l’émission où l’humoriste se rit des juifs, des noirs et des chinois. Mais surtout des juifs.
C’est l’ex-Guignol Bruno Gaccio qui a allumé la mèche. En janvier 2019, il porte plainte contre Yassine Belattar, le comique de 36 ans qui aime se présenter comme le « frère » d’Emmanuel Macron. Une enquête préliminaire est ouverte à Paris, puis, fin mars, après quarante-huit heures de garde à vue, l’humoriste est mis en examen pour menaces de mort, menaces de crimes réitérés, envoi de messages malveillants et harcèlement moral. Il est laissé libre sous contrôle judiciaire, avec interdiction d’entrer en contact avec les protagonistes de l’affaire. Quinze jours plus tôt, ses anciens collègues avaient raconté dans Mediapart la violence des us et coutumes professionnels du personnage. Pas de quoi démonter Yassine Belattar. Il fait la leçon aux magistrats enquêteurs et se défend : « Il apparaît que le parquet et la juge d’instruction n’ont pas pris le temps de regarder en détail les dépositions des différents témoins et confondent les uns et les autres. »
Même s’il se dresse sur ses ergots, pour lui, désormais, tout s’enchaîne comme dans une mauvaise série télé. Aussitôt après sa mise en examen, il est écarté de l’antenne de Radio Nova, où il officiait quotidiennement depuis octobre 2016. Le lendemain, il est déprogrammé d’un festival d’humoristes à Bruxelles, dont le thème était, selon les organisateurs… le harcèlement, « un combat de tous les jours, avec une attention plus particulière donnée à l’égalité homme-femme ».
Il prononce « juif » comme d’autres disent « mecs » ou « gros »
Quand, le mardi 6 mars – dix jours avant ses ennuis judiciaires -, nous l’avons joint pour le rencontrer, déjà il éructait, vociférait : « Si je ne sais pas qui vous interrogez, si quelqu’un m’attaque, je voudrais répondre. » Il est comme ça, Yassine Belattar, éruptif et s’exprimant suivant les règles d’une syntaxe qui n’appartient qu’à lui. Et c’est sous condition qu’il accepte de nous recevoir : « Si on se met d’accord sur quelques principes de base, on peut se rencontrer. » Nous ne nous mettons d’accord sur rien du tout. Il tente de se rattraper, fait marche arrière : « Je ne ferme pas la porte à la presse de qualité. Mais je ne nourrirai pas une bête assoiffée de sang. »
On se retrouve le lendemain, chez Radio Nova, où il anime tous les soirs, de 17h30 à 18 heures, Les 30 Glorieuses, au coeur de ce XVIIIe arrondissement parisien coincé entre les boulevards des Maréchaux et le périphérique.
Thomas Barbazan, son compère depuis plus de quinze ans, fait déjà son numéro au milieu d’une petite troupe. Belattar, sweat-shirt, baskets et dégaine débonnaire, se joint à eux. A l’un des interlocuteurs de Barbazan, il lance : « Tu veux un café juif ? » Sans que l’on réussisse à déterminer la ponctuation : « un café juif » ou « un café, juif ». Auquel cas Belattar prononce « juif » comme d’autres disent « mec » ou « gros ». La suite de l’échange lève toute ambiguïté : « Tu veux faire ce métier ? T’es juif, t’as du réseau ! » On prend l’ascenseur pour rejoindre le studio d’enregistrement. « Merde, j’ai perdu mon juif », maugrée Belattar. « Si c’est le seul qui ne monte pas, ça pourra être pris pour de l’antisémitisme », rigole Barbazan.

Dans le studio, des comiques encore inconnus du grand public se pressent pour recueillir les conseils du maître. L’un d’entre eux doit se produire bientôt au Grand Rex. Belattar, moqueur : « Tu peux pas jouer au cinéma alors tu joues dans un cinéma ! » Puis, s’adressant à la soeur de l’apprenti humoriste : « Ton frère, c’est le Renoi qui parle le moins Renoi de France. » Il s’ensuit un échange sur les bienfaits du jeu d’échecs, notamment lorsqu’il est pratiqué en prison. Et, d’un coup, Belattar revient au sujet qui le turlupine :  » Y a pas une fête juive de ouf bientôt ?  » Barbazan : « Les Césars ? C’est passé ! »
A 17h30, l’émission commence : « Carte d’identité, carte de séjour, bonjour ! » Belattar à Barbazan : « Aujourd’hui, parmi nous, il y a des journalistes qui me suivent de près pour prouver que je suis islamiste, figure-toi. C’est pas rien, ça va être un travail de quelques semaines. A la mosquée de Gennevilliers, j’organise des karaokés islam et Gilbert Bécaud. C’est un truc qui marche pas mal. » Barbazan pouffe de rire : « Gilbert Bicot. » Belattar, hilare : « Ah, c’est une bonne vanne. Je l’ai vue, je me suis dit ‘il va pas y aller’, et ben voilà. » Il poursuit : « Dans le studio, on a deux Noirs. Noir compte double ! On a un juif – Jonathan -, on peut vanner les juifs. Ne me demandez pas si c’est la moitié du fameux duo David et Jonathan. »
Le public du studio s’esclaffe. Barbazan, avec une voix de crécelle, se lance dans l’imitation d’une fille hystérique : « Et voilà ! Tu sais ce que tu fais Yassine ? Tu importes un conflit dans nos banlieues. Et c’est pour ça que ça brûle. C’est tout pour moi, c’était Zineb » [NDLR : Zineb El Rhazoui, l’ancienne de Charlie Hebdo mise sous protection policière permanente en raison de ses prises de position contre l’islamisme radical). Puis Barbazan se plaint du peu de Chinois qui suivent l’émission. Belattar relance : « J’ai appris hier qu’ils avaient acheté l’immeuble et qu’il y aurait un pressing au deuxième étage. Les Chinois, quel peuple sournois ! Attendez, parce qu’il y a quand même une journaliste. » S’adressant à l’un des auditeurs présents dans le studio : « Nabil, t’as une femme ? » Réponse : « Non, une copine. » L’interrogatoire continue : « De quelle origine ? » Nabil : « Je suis en couple mixte. » Belattar, à propos du sien : « Faut le vivre ça, quand même, quand tu es arabe ou noir et que tu fais ton premier dîner en province chez la belle-famille, physiquement, ça pique. » Barbazan: « On t’a mis des lardons, c’est ça ? » Belattar : « Moi, des fois, on m’a mis des lardons. Véridique ! Et j’ai eu droit à la phrase ‘t’en fais pas, y en a pas beaucoup!' » La discussion dérive ensuite sur la mère de Barbazan, qui cuisine la ratatouille de façon peu orthodoxe. Avec des lardons justement. « Vous êtes quand même une famille très axée sur le gras », ironise Belattar.
ÉPISODE 2. Où l’on apprend comment la décision familiale d’inhumer son frère cadet dans un cimetière français a « francisé » le jeune homme
Le public du studio est parti. Loin de sa cour, Belattar parle de sa famille. Quand ses parents marocains se rencontrent, sa mère a 15 ans et son père dix de plus. « Lui, venu de Marrakech, le Marseille marocain avec des mecs forts en gueule, drôles, bons vivants. » Elle, plus effacée, née à Casablanca. Lui arrive en France en 1975, avant d’être rejoint, deux ans plus tard, par son épouse – au titre du regroupement familial. « L’homme venait en amont, trouvait du travail, puis la femme le rejoignait. » L’Hexagone, on connaît déjà chez les Belattar. « Mon grand-père, soldat, a passé dix-sept ans dans l’armée française », insiste l’humoriste.
Le couple s’installe à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), au nord-ouest de Paris. « La ville du « débarquement » pour mon père, qui a trouvé un job d’ouvrier chez Simca », explique Belattar. En 1981, l’usine automobile ferme. Il perd son travail mais reçoit un petit pécule qui l’aidera à s’installer comme chauffeur de taxi à L’Etang-la-Ville, une banlieue chic, très chic même : « Il a accepté de perdre en surface habitable ce que j’allais gagner en éducation. »
« Je suis né à Conflans, en 1982, à la clinique des Tilleuls », poursuit Belattar. Puis, sur le même ton neutre qu’il prend pour raconter l’usine ou le taxi, il glisse que, l’année précédant sa naissance, son aîné était mort, victime d’une insuffisance rénale : « Il s’est fait soigner au Maroc et il est décédé des suites d’une erreur médicale. Ce pays a un problème avec ses hôpitaux », résume Belattar, évoquant une première « épreuve à traverser » pour ses parents. Suivra Tarik, né en 1986. Puis le benjamin, né en 1990, qui sera foudroyé par une méningite cinq ans plus tard.
On vit pour mourir
Comment la famille a-t-elle vécu ces deuils successifs ? « On ne parlait jamais de mon grand frère. Mais pour le petit, j’avais 13 ans, cela a été beaucoup plus complexe », livre-t-il. En effet, le père voulait l’enterrer au Maroc. Le fils, non. « Dans la famille, c’est lui qui décide. Et moi. Car en tant qu’aîné, j’en suis l’héritier. Mon père est le plus âgé de sa fratrie. Ils étaient 12. S’il disparaissait, ils seraient tous à ma charge. » Le jeune Yassine veut que le benjamin soit mis en terre en France. « J’ai expliqué que je ne pouvais pas faire 3000 kilomètres tous les week-ends pour aller le voir. »
Face à la douleur de la mère et de l’autre frère, le chef de famille change d’avis. Comme lui, Belattar sait que choisir une sépulture en France aura des conséquences sur son identité. « Chez nous, on ne se parle pas, on se comprend », lance le fils rebelle. Mais il ignore à quel point cette inhumation en France sera décisive. « Cela a fait naître chez moi le sentiment d’être français. On se découvre français dans l’épreuve, jamais par principe », jure-t-il. Le frère repose à L’Étang-la-Ville. « Il m’arrive d’aller sur sa tombe quand j’ai besoin de me requinquer », confie le comique soudain pudique.
Revenant sur l’irruption de la mort dans sa famille, Belattar livre une autre confidence : « Adolescent, au détour d’une conversation, j’ai appris qu’un oncle était mort sous les yeux de mon père, écrasé par un camion qui effectuait une marche arrière. Dans certaines cultures, cette violence aurait été un élément de rupture totale avec la vie, et aurait été suivie d’une psychanalyse. Mais la valeur d’une vie dans la culture africaine n’est pas la même qu’en Europe. »
Ainsi, pour lui, être musulman, c’est être fataliste et accepter que la mort fasse partie de la vie : « Vous allez souvent au cimetière. Nous, non. On vit pour mourir, alors que la culture occidentale chrétienne appuie sur un ressort malheureusement utilisé à tort, la culpabilité. »
ÉPISODE 3. Où l’on voit le comique mal à l’aise louvoyer entre les écueils de l’antisémitisme, de l’antisionisme et de la condamnation de la violence islamiste.
« Sur un plateau TV, on l’invite pour les affrontements », explique un programmateur télé. Confirmant cette affirmation, Yassine Belattar nous a confié, sous le sceau du secret, avoir été contacté quelques jours plus tôt par l’animateur de CNews, Pascal Praud. L’ancien de Téléfootveut le voir débattre avec Eric Zemmour. Entre lui et le polémiste français, la joute s’annonce homérique.
Belattar minaude. Va-t-il y aller ? Est-ce une bonne idée ? Ses mots contredisent son regard, qui brille d’envie de sauter sur le ring. Et pourtant. Quinze jours plus tôt, il avait annoncé, à sa manière, c’est-à-dire fracassante, son départ de LCI, où il intervenait une fois par semaine, depuis septembre 2018, dans l’émission d’Audrey Crespo-Mara. Une fois de plus, Zemmour s’en était pris, sur LCI, à l’antisémitisme supposé atavique des musulmans : « On nous a expliqué que l’islam est une religion de paix et d’amour alors qu’on sait bien que cet antisémitisme-là est le produit d’une culture islamique qui vient de très loin », avait déclaré le polémiste. « Je ne crois plus avoir ma place sur @LCI suite à ces propos indignes… Il y a une différence entre la liberté d’expression et la liberté de provocation. Bon courage dans votre surenchère », a répondu Belattar. « Yassine est mû par une soif énorme de reconnaissance. Mais il s’est perdu. Il n’est que dans le rapport de force. Quand il se sent en danger, il devient agressif », explique la directrice de la rédaction d’une grande chaîne de télé.
Beaucoup de conflits non résolus en lui
Le 16 février dernier, Alain Finkielkraut est victime d’une agression antisémite en plein Paris pendant une manifestation de gilets jaunes. « Sale sioniste de merde », « Rentre chez toi en Israël », « La France est à nous », hurlent plusieurs manifestants. Aussitôt, Yassine Belattar tweete : « Bande d’abrutis que vous êtes, […] aider la Palestine, ce n’est pas agir de la sorte. Je n’aurais jamais cru l’écrire dans ma vie, mais j’ai plus honte de vous que de ce soutien à Alain #Finkielkraut. » Mais la solidarité avec le philosophe se fissure vite. Dans la journée, le ton change : « Durant une semaine, voire plus, tous les médias parleront de cet acte pour faire l’amalgame entre musulmans et ces abrutis. Evidemment, personne ne sera en face pour expliquer le contraire et vous serez chez vous en train de chialer. #Finkielkraut a tellement fait de mal. » Le lendemain, le 17 février, sur LCI, Finkelkraut met en question la rhétorique islamique à l’origine, selon lui, de son agression. Le bouillonnant Belattar dégaine alors un nouveau tweet : « Ecoeuré comme prévu par le discours de #Finkielkraut ce matin sur @LCI, passé de victime à accusateur des banlieues… » Le soutien à l’Académicien agressé aura été de courte durée, moins de vingt-quatre heures. « Il n’est pas clair sur ce qu’il est, sur ce qu’il veut, sur son histoire. Ce n’est pas rien la double culture. Il porte beaucoup de conflits non résolus en lui. Il est en permanence sur la tranche », analyse une responsable audiovisuelle.
Sur France 24, le 18 février, deux jours après l’agression de Finkelkraut, l’humoriste est invité pour réagir à la question « les gilets jaunes ont-ils franchi la ligne rouge ? [NDLR: sur l’antisémitisme] ». Il attaque hors sujet : « Je suis plus proche d’Yitzhak Rabin que de Netanyahou », avant de lâcher : « Si on fait le lien entre l’antisionisme et l’antisémitisme, on donne le bâton pour se faire battre. […] Et cet interdit va jeter encore plus de haine contre la communauté juive. » Le présentateur le pousse dans ses retranchements. Assistera-t-il au rassemblement contre l’antisémitisme place de la République ? Belattar répond : « Non, absolument pas. » Pourquoi ? « Pour une histoire, si je puis me permettre, de surenchère des réseaux sociaux. Si j’y vais, si je m’embrouille, je ne sais pas comment les gens vont le percevoir. »
L’explication est bien alambiquée. Il tente de se rattraper : « Mon grand-père s’est battu pour libérer les juifs. S’il me voyait aujourd’hui tenir des propos hasardeux sur eux, je peux vous dire qu’il serait déçu. » Puis vient la minute sur l’attaque terroriste du 11 décembre dernier, au marché de Noël à Strasbourg, au cours de laquelle cinq personnes ont été tuées et onze autres blessées. A propos de l’auteur de l’attentat, Belattar a cette conclusion consternante : « C’était un pseudo djihadiste, il n’en avait même pas l’envergure. »

Plus directe, Marika Bret, figure historique de Charlie Hebdo, s’indigne de la position ambivalente affichée par l’humoriste face à la tuerie islamiste du 7 janvier 2015 : « Il n’a eu aucune condamnation de l’attentat. C’est toujours la même histoire. Mettre les valeurs religieuses avant les valeurs républicaines. » Belattar avait eu ces mots : « Je ne suis pas Charlie, parce que je ne suis pas un homme de slogan et je ne choisis pas mes deuils. Je ne suis pas Charlie, je ne suis pas Nice, je suis français et je suis toujours en deuil quand il y a un malheur sur le territoire français. »
Ce soir-là, dans l’intimité des coulisses de Radio Nova, il nous confie : « Moi, je suis croyant. Et si on ne croit pas, je dois le respecter. C’était d’ailleurs ma discussion avec Charb. Il me demandait pourquoi ils ne pouvaient pas dessiner Mahomet, je lui répondais que ça vexe des gens. C’est pas pour ça que je vais dire bravo aux mecs qui ont tué Charlie Hebdo. »
ÉPISODE 4. Où l’on en vient au mouvement #Metto, à l’ami Luc Besson et à un début de regret dans son attitude avec les femmes
« Je suis un homme à Blanches », affirme, en macho bravache, Belattar, avant de préciser : « Chez moi, il y a beaucoup de choses marocaines, même si je partage la vie d’une Corse. La double culture est une négociation permanente. Ma femme adore la charcuterie, mais le porc ne rentre pas chez moi. » Mais comment Mme Belattar fait-elle quand elle veut manger de la coppa ? « Ben, elle mange dehors », dit-il en riant. Et de se justifier : « Si j’avais commencé à manger du porc ou à boire de l’alcool, j’aurais perdu ma culture. » Et son épouse peut-elle faire bouger ses obligations de musulman ? Le couperet tombe : « La question ne se pose pas. En étant avec une femme blanche, ma tolérance n’est pas à prouver, ma femme n’est pas voilée et je ne suis pas marié. »
En tant qu’homme que pense-t-il du mouvement #MeToo ? Réponse : « Caroline de Haas a figé le débat. Elle aurait dû faire de la pédagogie, expliquer aux mecs qu’ils étaient des beaufs, qu’il fallait tout reprendre depuis le début et leur expliquer : Messieurs, on ne dit pas à une nana qu’elle est bonne devant tout le monde à la machine à café. »
J’ai très certainement fait des trucs pas bien
Comme on le sent enclin à la confidence, on enchaîne sur son ami Luc Besson, et les accusations de comportements déplacés, d’agressions sexuelles ou de viol dénoncés dans la presse par une dizaine de femmes. « C’est le parrain de mon fils. Luc, c’est mon meilleur ami. Quand il a des problèmes, je suis là, quand j’en ai, il est là. » Et le comique de défendre bec et ongles le cinéaste. « Luc Besson n’agresse pas les femmes. Point final. Il y a eu un non-lieu [NDLR: la plainte pour viol de l’actrice Sand Van Roy a été classée sans suite]. »
Poliment, nous lui faisons remarquer que son « meilleur ami » n’a pas été mis en cause par une, mais par neuf femmes. Il s’emporte : « Je veux bien qu’on l’accuse et qu’il fasse de la prison si c’est vrai. Mais anéantir la vie d’un homme dans la calomnie, soupire Belattar. Ben ouais, Luc a eu plein de meufs ! C’est un père de famille, un chef d’entreprise. On fait comment maintenant que c’est faux à cause de cette putain de machine médiatique ? On lâche, on lèche, on lynche ! On peut être lourd, on peut faire une erreur, mais accuser quelqu’un de viol ! Franchement ! On a fait une enquête sur la nana qui l’accuse ? Moi, je sais des choses sur elle. C’est une rupture mal digérée après deux ans de relation plus qu’un viol. Deux ans ! Si vous êtes violée la première fois, vous ne venez pas une deuxième fois ! C’était une histoire d’amour. Je n’ose même pas imaginer ce que Luc a vécu. »
Et lui, Yassine Belattar, a-t-il toujours été un homme bien avec les femmes quand il était jeune ? « Ça serait mentir que de dire oui, avoue-t-il. J’ai très certainement fait des trucs pas bien. Mais aujourd’hui, je suis incapable de vous dire à quel moment une femme peut utiliser ça contre moi. »
Une femme se souvient de l’un de ces « trucs pas bien ». Jessie Claire est ancienne animatrice pour le groupe Canal +. Elle revient sur sa rencontre avec Yassine Belattar, fin juillet 2015. Elle finit ses études et rêve de faire de la radio. Elle le croise avec des amis, par hasard, un soir après un spectacle. La petite bande va boire un verre et l’humoriste explique rechercher une co-animatrice. Elle espère le revoir pour un entretien d’embauche chez Nova, la radio pour laquelle elle a toujours voulu travailler.
Dix jours durant, Belattar l’inonde d’appels téléphoniques et de SMS à la tonalité pas franchement d’ordre professionnel. « Yassine est souvent dans la provocation et le rabaissement. Dès que je l’ai vu, il m’a taclée mais je me suis dit que c’était de l’humour. Il est très fort dans la manipulation, on croit que c’est de notre faute. On ne sait jamais sur quel pied danser. » Selon elle, avec les femmes, Belattar en revient souvent au sexe : « On ne le connaît pas sous cet angle car, sur scène, il parle de sa femme et de ses enfants. Il me contactait le jour, la nuit, ça me rendait dingue. » Un soir, il lui donne rendez-vous à minuit, près du métro Blanche, suscitant la colère de son petit ami. La jeune femme répond qu’elle habite dans le XVe. Vexé, Belattar la rabroue, et lui donne comme un conseil : « Faudra que tu apprennes à provoquer. » Jessie s’en est mal remise et sa plainte a été classée, faute de preuves.
ÉPISODE 5. Où, parti à la recherche de ses « amis », on se retrouve embarqué dans une logorrhée anti-média
Sans qu’on la lui demande, Yassine Belattar exhibe son interminable liste d' »amis », tous plus célèbres et puissants les uns que les autres. Il y a un brin d’intimidation dans cet étalage mondain. « Il est fier d’avoir réussi son ascension sociale. Et il croit qu’il va rester lié avec tous les puissants qu’il connaît, alors que ces derniers ne voient en lui qu’un simple pion », souligne une proche. Quand on souhaite joindre ces « amis », ils sont la plupart du temps aux abonnés absents. Et ceux qui répondent exigent l’anonymat. Comme ces deux journalistes qui expliquent, en « off », que l’humoriste a coutume de s’inventer des amitiés nées de deux ou trois contacts professionnels.
S’il y a une relation dont s’enorgueillit Belattar, c’est bien celle qu’il entretient avec le président de la République. Quand, en décembre 2017, l’hebdomadaire Marianne lui consacre un portrait intitulé « Faux clown et vrai danger », l’humoriste se fend aussitôt d’un SMS adressé à son « frère » Macron : « Visiblement, c’est une nouvelle guerre que lance ce journal, je suis au fond du trou. » Macron le rassure : « T’obsède pas. Continue. Les critiques suivent le talent. »
Pourquoi appelle-t-il Benalla ?
« Ma force, ma seule force, c’est que je suis aussi à l’aise dans un grec aux Mureaux qu’à l’Elysée, parce que je sais qui je suis et que je ne suis pas un tricheur », crâne l’animateur de Radio Nova. Et, fait-il remarquer, sa proximité avec le plus haut sommet de l’Etat a commencé grâce à François Hollande, rencontré en 2006, dans une émission de radio. « C’est un chic type, je l’adore, il est adorable, hyperdrôle et c’est un sphinx », s’enthousiasme Belattar, qui assure le voir « une fois tous les deux mois. Mais faut pas aller manger avec lui quand on fait un régime. »
C’est ensuite qu’il a fait la connaissance d’Emmanuel Macron, à l’Institut Montaigne, par l’intermédiaire de Pierre Ferraci, président du Paris Football club. « Aujourd’hui, je ne connais pas le président, je connais un mec qui est devenu président », insiste Belattar, avant d’ajouter : « J’ai le même sens de l’amitié pour lui que pour Besson. On s’entend bien parce qu’on a le même âge. Mais mes vrais potes sont Julien et Ismaël. » Comprendre Denormandie, le ministre de la Ville, et Emelien, l’ex-conseiller élyséen. Pour autant, faut-il le croire lorsque l’on apprend qu’il « distillerait des conseils à ses ‘potes’ du gouvernement et qu’il critique le manque de charisme des ministres ? » « Des gens mielleux. Y a pas de folie, ils veulent être dans la troupe. »
Plus surprenant, pourquoi appelle-t-il Alexandre Benalla le 18 juillet 2018, jour où il est mis en cause par le quotidien Le Monde pour son comportement violent et son usurpation de pouvoir policier contre des manifestants du 1er mai, place de la Contrescarpe ? Peu après minuit, le relevé téléphonique de l’ex-responsable de la sécurité prouve qu’il a bien reçu un coup de fil du comique. Yassine Belattar commence par nier, puis se rend à l’évidence. « Enfin, je le connais, je le croise. J’ai dû le voir six fois depuis l’élection. Je suis très copain avec les autres gars de la sécu, qui sont formidables. » Il prétend se souvenir que, ce soir-là, Benalla ne réalisait pas ce qu’il venait de faire. « Je lui ai dit : Mec, tu mesures ce que tu as fait ? Il me dit que ça va passer. A ce moment-là, je me souviens qu’il a 27 ans. Il est alors persuadé que si on lui tire dessus, ça ricoche. Je lui dis que ça ne va pas passer. »

Yassine Belattar l’assure, il a « trop d’estime pour la politique pour en faire ». En revanche, il n’hésite pas à s’en prendre à ses confrères humoristes : « La vanne sur l’âge de Brigitte, ça me rappelle les moqueries sur ‘Sarko est petit’. » Ou encore : « France Inter, par moments, est plus raciste que le Front national. Mais eux, ils sont de gauche, alors ça n’existe pas le racisme ! » Et, très vite, sa critique des médias vire à la logorrhée vindicative. « Aujourd’hui, les gilets jaunes vont chez Hanouna parce que vous, les médias, vous vous la pétez depuis des années ! T’as vu comment la presse a parlé d’Hanouna ? Parce que c’était mieux d’aller chez Yann Barthès, peut-être ? Ce mythomane qui, parce qu’il a mis une paire de Stan Smith, croit qu’il est cool ? Y a pas plus facho que lui. Hanouna n’est pas facho. Moi je respecte ce qui est populaire. Je viens de l’école Coluche. Aujourd’hui, populaire est devenu un gros mot », s’emporte Belattar. Qui, lui aussi, porte des Stan Smith.
Source :
https://www.lexpress.fr/actualite/societe/fait-divers/le-tres-ambigu-m-belattar_2074798.html

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8 Commentaires

  1. Jacques dit :

    Un arriviste nul et complexé entre souffrance et reconnaissance une créativité crasseuse pour une audience poids chiche

    • Jacques dit :

      Je t ai laissé un commentaire sur le article de soral,tu peux éviter de prendre le pseudo que j’utilise ici depuis des années stp?
      Ça fait plusieures fois et je ne comprends pas l’intérêt,sachant que c’est évidemment un pseudonyme.
      Tu seras bien aimable,merci
      Jacques

  2. Jacko Levy dit :

    Yassine Belattar, le comique de 36 ans qui aime se présenter comme le « frère » d’Emmanuel Macron.

    mauvais casting! mon frère en arabe se dit « khouiya » et adapté au Français populaire ça donne « crouillat » ..

  3. Rosa SAHSAN dit :

    Il aime se présenter comme le frère de Macron?
    C’est vrai que l’on a la famille qu’on mérite. Macron adore être entouré de la racaille cela le met en valeur.
    ROSA

  4. benjamin dit :

    encore un connard d algerien qui se la ramene grave ici en France ! decidement c est quasiment la mecque pour ces fichus algériens nuls et sinistres que ce pauvre pays de France livrè a ces individus insipides et vicelards !mais LES JUIFS ET ISRAEL VOUS EMMERDENT.

  5. Franccomtois dit :

    Bellatar???????????????
    Je vous poste une Video d´un humoriste qui est d´une grande Finesse,un coup de déprime et hop un petit Fellag et la joie au Coeur vous reviens:
    Fellag – Un bateau pour l’Australie (spectacle complet HD)
    https://youtu.be/v-FBz8_cD8g?list=RD71vNDD5Mp_M

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