Quand le CCIF et consorts font reculer la Sorbonne au sujet de conférences sur la laïcité

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Par Alain Léauthier
Une journée de conférences autour de la laïcité, organisée le lundi 11 décembre dans des locaux de la Sorbonne avec Philippe Val et Georges Bensoussan, a été reportée puis rétablie mais déplacée sous la pression notamment du Collectif contre l’islamophobie en France. Un feuilleton inquiétant.
Une journée – une dans l’année – consacrée à la laïcité ne devrait pas choquer outre mesure dans le cadre de la formation délivrée aux futures enseignants. Convaincus que la laïcité est, banalement, un « principe fondamental du système éducatif français », les responsables de l’ESPE (Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation, qui ont remplacé les IUFM) de l’Académie de Paris avaient ainsi prévu d’organiser une telle journée le lundi 11 décembre dans des locaux de la Sorbonne. Elle aura finalement bien lieu. Mais elle a été déplacée dans les locaux de l’ESPE sis dans le 16ème arrondissement et surtout, avait dans un premier temps été purement et simplement déprogrammée sous la pression des islamistes et, semble-t-il aussi, de certains syndicats de la Sorbonne.
Le feuilleton de cette « annulation annulée » débute il y a quelques jours sur le site du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), groupe phare de l’islam politique, proche des Frères musulmans et de Tariq Ramadan, à l’image de son ancien très médiatique porte-parole Marwan Muhamad. Très actif dans toutes les campagnes menées contre le camp laïc, assimilé purement et simplement à la « fachosphère », le CCIF lance cette fois son oukase contre l’invitation faite par l’ESPE à deux de ses bêtes noires préférées : Philippe Val, l’ancien directeur de Charlie Hebdo et l’historien Georges Bensoussan, auteur des Territoires perdus de la République.
J’ai reçu un mail de la direction de l’ESPE m’informant qu’à leur grand regret les conditions d’un débat serein n’étant pas réunies, les conférences auxquelles nous devions participer étaient reportées à une date ultérieure.
Philippe Val
Au premier, il reproche une « laïcité offensive », au second de nourrir « la haine anti-arabe et islamophobe ». L’affirmation se fonde sur des propos controversés tenus par Georges Bensoussan lors d’une émission de radio et pour lesquels il a été poursuivi à l’initiative du CCIF avant d’être relaxé en première instance*. Mais peu importe car pour le CCIF – auto-investi ainsi du contrôle de ce qui peut être ou pas débattu devant de futurs enseignants -, pas question de laisser les deux hommes leur « inoculer une laïcité empoisonnée, falsifiée ». Sur les réseaux sociaux, les habituels trolls et « followers » de l’association prennent le relais et en début de semaine la sanction tombe : « J’ai reçu un mail de la direction de l’ESPE m’informant qu’à leur grand regret les conditions d’un débat serein n’étant pas réunies, les conférences auxquelles nous devions participer étaient reportées à une date ultérieure», raconte Philippe Val.
L’ancien patron de France Inter pense connaître les raisons du recul soudain du centre de formation des maîtres : l’implication dans la polémique de plusieurs syndicats de la Sorbonne, hostiles à la venue des deux conférenciers. Joint par Marianne, le cabinet de la présidence nous a indiqué le 6 décembre « ne pas pouvoir être au courant de toutes les manifestations organisées dans des locaux rassemblant plusieurs universités ». Et donc se trouver dans l’incapacité de commenter les faits…Quant au directeur de l’ESPE, il n’a pas donné suite à nos sollicitations auprès de son secrétariat et n’a pu ainsi nous expliquer pourquoi un événement jugé intenable le mercredi soir sera à nouveau annoncé sur le site de l’ESPE le jeudi matin (7 décembre), la participation de Val et Bensoussan confirmée et même renforcée par un troisième intervenant, le philosophe Abdenour Bidar, autre cible fréquente des tenants de l’islam politique.
Les nouveaux totalitaires
Faut-il y voir l’intervention directe du cabinet de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale ? Fin novembre, ce dernier a annoncé porter plainte contre le syndicat Sud Education 93, qui a prévu d’organiser les 18 et 19 décembre à Saint-Denis des « ateliers de formation » destinés aux enseignants sous l’intitulé général « Au croisement des oppressions. Où en est-on de l’anti-racisme à l’école ». Deux d’entre eux** sont annoncés « non-mixtes », dans le droit fil des « camps d’été » interdits aux Blancs que patronnent les mouvements comme le Parti des Indigènes de la République (PIR) avec le soutien d’organisations de la gauche radicale ou de la députée FI Danièle Obono, à destination des « personnes souffrant du racisme d’Etat ».
Prévoyants, les responsables de Sud Education 93 fournissent sur le programme le modèle de la demande à faire parvenir aux divers interlocuteurs supposés valider « un congé pour formation syndicale », rappelant qu’il est un « droit » ne souffrant « ni convocation, ni information sur l’objet du stage » de la part de l’administration. Au titre des intervenants, outre Marwan Muhammad, également « un-e membre du cercle des enseignants-e-s laïques » mais aussi une « formatrice à l’ESPE de Bonneuil », présence institutionnelle qui fait dire à l’ancienne élue socialiste et co-fondatrice de « Vivre la République » Cecile Pina : « Les islamistes et leurs faux nez associatifs, les racistes qui refleurissent sous le nom de racialistes, tous ces nouveaux totalitaires ont leurs entrées dans les ministères, dans les universités, dans les lycées. »
Manifestement, l’offensive en cours s’y heurte malgré tout à un peu de résistance. Dans la note de l’ESPE Paris, rétablissant la Journée de la laïcité le 11 décembre, il est indiqué : « La laïcité devrait être l’objet d’un vaste accord et pourtant un constat s’impose : l’actualité témoigne parfois de manière très violente de contestation de ce principe inscrit dans la constitution de la République française ». Cela va mieux en le disant…

*Le parquet avait réclamé une amende de 1.500€ et a fait appel du jugement
**Intitulé des deux ateliers en question : «Pratiques de classes : outils pour déconstruire les préjugés de race, de genre et de classe» et «atelier récit d’expérience : quelle vie professionnelle pour les enseignant-e-s racisé-e-s ?»
Source :
https://www.marianne.net/societe/quand-le-ccif-et-consorts-font-reculer-la-sorbonne-au-sujet-de-conferences-sur-la-laicite

happywheels

1 Comment

  1. VRCNGTRX dit :

    « annulation annulée »
    dans l’os les mouches à merde !

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