Procès Merah: « Où était Dieu le 19 mars 2012? »

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Samuel Sandler a perdu son fils Jonathan et ses deux petits-fils Arié et Gabriel il y a cinq ans, tués par Mohammed Merah. Du procès qui s’ouvre ce lundi, il n’attend « rien ».
C’est seul que Samuel Sandler prendra le chemin lundi de la cour d’assises spéciale de Paris. Cet homme fatigué ne sait pas encore s’il aura le courage, dès le matin, d’affronter les dizaines de caméras inévitablement présentes. Ni à combien de jours d’audience il assistera sur les cinq semaines que va durer le procès Merah. Mais l’ancien président de la communauté israélite de Versailles sera bien présent. Son fils, Jonathan Sandler, et ses deux petits-fils, Arié et Gabriel, font partie des sept victimes de Mohammed Merah. Le tueur au scooter les a froidement abattus le 12 mars 2012, devant l’école Ozar Hatorah de Toulouse. Cinq ans plus tard, c’est le frère du tueur, Abdelkader Merah et un délinquant toulousain, Fettah Malki, qui feront face, dans le box des accusés à plus de 200 parties civiles. Historique ce procès Merah? Pour Samuel Sandler, c’est surtout une occasion douloureuse de plus d’entendre à nouveau parler de l’assassin de ses proches.
En quoi est-ce important pour vous d’assister à ce procès?
Samuel Sandler. Par ma présence, j’espère contrebalancer l’attention portée à cet assassin. On se souvient de son nom, peu de celui des victimes. Je ne veux pas prononcer le nom du meurtrier de mon fils et de mes deux petits-fils. C’est considérer qu’il a, comme son frère, un peu d’humanité, ce que j’ai toujours refusé de croire. Je veux faire périr le nom de celui qui a fait périr la vie.
Cet homme est entré dans la vie de notre famille de façon abominable. Mon petit-fils avait trois ans, il est mort une tétine à la bouche. Et son meurtrier a tout filmé. Les terroristes veulent aussi, par leurs crimes, faire parler d’eux. Je voudrais qu’on ne le cite plus, cela m’est insupportable.
Qu’attendez-vous de cette étape judiciaire?
Je n’en attends rien. Je respecte l’État de droit. Mais ces cinq semaines aux assises ne vont pas faire revivre mon fils et mes petits-fils. Je n’espère aucune réponse particulière. Je ne vois d’ailleurs pas quelle révélation il pourrait y avoir.

Vous sentez-vous prêt à être confronté au récit détaillé des faits?
Je crois que je sortirai à ce moment-là. Je ne pourrai pas rester, cela m’apporterait certainement plus de souffrance que de réponses. Pourtant, j’ai toujours voulu connaître les derniers instants de mes proches. J’avais un petit cousin âgé de huit ans, Jeannot, qui a été déporté du Havre vers le camp de Drancy pendant la guerre. Je me suis toujours demandé ce qu’il y avait dans sa tête lorsqu’il a été arrêté et emmené. Je me pose aujourd’hui la même question pour mon fils. Qu’a-t-il pensé lorsqu’il a vu l’arme braquée sur lui? Je ne le saurai jamais. Personne ne peut m’aider à comprendre.
Plus de cinq ans après, comment allez-vous?
Moi, j’ai la chance d’être en vie… J’ai continué à travailler jusqu’à un âge avancé. Être dans l’action évite de trop réfléchir en se retrouvant seul dans une pièce avec ses pensées. Je redoutais un peu de prendre ma retraite. Mais j’ai réussi à compenser par d’autres activités, cela me permet de ne pas trop ressasser.
Vous êtes un homme croyant. Cette tragédie a-t-elle ébranlé votre foi?
D’un côté, la foi m’aide à tenir. D’un autre côté, je ne comprends pas comment de telles choses ont pu se passer. Où était le bon Dieu le 19 mars 2012? Il m’arrive de me poser la question.
Quel souvenir voulez-vous que l’on garde de votre fils et de ses deux enfants?
Nous étions une famille unie. Plus jeune, mon fils Jonathan était scolarisé à Ozar Hatorah. C’était un élève brillant. Dix ans plus tard, il a accepté d’y revenir comme enseignant. Il voulait rendre à l’école ce qu’elle lui avait apporté. C’était quelqu’un de très ouvert, toujours tourné vers autrui.
Arié, qui avait cinq ans, était un enfant vraiment facile à vivre. Un mois avant sa mort, nous étions partis avec lui une dizaine de jours en Israël, nous étions des grands-parents heureux. Gabriel, le petit dernier, était surnommé « monsieur coca ». Lui m’appelait « papy café ». Ils ont une soeur qui a aujourd’hui six ans et demi. Pendant longtemps, à chaque fois qu’elle prenait l’avion, elle demandait avec ses mots d’enfant: « On va aller voir papa et mes frères? »
Source :
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/proces-merah-ou-etait-dieu-le-19-mars-2012_1947496.html

Latifa Ibn Ziaten veut regarder Abdelkader Merah « dans les yeux »
La mère de la première victime de Mohamed Merah s’est confiée à BFMTV, à l’approche de l’ouverture du procès du frère du tueur, Abdelkader Merah, jugé à partir de lundi par la cour d’assises spéciale de Paris.
Elle veut à tout prix « le regarder en face ». Latifa Ibn Ziaten, la mère de la première victime de Mohamed Merah, Imad Ibn Ziaten, abattu le 11 mars 2012 par le terroriste, s’est confiée à BFMTV, alors que s’ouvrira ce lundi, devant la cour d’assises spéciale de Paris, le procès d’Abdelkader Merah, le frère du tueur.
Il y a plus de cinq ans, entre le 11 et le 19 mars 2012, sept personnes dont trois enfants d’une école juive étaient froidement exécutées par Mohamed Merah au nom du jihad. Le frère du tueur, Abdelkader, 35 ans, est jugé pour « complicité » dans cette affaire qui annonçait une mutation du terrorisme en France.
« Je voudrais m’adresser à lui »
Depuis l’assassinat de son fils, un militaire âgé de 30 ans au moment des faits, Latifa Ibn Ziaten, s’est depuis ce jour faite messagère pour la paix. Cette Franco-marocaine de 57 ans parcourt la France depuis cinq ans pour parler aux jeunes dans les cités, les écoles, les prisons, afin de les convaincre de ne pas tomber dans « une secte terroriste ».
Latifa Ibn Ziaten attend beaucoup du procès qui s’ouvre lundi. A commencer par se trouver en face d’Abdelkader Merah.
« Je voudrais m’adresser à lui, le regarder en face, qu’il voit la souffrance qu’il nous a causée, en étant complice de son frère. La souffrance que l’on vit tous les jours d’avoir perdu notre enfant, un jeune de 30 ans, qui avait plein d’espoir, qui était plein de vie, qui était un militaire exemplaire », confie-t-elle au micro de BFMTV, dans un entretien à retrouver en intégralité ce samedi dans l’émission 7 Jours BFM.
« Si il a un cœur, s’il est humain, je voudrais voir comment il réagira en ayant cette mère en face de lui. Parce que moi je n’ai pas peur de lui. Je voudrais le voir en face, et le regarder vraiment dans les yeux, c’est très important », insiste Latifa Ibn Ziaten.
>> Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans l’émission 7 Jours BFM, ce samedi 30 septembre, entre 12h30 et 13h.
Adrienne Sigel avec Pauline Revenaz
Source :
http://www.bfmtv.com/police-justice/latifa-ibn-ziaten-veut-regarder-abdelkader-merah-dans-les-yeux-1267258.html

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2 Commentaires

  1. Lefranc dit :

    « Où était D. » : on ne va pas se mettre à galvauder un questionnement qui n’appartient qu’à la seule et unique Shoah, drame extraordinaire où une moitié du peuple que l’on dit Elu a péri !
    Autant alors se la poser pour toutes les injustices ( morts,accidents, maladies…) dont la vie de tous les jours regorge !
    Il n’empêche que l’on peut qualifier les meurtres de Toulouse et de Montauban de parfaitement abjects et d’avoir une pensée attristée envers les morts et leurs familles !

  2. Claude dit :

    Ou était D.ieu ?

    Et bien détrompez vous, effectivement, pourquoi ne pas se le demander ?

    D’autres ce sont posés la même question , justement à propos de la Shoah et ….

    Certains ont perdu la foi .

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