Qui est le Français Peter Chérif, l’un des terroristes les plus recherchés au monde?

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Le département d’Etat américain a ajouté ce mardi trois Français, deux hommes et une femme, à sa liste des djihadistes les plus recherchés. Parmi eux: Peter Chérif, ami intime des frères Kouachi. L’Express retrace son parcours, des Buttes-Chaumont au Yémen, en passant par l’Irak.
Il est officiellement entré ce mardi dans le cercle très fermé des terroristes les plus recherchés au monde par le département d’Etat américain.

A 33 ans seulement, le français Peter Chérif passe déjà pour un vétéran du combat. Petit délinquant converti à un islam ultra radical, ce Parisien d’origine a, en l’espace d’une décennie, fait ses preuves en Irak et au Yémen. Le Yémen, pays d’où est parti l’ordre de « venger » Mahomet après la parution de caricatures du prophète dans Charlie Hebdo…
Peter Chérif fut justement l’ami intime des assassins qui, le 7 janvier dernier, menèrent l’attaque contre l’hebdomadaire satirique (douze morts, journalistes, agent de maintenance et policiers). A la fin des années 1990, il a en effet rencontré les frères Kouachi dans le quartier populaire de l’Est parisien où ils vivaient, coincés entre le parc des Buttes-Chaumont et le périphérique.
Comme eux, il connaît une adolescence chaotique. Mais lui bascule franchement dans la délinquance. Peter Burgess Chérif tombe plusieurs fois pour braquages et vols à main armée (adolescent, il passe même six mois à Fleury-Mérogis). Il fume pas mal de joints, jusqu’à s’en brûler les poumons et à s’en retourner le cerveau. Ses proches se souviennent qu’à vingt ans, il rêve de s’engager dans les paras puis les fusiliers marins. Avant de devoir renoncer, la faute à une cheville récalcitrante et un dos douloureux après une mauvaise réception en parachute. Il enchaîne les petits boulots, jusqu’à être un temps employé dans une société de certification pour la viande hallal.


La mère, qui vit alors rue de la Solidarité, dans le XIXe, et le beau-père (le père est mort dans un accident de voiture) sont dépassés par la violence des fils. Un demi-frère de Peter Chérif, Sony, est même condamné le meurtre d’une jeune prostituée bulgare sur un terrain vague, près de la porte de Pantin, le 22 novembre 1999.

Comme pour les Kouachi, l’année 2003 marque pour Peter Chérif une brusque dérive radicale et idéologique. A tel point que sa mère parle de « lavage de cerveau ». Quant à sa copine Barbara, délaissée par crainte de « mauvaises pensées », elle résumera ainsi la situation : « J’ai eu l’impression qu’il suivait aveuglément des personnes qui l’avaient lobotomisé ». Peter Chérif déjeune d’un verre de lait et d’une datte, interdit à sa mère, d’origine tunisienne, de regarder la télévision et l’oblige à faire la prière cinq fois par jour. Des vidéos de techniques de combat djihadistes seront retrouvées sur son ordinateur.
Comme son copain Chérif Kouachi, Peter Chérif verse dans un antisémitisme assumé. Il agresse à coups de pierres les clients d’un restaurant juif. Il est révolté par l’intervention américaine qui s’annonce en Irak. S’il ne verse pas de larmes sur le sort promis au dictateur Saddam Hussein, il se soucie en revanche du risque de bombardement sur les populations civiles. Il jure surtout de rejeter les « mécréants » de cette terre d’islam qu’il mythifie. C’est pourquoi il s’engage au sein d’une filière destinée à envoyer des combattants en Irak, en grande majorité des jeunes issus du même quartier que lui, les Buttes-Chaumont (au moins trois d’entre eux y perdront la vie).
Lorsqu’en janvier 2005, la DST interpelle la plupart des membres de cette petite cellule, Peter Chérif se trouve hors de portée de la justice française. Il est déjà en Irak où, des mois durant, il a combattu l’armée américaine du côté de Falloujah. Falloujah, une ville dévastée qui restera comme le symbole de la plus féroce des batailles urbainesentre GI d’un côté et djihadistes de l’autre. Dans cet enfer, Peter Chérif gagne le nom de guerre d' »Abou el Aouzar ».
Avant de combattre, le Français s’est d’abord rendu à Damas, via Amsterdam, le 17 mai 2004. Avec son visa d’étudiant, il s’installe dans une maison d’hôtes pour étrangers en compagnie de son frère en religion Mohamed el Ayouni: il est là officiellement pour apprendre l’arabe. Rue de la Solidarité, chez les Chérif, on n’en dort plus. On s’inquiète pour lui. Heureusement, le fils donne de temps en temps des nouvelles rassurantes via la webcam d’un cyber café. En réalité, il évolue déjà dans l’antichambre du djihad international.
Une fois la frontière franchie, à l’été 2004, Peter Chérif se retrouve sous les ordres du Jordanien Abou Moussab al-Zarkaoui, l’un des chefs les plus sanguinaires d’Al Qaeda. Ce dernier, vétéran de l’Afghanistan et proche d’Oussama Ben Laden, met en scène la barbarie comme personne avant lui: les décapitations d’otages américains, anglais et turcs sont mises en ligne sur Internet. Une scénographie macabre dont s’inspire aujourd’hui le groupe Daech, en Irak et en Syrie.
Peter Chérif, blessé à la jambe gauche et au visage par des éclats de mortier, est finalement capturé à Falloujah le 2 décembre 2004 lors de l’opération Phantom Fury puis incarcéré, dans le camp Bucca, l’immense centre pénitentiaire du sud irakien. C’est une étuve. Les détenus, regroupés sous des tentes, préparent le djihad qu’ils mèneront une fois au dehors. En août 2005, le jeune Français croupit dans la sinistre prison d’Abou Ghraib, près de Bagdad. « Là, il a reçu à deux reprises, en novembre 2005 et en juin 2006, la visite d’un représentant du consulat de France à Bagdad, relate aujourd’hui à L’Express son avocat Me Eric Plouvier. Il disait avoir été témoin et victime de sévices. il aurait par ailleurs été interrogé une quinzaine de fois. » Un an plus tard, Chérif passe en jugement devant un tribunal irakien qui le condamne à quinze ans d’emprisonnement pour franchissement illégal de frontière. Voilà son horizon bouché.
Mais un coup du sort lui permet de retrouver la liberté. Le 6 mars 2007, un commando d’une trentaine d’hommes attaque la prison de Badush (nord du pays, près de Mossoul), son nouveau lieu de détention. Avec lui s’évadent près de 150 prisonniers. Quarante sont repris mais pas lui. Peter Chérif parvient à rejoindre la Syrie toute proche. Libre à nouveau mais dans une nasse, avec les services syriens à ses trousses. Selon la DST, le jeune homme intègre un groupe terroriste, incitant les musulmans à rejoindre le djihad depuis le clavier de son ordinateur. Mais il juge alors plus prudent de signaler sa présence aux autorités françaises et de se rendre. Mieux vaut risquer une poignée d’années d’emprisonnement pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » que de laisser sa peau dans une geôle syrienne. En février 2008, la DST le récupère en douceur à l’arrivée de l’avion de Damas, direction les locaux de la rue Nélaton, près des quais de Seine, où il est placé en garde à vue.

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Un mois plus tard, commence le procès de sept autres membres de la filière des Buttes-Chaumont. L’ami de Peter Chérif, Chérif Kouachi en fait partie mais écope d’une peine relativement légère (trois ans dont dix-huit mois avec sursis), les magistrats le considérant comme un personnage secondaire.
Le cas de Peter Chérif a, lui, été disjoint, le temps pour le juge d’instruction de rassembler les éléments de preuves et à Me Eric Plouvier, son conseil, de préparer sa défense. Lors de sa comparution en janvier 2011, devant la 14e chambre correctionnelle, l’actualité s’est depuis longtemps détournée des djihadistes français en Irak. Leur chef, Zarkaoui n’a-t-il pas été tué par les Américains au cours d’un bombardement voilà cinq ans déjà?
Malgré le parcours singulier de Peter Chérif, son procès ne déplace pas les foules. L’audience s’ouvre même dans une relative indifférence en janvier 2011. « Arlésienne » de ce dossier selon l’expression de la présidente du tribunal, l’islamiste radical comparaît libre après dix-sept mois passés en détention provisoire dans une prison française. Julie Brafman, la journaliste qui couvre le procès pour L’Express, le décrit comme « la pièce manquante, le maillon qui permettra de boucler le dossier dit de la filière du XIXe arrondissement ».
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A la barre, comme bon nombre de djihadistes présumés, Peter Chérif se garde bien de justifier son engagement religieux radical. Il fait plutôt profil bas. Il biaise. « J’ai une pratique très proche des textes. D’ailleurs, je me suis mis au sport, à la lecture, ce qui ravissait ma mère », concède-t-il seulement. L’Irak? « J’ai eu envie de voyager comme chacun à des passions […] Je suis parti sur un coup de tête. Je suis parti car j’étais touché par la misère du peuple irakien. Je faisais partie de la révolte du peuple contre l’occupation. » « C’est une période que j’essaie d’oublier », résume-t-il comme on chasse un mauvais souvenir. Il concède seulement avoir eu une Kalachnikov entre les mains. A l’entendre, son rôle se limitait à alimenter le lance-roquettes d’un combattant.

Au dernier jour du procès, le prévenu juge plus prudent de ne pas se rendre à l’audience, sentant qu’une condamnation est inévitable. Le 10 mars 2011, il écope de cinq ans d’emprisonnement et d’un mandat d’arrêt. Il disparaît dans la nature.
Peter Chérif réussit à quitter la France. Les services de renseignement occidentaux le localisent un peu plus tard dans une école coranique salafiste (prônant une lecture littérale et rigoriste du Coran) au Yémen. Le 25 juillet 2011, un « touriste » français atterrit dans la fournaise du sultanat d’Oman, pays voisin du Yémen, au nord. Le voyageur tend aux policiers son passeport au nom de « Saïd Kouachi ». Selon toute vraisemblance, ce dernier se rend clandestinement dans le désert yéménite pour suivre un entraînement pendant deux semaines. Il prend ensuite un vol retour vers la France, décollant d’Oman le 15 août. Qui a-t-il rencontré au Yémen? Certainement l’idéologue d’Aqpa,Anouar Al-Aoulaki, l’homme qui recrute des volontaires étrangers pour les renvoyer dans leur pays d’origine. Et peut-être son « pote » des Buttes-Chaumont, l’insaisissable Peter Chérif… L’implication de ce dernier n’a pour l’heure pas été établie judiciairement. Pas plus que sa localisation exacte: il pourrait avoir rejoint les rangs d’Al Qaeda en Syrie.

source :
http://www.lexpress.fr/actualite/qui-est-le-francais-peter-cherif-l-un-des-terroristes-les-plus-recherches-au-monde_1720750.html

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happywheels

3 Commentaires

  1. est ce que tout ces gens ne sont pas des créations des services français ou étranger?
    1 qui finance?
    2 qui est le donneur d’ordre?
    3 qui les manipules?
    4 à qui profite le crime?
    5 à qui profite la peur installé dans notre esprit?
    je ne sait pas? je me pose des questions! je suis un humain pensant
    tout cela me semble louche,il me faut des preuves,mais des vrais preuves
    un groupe de crétin qui ne sait jamais vu dans l’histoire de l’humanité,c’est forcé qu’il y a des services?????? non!
    et je vous le dis en toute conscience,l’arabie seoudite est pire que l’iran

  2. Olivier dit :

    On en découvre de nouveaux tous les jours, il semble y avoir un terreau inépuisable dans ce pays.

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